Rencontre avec le duo de musique pop électronique Dampa à l'occasion de la sortie de son nouvel EP, Le Tunnel

Au bout d'un tunnel, il y a la lumière, toujours. Et cette lumière en ce sombre mois de décembre pourrait être incarnée par Dampa, un duo d'électro bien dans sa peau, bien dans sa pop. Interview...

Angeline et Victor, même les prénoms s'accordent parfaitement, Angeline et Victor, donc, forment Dampa, un duo d'électro-pop né à La Rochelle, aujourd'hui installé à Nantes. Une bonne nouvelle pour la scène musicale locale, une bonne nouvelle pour nos oreilles vagabondes !

Tous les projets ont une histoire, celle de Dampa oscille entre l'ombre et la lumière, le clair et l'obscur, des moments de grâce, des moments difficiles, des tunnels, avec au bout la lumière. Son nouvel EP en indique la direction, la sortie, et marque peut-être le début de quelque chose...

Le Tunnel est le nom de l'EP, c'est aussi le nom d'un clip ou plus exactement d'un court-métrage de 11 minutes, un road-trip à la mise en images soignée, embarqué par une musique hypnotique, de quoi nous laisser définitivement sous le charme.

Et nous donner envie de rencontrer Angeline et Victor. Rendez-vous leur est donné du côté de la brasserie La Cigale à Nantes, un petit café et c'est parti pour un long échange au cours duquel on parle de marchés aux crevettes en Thaïlande, de Pokemon, oui oui, mais aussi et surtout de musique... 

Bonjour Angeline et Victor. Dampa, c'est qui c'est quoi ?

Angeline. Dampa, c'est Victor et moi, Angeline, à la base un duo de recherche électronique, aujourd'hui un duo de musique pop électronique.

Victor. Un duo de synthpop...

Angeline. Avec Victor aux machines et moi à la voix. Dampa, au départ, ça a été deux ans d'enfermement en studio à faire du son pour le plaisir, sans se dire qu'on allait en faire quelque chose de concret. On a passé beaucoup de temps à se chercher, à chercher des sons qui pouvaient nous définir. Et avec cet EP, on a l'impression de s'approcher enfin de notre ADN.

Pourquoi Dampa ? D'où vient ce nom ? 

Angeline. Ça veut dire refuge en népalais. Mais il y a plusieurs significations.

Victor. C'est un marché aux crevettes en Thaïlandais.

Angeline. Et ça voudrait signifier éteindre le son en suédois.

Et humide en tagalog, une langue malayo-polynésienne...

Angeline. ah oui, je ne connaissais pas, c'est pas mal !

Vous avez grandi à La Rochelle. Vous débarquez à Nantes. Pour quelles raisons ?

Victor. Angeline a passé quelques temps à Nantes pour les études et elle y a créé un réseau professionnel. De mon côté j'étais sur Bordeaux. On a décidé de revenir ici pour le réseau, pour la culture nantaise, pour plein de choses qu'on n'a pas à La Rochelle.

En 2018, votre premier morceau Thunderball est choisi par la maison Yves Saint Laurent pour illustrer la publicité d'un de ses parfums. De quoi booster une carrière ?

Victor. Oui, surtout pour un premier titre, une belle aventure qui a permis à notre projet d'intéresser les pros. 

Vous venez de sortir un deuxième EP baptisé Le Tunnel. Qu'est-ce que vous y avez mis ? Votre enfance ? Votre vie ? Vos amours ? De la mélancolie ?

Angeline. De la mélancolie ? oui un peu. Le Tunnel est né de ces huit mois de recherches contraintes. On a commencé à écrire l'EP en 2020. On s'est retrouvé comme tout le monde dans un tunnel. À l'arrivée, l'EP est beaucoup plus personnel, le fait de passer au français m'a permis de m'exprimer beaucoup plus directement. Même du côté de la musique, on a vraiment cherché pour trouver notre son à nous. On n'avait surtout pas envie d'emprunter à gauche et à droite, de s'enfermer dans une catégorie, un style, ce qu'on a peut-être pu faire avec certains sons auparavant, notamment avec le rap. On a vraiment cherché à faire quelque chose de personnel. C'est vrai que la mélancolie en fait beaucoup partie parce qu'elle fait partie de moi

J'aime bien voir cet EP comme une évolution, comme une mutation, comme la mutation des Pokemon un peu

Un album plus électro-pop qu'électro-rap comme le précédent. Electro par la musique, pop par le chant... Pourquoi et comment ce changement ?

Angeline. J'aime bien voir cet EP comme une évolution, comme une mutation, comme la mutation des Pokemon un peu (rires). Oui je sais ce n'est pas sexy mais c'est l'image que j'en ai, mon côté génération 90's.

On ne s'est jamais mis de contraintes. Là, on a été cherché un peu plus au fond de nous-même. Je n'ai jamais écrit des paroles qui étaient aussi cathartiques. De son côté, Victor n'a jamais composé avec aussi peu de machines, pour se contraindre et se retrouver face à lui-même. Niveau instrus, on est plus sur une évolution que sur une rupture radicale.

Victor. Oui, c'est une sorte de virage assumé. On n'a pas l'impression d'avoir fait une sortie de route en tout cas.

Au chant, le changement est quand même assez radical...

Angeline. Oui, au niveau du chant, certes.

On a l'impression que c'est un nouveau départ pour vous ? Une nouvelle histoire ?

Angeline. Oui, c'est le passage entre la pré-adolescence et l'âge adulte, je le vois comme ça. Avec le tire repris par Yves Saint Laurent, il y a quelque chose qui est allé très rapidement, qui nous a mis dans une certaine frénésie. On a du vite sortir un EP. En 2019, on a fait 50 dates qui nous ont permis enfin de nous trouver, de savoir ce qu'on voulait faire. C'est pour ça que je parle de maturité.

À propos du Tunnel, vous parlez sur votre compte Facebook d'un premier titre en français né d’une période sombre. En référence au Covid ?

Victor. Au covid mais pas seulement. À plein de périodes sombres de la vie en fait.

Toujours sur votre compte Facebook, vous évoquez "un projet un peu fou", trop gros pour vous mais qui allait sauver vos santés mentales. À ce point-là ?

Angeline. Le Tunnel est aujourd'hui presque un mot d'argot. Pour les gens qui ont 20 ans, un tunnel c'est quelqu'un qui va vous parler pendant 30 minutes, un tunnel ça va être une addiction...

Victor. Oui, quelque chose sans porte de sortie visible.

Angeline. Avant le covid, Victor et moi étions dans une phase où nous avions des œillères, nous sommes tombés dans certains vices, des addictions, qui nous ont enfermé. Et d'écrire sur ces problèmes pour Le Tunnel a été salvateur, ça nous a permis de les visualiser et d'en sortir un peu. Et le tournage du clip nous a extirpé de ce tunnel, il nous a pris du temps, du temps qu'on n'a pas passé dans une certaine obscurité. Et ça nous a finalement sauvé.

Victor. Oui, c'était salvateur. Ça nous a aidé a avoir un peu de lumière, pas forcément au bout, mais sur les côtés, de ne pas attendre la fin, de s'échapper un peu avant.

Vous évoquez La Ritournelle de Sébastien Tellier. Une référence pour vous ?

Angeline. Oui, Tellier c'est quelqu'un qui nous a inspiré. C'est un monument musical dans notre vie. J'ai découvert ce morceau à 16/17 ans et, oui, ça fait partie de mon quotidien, ma madeleine de Proust.

Victor. Complètement, ça nous a bercé.

SI je vous dis Kid Francescoli ou Das Kino...

Angeline. Kid Francescoli je vois. Das kino est un duo nantais non ? OK je prends...

Victor. Je ne connais pas mais je fais confiance à Angeline.

Vous avez toujours eu des clips très travaillés, là c'est carrément un film, un court métrage. Pourquoi ? Comment ? 

Angeline. À la base, on cherchait juste à clipper un titre, on est finalement parti sur une aventure collective avec deux réalisateurs qui sont Kevin Charvot et Victor Drapeau. Ils nous ont embarqué sur 6 mois d'écriture, une semaine de tournage...

Victor. Ça s'est construit au fur et à mesure, même au niveau de la narration. 

Angeline. Avec les réalisateurs, on s'est confié un peu comme on pourrait le faire au cours d'une séance de psychothérapie, on a expliqué ce qu'on voulait dire dans nos titres. En quatre heures de temps, on est arrivé à cette histoire de tunnel, à cette histoire de vice, une histoire un peu autobiographique. Ils ont cherché dans nos tripes, dans notre vécu pour faire ce road-movie qui est en même temps très imagé, en même temps très concret.

Victor. On a tout tourné sur 5 kilomètres carré, dans les endroits de notre enfance, l'Ile de Ré, La Rochelle...

Angeline. Quand j'écris mes textes, j'ai immédiatement le clip en tête. J'ai l'impression que notre vision de la musique est très audiovisuelle. Musique, image, pour nous c'est un tout, et faire ce film était la suite logique de l'EP. 

Au commencement, tout est toujours beau... C'est ce que vous dites au début du film. C'est le cas de votre aventure musicale. Tout est toujours beau ?

Angeline. je dirais que c'était beau quand on a été primé trois fois de suite en trois mois il y a deux ans, avec Le Printemps de Bourges, Le Prix Société Pernod Ricard France Live Music et Chorus. Ça a été des feux verts pour nous. Là maintenant, le moteur est lancé...

Justement, vos prochains concerts, vos projets ?

Victor. On a quelques dates en discussion... un making-of du court-métrage en projet et des nouveaux titres qu'on dévoilera début 2022.

Angeline. Et si on revient sur Nantes, c'est aussi parce qu'on a ouvert un local avec l'équipe du film. L'expérience collective nous a tellement plu qu'on a créé un lieu réunissant un studio son et des bureaux pour qu'on puisse continuer à travailler ensemble. Le but est de s'entourer de personnes créatives, de créer un vivier et à terme d'y organiser des événements, avec une galerie d'art numérique notamment. 

Victor. C'est ce qui nous manquait à La Rochelle, c'est une chouette ville mais il a été compliqué d'échanger avec d'autres sur un plan créatif. Toute notre équipe était sur Nantes, il y avait donc une logique à venir sur Nantes.

Merci Angeline et Victor, merci Dampa. 

Propos recueillis le 30 novembre. Plus d'infos sur Dampa ici

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