Et pourquoi ne pas profiter des espaces verts de la ville pour y planter des légumes ? L’expérimentation est lancée à Nantes. Des potagers solidaires pour les plus précaires.
Cours Cambronne, à quelques encablures de la place Graslin, les buttes paillées ont déjà pris leurs aises. Les plants de tomates s’apprêtent à grimper le long de tuteurs savamment placés en triangle. Déjà quelques tomates vertes profitent des rayons du soleil pour se rembrunir. Le jardin est bien connu des habitués pour sa quiétude et son ensoleillement. Nul doute, les légumes aussi vont en profiter.
Un peu plus à l’est, les douves du célèbre château des Ducs abritent désormais plusieurs buttes paillées, pour le plus grand bonheur des canards qui y trouvent une nourriture inattendue. Il m’a semblé reconnaitre des feuilles de courges !!
C’est exact me confirme Franck Coutant, pilote du projet "Paysages nourriciers" et membre du bureau d’études du SEVE, le service des espaces verts et environnements de la ville de Nantes.
"La précarité alimentaire s’est accrue durant la crise sanitaire. De plus pendant le confinement, nous n’avons pas pu produire toutes les fleurs qu’on installe habituellement dans les massifs. L’idée a donc germé de semer des plantes potagères dans une cinquantaine d’espaces, disséminés dans toute la ville", explique-t-il. "Le projet est né très vite, tout le monde s’est mobilisé".
Avec l’aide de jeunes agriculteurs et l’association EmpowerNantes, des pommes de terre, des courges et des haricots secs ont aussi été plantés sur deux hectares des pépinières municipales.
Les jardiniers municipaux prévoient de récolter pas moins de 25 tonnes de légumes, intégralement dédiées à l’approvisionnement des familles nantaises les plus fragilisées par la crise économique et sociale, conséquence de l’épidémie de coronavirus. Environ 1000 foyers identifiés par le CCAS devraient en bénéficier.
Durant le confinement, les associations ont distribué des paniers alimentaires aux plus vulnérables. Mais très vite la demande en produits frais a explosé car les familles se sont remises à cuisiner. "Ce peut être un vrai complément alimentaire pour les familles, ce n’est pas anecdotique", souligne Franck Coutant.
Cultivés sans intrants chimiques, selon les principes de l’agriculture biologique, tomates et courgettes seront récoltées deux fois par semaine, dès la mi-juillet avec l’aide des associations de quartier et des bénévoles. Puis ce sera le tour des patates douces, des blettes et autres légumes plus ou moins connus.
Les associations réfléchissent déjà à organiser des ateliers cuisine pour que chacun puisse bénéficier d’une alimentation saine et diversifiée. "La tendance est là, on a réveillé plein d’envies", conclue Franck Coutant.