La confirmation lundi par la justice administrative de la légalité du projet controversé d'aéroport de Notre Dame-des-Landes ouvre la voie à un démarrage des travaux et à une évacuation de la Zad, mais il reste à en préciser le calendrier et que le feu vert soit donné au plus haut sommet de l'État.

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Une intervention imminente ?

Aussitôt la décision de la cour administrative d'appel connue, les élus et les collectivités finançant le projet ont réclamé l'évacuation "immédiate" de la Zad et "le lancement sans délai" des travaux de l'aéroport, comme Manuel Valls et François Hollande s'y étaient engagés après la victoire du "oui" lors de la consultation organisée en Loire-Atlantique fin juin.

Aucune indication n'a été fournie sur le quand et le comment, mais des contraintes de calendrier pèsent sur le chantier. Bien avant de s'attaquer aux gros travaux de terrassement des pistes, prévus à partir de 2018, les premiers coups de pioche concerneront la réalisation d'une desserte routière pour permettre aux engins de
chantier de transiter, au sud de la zone.

Débroussaillages, transferts d'espèces protégées, doivent être réalisés avant le 10 mars. Date à partir de laquelle on entre dans la période de nidification des oiseaux et de reproduction de certaines espèces protégées, qui court jusqu'à l'été.

Annoncée "à l'automne" à plusieurs reprises par le Premier ministre, cette opération, conjointement ou non à une tentative d'expulsion des quelque 300 occupants de la Zad, nécessitera la mobilisation de centaines, voire de milliers de gendarmes mobiles et policiers, pour sécuriser en plusieurs endroits les interventions des entreprises de construction. 


À quelle résitance s'attendre sur le terrain ?

Les opposants ont réaffirmé lundi soir leur "détermination" à "défendre la Zad", au moindre signe d'une évacuation par les forces de l'ordre ou d'un démarrage des travaux. Comme lors des dernières grosses tentatives d'expulsion, à l'automne 2012, ils devraient pouvoir compter sur l'afflux de milliers de leurs soutiens pour "s'opposer physiquement" aux pelleteuses dès le signal donné, explique un des occupants de
la "zone à défendre".

Le mouvement anti-aéroport prévoit des actions simultanées, à Notre-Dame-des-Landes et dans sa région, mais aussi "partout en France" à l'initiative des quelque 200 comités locaux opposés à l'aéroport, avec déjà des appels à "bloquer, occuper ou manifester devant les lieux de pouvoir".

Sur la Zad, la "résistance" s'organise depuis des mois, voire des années, avec la construction de vigies, la dépose de pièges ou encore l'organisation de formations à l'auto-défense.

La présence de centaines de veaux, vaches et autres animaux de ferme, et le fait que deux maisons ayant obtenu un délai judiciaire ne soient pas expulsables avant mars ou mai 2017, pourraient compliquer un peu plus la tâche des autorités.


La Commission européenne peut-elle bloquer le chantier ?

Mise en demeure par la Commission européenne depuis avril 2014 pour ne pas avoir réalisé d'évaluation des impacts cumulés des infrastructures du projet d'aéroport, la France doit toujours régulariser son infraction. Elle s'est engagée à le faire à travers la révision d'un document d'urbanisme qui doit être approuvé d'ici la
fin de l'année.

La Commission européenne "va examiner la décision rendue par la Cour d'appel, sa motivation, ainsi que les conséquences pour les autorités administratives et les positions que ceux-ci prendront suite à cette décision. C'est sur cette base que la Commission va décider des mesures à suivre", a indiqué mardi un porte-parole, Enrico Brivio.
S'il "n'appartient pas à la Commission de trancher quant à l'opportunité politique ou économique d'un projet d'infrastructure", il est cependant "nécessaire de veiller à ce que ces projets soient compatibles avec le droit de l'environnement", poursuit-il.
En attendant cette régularisation, seuls les travaux qui auraient des conséquences irréversibles ne sont pas réalisables, mettent en avant les porteurs du projet.

Pour les opposants au contraire, le contentieux européen bloque tous types de travaux, le débroussaillage nécessitant par ailleurs "des autorisations qui n'ont pas encore été prises", soutient Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, l'une des associations d'opposants.

avec AFP
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