Ce dimanche 16 janvier, l'assemblée nationale a finalement adopté le projet de loi transformant le pass sanitaire en un pass vaccinal. Sur trente députés élus en Pays de la Loire, ils n'étaient que huit à s'être déplacés pour participer à ce vote.
Ils ont voté pour l'adoption du pass vaccinal, toutes tendances confondues. Sur les huit députés ligériens présents à l'assemblée nationale ce dimanche 16 janvier, tous se sont prononcés pour l'adoption du projet de loi qui avait provoqué deux semaines de débats particulièrement houleux dans l'hémicycle.
Sans surprise, les députés La République en Marche ont voté pour, à l'image de Valérie Oppelt, élue dans la deuxième circonscription de la Loire-Atlantique : "Depuis le début, je soutiens la gestion de la crise sanitaire pilotée par le gouvernement. Dans l'idée de motiver les dernières personnes opposées au vaccin, ou qui ont encore peur de ce dernier, cela me tenait à coeur d'être présente et suivre les débats."
Beaucoup de députés absents
Dans la région, ils étaient cependant une petite minorité à s'être déplacés pour voter ce dimanche. Interrogé sur son absence lors du vote final, François De Rugy, élu LREM dans la première circonscription de la Loire-Atlantique s'explique : "J'étais présent de la première à la dernière minute pour la deuxième lecture, vendredi après-midi, soir et nuit jusqu'à 4 heures du matin. Au sein du groupe La République en Marche, nous avons une organisation et un roulement. J'avais prévenu que je ne pourrais pas être présent ce dimanche (...) devant garder mon fils à Nantes."
Sorti des rangs de la majorité, l'adoption du pass vaccinal a divisé la plupart des formations politiques, à l'exception de La France Insoumise, non représentée dans les Pays de la Loire, dont tous les députés présents ont voté contre.
Des groupes politiques divisés
Dans le groupe socialiste, 11 députés ont voté non au pass vaccinal, et trois se sont prononcés pour son adoption. Parmi eux, Guillaume Garot, élu dans la première circonscription de la Mayenne.
"J'ai considéré que l'intérêt général, c'était la vaccination du plus grand nombre, et le pass vaccinal, c'est pour moi le chemin vers la vaccination généralisée. Cela ne m'a pas empêché de soutenir des amendements comme le refus du pass vaccinal pour les enfants de moins de 16 ans, qui ne doivent pas être privés de leurs activités." Le député socialiste précise cependant que si le pass et la vaccination doivent permettre de soulager l'hôpital, cela ne doit pas occulter l'enjeu du recrutement de personnels soignants, et de leur rémunération.
Un vote "sans suspense"
Résolument pro-vaccin, mais tout aussi résolument opposé à l'instauration d'un pass vaccinal, Matthieu Orphelin, député sans étiquette de la première circonscription du Maine-et-Loire, explique son absence de dimanche par un vote "sans suspense."
"J'étais présent pour tous les débats, les trois jours et trois nuits qu'a duré la première lecture. La semaine dernière, j'ai répondu à 1 200 mails sur cette question du pass. Mais ce dimanche, j'avais des rendez-vous dans ma circonscription et mon vote n'aurait pas permis de changer les choses", estime-t-il, en regrettant cependant que la crise sanitaire n'ait pas permis de faire évoluer la question du vote à distance des députés.
Pour ce qui est du pass, Matthieu Orphelin estime que le gouvernement fait erreur en basant toute sa stratégie sur la vaccination. Pour sortir de la crise, il faudrait selon lui, une levée des brevets pharmaceutiques, ainsi qu'une politique massive pour installer des capteurs de CO2 dans les établissements scolaires et dans les entreprises. Ces dernières semaines, le député a d'ailleurs travaillé avec les maires du Maine-et-Loire pour équiper 90% des écoles de sa circonscription, à l'aide d'un fonds mis en place par l'Etat, mais dont la communication était restée confidentielle.
Ce sont aussi des engagements prévus sur son territoire qui ont empêché Anne-Laure Blin, députée Les Républicains, d'être présente lors du vote de dimanche. Cette dernière avait déjà voté deux fois contre le pass vaccinal. Elue dans la troisième circonscription du Maine-et-Loire, elle considère que cet outil n'est pas adapté pour lutter contre la crise sanitaire, à l'heure où près de 90% de la population est déjà vaccinée. Plutôt qu'un pass qui selon elle, bafoue les libertés, elle souhaiterait voir développer les traitements et les outils permettant de travailler sur la pédagogie et le suivi des plus fragiles.
Débats violents et menaces de mort
Si l'organisation des groupes parlementaires et le manque de suspense permettent en grande partie d'expliquer l'absence de nombreux députés lors de ce vote, un dimanche soir, peut-être y a-t-il eu aussi des abstentions liées à la violence des débats de ces dernières semaines.
"Contrairement à certains de mes collègues, je n'ai pas reçu de menaces de mort, mais ma permanence a été tagguée la semaine dernière", explique Valérie Oppelt (LREM), qui précise recevoir quotidiennement plusieurs centaines de mails plus ou moins menaçants. "On nous dit par exemple que l'histoire s'en souviendra. Entre ça et les députés de la France Insoumise qui hurlaient dans l'hémicycle, il faut être solide psychologiquement pour assumer notre mission d'élus."