Ce dimanche 16 janvier à 11h25, le magazine Dimanche en Politique s’intéresse en Pays de la Loire à la violence dont les élus sont parfois victimes, notamment depuis le début de la crise sanitaire.

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Ils sont en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. Les élus sont aussi parfois devenus des cibles. Menaces, insultes, agressions physiques, les faits de violence ont bondi de 47% l'année dernière, et la campagne électorale s'ouvre dans un climat particulièrement délétère. Comment en est-on arrivé là ? Comment endiguer le phénomène ? C'est le thème cette semaine de Dimanche en politique.

Pour en parler, Maxime Jaglin reçoit cette semaine : Norbert Samama, Maire du Pouliguen en Loire-Atlantique et référent départemental de l'Observatoire national des violences envers les élus, Laetitia Saint-Paul, députée du Maine-et-Loire et Vice-Présidente de l'Assemblée nationale et enfin, Isabelle Sommier, professeure de sociologie politique à l'université Paris 1, auteure de l'étude "Violence politique en France de 1986 à nos jours" (Presses de sciences Po)    

Notre reportage, pour mieux comprendre la flambée des actes malveillants envers les représentants politique

L'image a fait le tour des réseaux sociaux et des chaines de télévision cette semaine : l'agression du député de Saint-Pierre-et-Miquelon Stéphane Claireaux par des manifestants anti-pass sanitaire devant son domicile. Un acte "parfaitement inadmissible" pour Laetitia Saint-Paul, qui a personnellement été menacée par mail au début de l'année. "Avant d'être élue députée, j'étais militaire et je savais que le risque était inhérent à mes fonctions (…) mais je ne m'attendais pas à un tel niveau de violence"

Concrètement j'ai été menacée d'être décapitée et que ma tête allait rouler aux pieds d'Emmanuel Macron 

Laetitia Saint-Paul, députée LREM du Maine-et-Loire et vice-présidente de l’Assemblée nationale

Dimanche en Politique du 16 janvier

La députée a fait installer chez elle une caméra de surveillance, les gendarmes patrouillent également désormais autour de son domicile. "Etant souvent absente, et mère de jeunes enfants, je refuse d'apprendre une mauvaise nouvelle en rentrant de Paris. Il ne faut pas que l'on reste des victimes passives".

En 2021, entre janvier et novembre selon le Ministère de l'intérieur, 1186 élus ont été pris pour cible physiquement, des actes qui ont presque doublé en un an. Pour plus de la moitié d'entre eux, ce sont les maires qui sont visés.

Pour Norbert Samama, le maire du Pouliguen, les édiles sont bien en première ligne, et notamment depuis la crise sanitaire. "Il y a déjà eu 64 agressions depuis début janvier, notre mission est de plus en plus difficile. Quand vous avez quelqu'un à 1 cm de votre visage qui vous dit qu'il va vous briser les jambes et vous mettre la tête en morceau (Le maire lui a demandé de remettre son masque, ndlr), vous n'avez pas le droit de réagir, vous êtes un élu, il faut conserver ses nerfs". Et le maire du Pouliguen sait de quoi il parle, il a été victime d'une autre agression violente.

J'ai été mordu par quelqu'un qui m'a déchiqueté mon pull et ma chemise. D'habitude ce sont les chiens qui mordent, forcément j'ai été extrêmement surpris.

Norbert Samama, maire du Pouliguen et référent départemental de l’Observatoire national des violences envers les élus

Dimanche en Politique du 16 janvier 2022

Mais la prise en compte du phénomène semble s'améliorer selon Laetitia Saint-Paul. Une circulaire du 7 septembre 2020 a renforcé les passages en comparution immédiate, et proscrit les simples rappels à la loi pour des faits de menace ou violence contre des élus. Des peines de prison ferme ont même été prononcées ces derniers jours. "Déjà, être considéré comme victime, sortir de l'ombre, témoigner publiquement, ça permet d'être largement pris en compte par le ministère de l'intérieur. On va désormais débusquer ces criminels jusque sur le darknet, et il y a des réponses pénales plus fermes".

Constat partagé par Norbert Samama, pour qui "ces actes sont désormais pris très au sérieux, mais on ne peut pas s'arrêter à la réponse pénale, il faut aussi continuer à former les élus".

Pour cela, des ateliers sont organisés depuis quelques mois avec des gendarmes du GIGN pour apprendre la négociation de crise. Une initiative saluée par de nombreux maires de la région. Mais cette violence est elle vraiment nouvelle ?  

Il y a eu une aggravation à partir de 2016, d'abord dans les mouvements sociaux avec des atteintes aux biens, des dégradations dans les manifestations, et ça a pris une autre ampleur avec les gilets jaunes. En ce moment on observe d’ailleurs un rapprochement entre des gilets jaunes et le mouvement antivax.

Isabelle Sommier, professeure de sociologie politique à l’Université Paris 1, auteure de l’étude “Violence politique en France de 1986 à nos jours”.

Dimanche en Politique du 16 janvier 2022

Phénomène aggravé par les réseaux sociaux "qui ont libéré la parole" selon Norbert Samama. "Il y a une revendication de prendre part au pouvoir, à la souveraineté populaire et aux mandats impératifs. Alors on essaie à notre échelle d'évoluer vers plus de démocratie directe".

Les responsables politiques ont ils aussi une part de responsabilité ? Certains accusent le Président de la République par exemple d'avoir jeté de l'huile sur le feu avec sa petite phrase "emmerder les non vaccinés". Réponse de la députée LREM du Maine et Loire : "J'ai horreur des petites phrases...et on pourrait s'en passer !".   

Pour Isabelle Sommier "On peut craindre un climat dégradé pour cette campagne, avec ces petites phrases, et une radicalisation dans les actions. Dans les manifestations antivax, l'extrême droite est assez active et on voit de plus en plus d'affrontements, notamment depuis l'entrée en campagne d'Eric Zemmour. Ce qu'on appelle "l'archipellisation" de la société française amplifie ces mouvements de colère".

Voir ou revoir l'émission dans son intégralité

Norbert Samama, lui préfère rester positif, et appelle à ce que la question de la défiance d'une partie de la population vis à vis de ses représentants soit mis en débat pendant la campagne présidentielle, campagne qui s'ouvre donc dans un climat d'extrême tension.

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