Témoignages. "Ça ne donne pas envie de continuer" : pour dénoncer des nouvelles contraintes budgétaires, ces maires du Gard ferment leur mairie

Publié le Écrit par Léo-Pol Platet

Alors que le congrès des maires débute, ce mardi 19 novembre à Paris, une cinquantaine de maires du Gard ont choisi de fermer leur mairie. Une manière symbolique de signifier leur colère, notamment quant à la loi finances du budget 2025.

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À Genolhac comme à Cendras, les portes de la mairie sont closes, depuis ce mardi 19 novembre au matin. Sur les répondeurs téléphoniques, un message informe les interlocuteurs qu'elles le resteront jusqu'au jeudi 21 novembre inclus. Au moment même où se tient le congrès des maires, à Paris, une cinquantaine de communes gardoises ont fait le même choix. Suivant une idée née dans les Hautes-Cévennes.

Une baisse des dotations 

"On se réunit régulièrement entre maires des Hautes-Cévennes, révèle Guy Cheron, le maire de Génolhac, et quand on a appris le contenu de la loi finances pour l'année 2025, l'idée nous est venue de faire un mouvement. On voulait réagir à la situation".

Cette situation, c'est donc le projet de loi finances pour l'année 2025. Dans un contexte national où le Gouvernement est à la recherche d'économies, ces maires craignent de voir leurs dotations baisser. "Il y a déjà eu une baisse de dotations il y a quelques années, poursuit Guy Cheron, le fonds de compensation de la TVA (FCTVA) sera réduit de 800 millions d’euros. À partir du 1er janvier, son taux passera de 16,4 % à 14,85 % et ça va être répercuté sur nos finances".

Derrière ces chiffres, la réalité le rattrape. Dans cette commune de 900 habitants, la commune travaille à la réfection de huit ponts, endommagés par les intempéries. Une enveloppe globale de 800 000 euros est avancée, mais au-delà des financements de collectivités, la part communale devrait être amenée à changer avec la baisse de dotations de la TVA. 

"On va punir les bons élèves"

Quelques kilomètres au sud, c'est un projet de restructuration du centre bourg qui occupe le quotidien de Sylvain André, le maire communiste. Le"projet d'un mandat" dont le financement pourrait également être recalculé. "Les premières annonces sont très négatives : on va punir les bons élèves, regrette-t-il. On emprunte que sur de l'investissement, on ne dépense pas l'argent que l'on n'a pas".

Également président de l'association des maires ruraux du Gard, l'élu dénonce un "mensonge de l'État" en direction des collectivités territoriales : "ils disent que nous sommes responsables de la dette. C'est faux ! On présente des budgets à l'équilibre, une mairie se gère comme un ménage. Quand on emprunte à la banque elle vérifie si notre situation financière est saine".

"Il va falloir faire des choix. Des départs à la retraite ne seront peut-être pas remplacés. On va être obligés de donner des coups de ciseaux, de baisser les subventions des associations... On est conscients qu'il y a des efforts à faire mais là c'est trop."

Chez l'un comme chez l'autre, la décision symbolique de fermer provisoirement l'hôtel de ville est comprise et soutenue par la population, assurent-ils. "Les habitants comprennent notre situation et voient que l'on se bat pour eux. Mais évidemment s'il y a une urgence pendant ces trois jours, on va les aider", assure Sylvain André. Son homologue cévenol complète : "on n'est pas dans la polémique, on est apolitiques, et quand on est élu dans les petites communes c'est à plein temps".

De nouvelles contraintes décourageantes

Surtout, les élus craignent que ces nouvelles problématiques ne viennent alimenter la crise des vocations. Dans une enquête réalisée par l’Association des maires de France auprès de 5 000 d’entre eux, 81% estiment que leur santé physique ou mentale est affectée par leur mandat. 

"Quand on a vu ces contraintes, on a tous décidé d'arrêter là, révèle Guy Cheron, on a peut-être réagi sous le coup de la colère, mais ça ne donne pas envie de continuer. C'est décourageant".

"On est au quotidien au contact des populations, en première ligne de la République, et à un an et demi des élections municipales, on se sent attaqués par cette complexité administrative", affirme Sylvain André, maire depuis 2017. Néanmoins passionné par son rôle, il conclut en affirmant se nourrir également de "pleins de victoires du quotidien", des gestes et conseils qui peuvent sembler anecdotiques mais qui le confortent dans son mandat.

Dès vendredi matin, et comme son homologue Guy Cheron, il rouvrira les portes de la mairie. En espérant que cette action symbolique pourra permettre de se faire entendre. 

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