En 2019, les femmes sont encore confrontées à des inégalités. A l’occasion du Printemps des Fameuses, quels sont les enjeux et les initiatives pour tenter d'inverser le cours des choses ?
Du 8 au 22 mars 2019, l'événement Le Printemps des Fameuses se tient à Nantes. Depuis 6 ans, il valorise toutes les bonnes idées, les initiatives accélératrices de changements, qui font progresser l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, grâce notamment à son réseau de femmes "Les Fameuses". Cette année, France 3 Pays de la Loire accompagne de nouveau cette manifestation qui porte sur le thème "Génération(s)". Le public peut participer aux différentes rencontres proposées dans le cadre du OFF ou bien assister au IN avec ces deux temps forts : la Soirée Kif-Kif - remise de prix de l'égalité, le 21 mars et la journée de conférences le 22 mars.
Depuis plusieurs décennies, des progrès ont été réalisés pour repenser les relations hommes-femmes au travail et dans la vie de tous les jours pour aller vers plus d'égalité, de justice. Le chemin est encore long... En 2019, le féminisme n'est toujours pas qu'une affaire de femmes, c'est un enjeu de société.
L'égalité : le défi de l'éducation
► Le constat : Les inégalités débutent dès le plus jeune âge, à l'école, dans les études, dans leur entrée dans le monde du travail. Par exemple, les femmes ne se sentent pas les bienvenues dans les études scientifiques ou dans les métiers du numérique.► La question : Pour arriver à une vraie égalité, le défi n'est-il pas dans l'éducation, la diffusion d'une culture de l'égalité entre les filles et les garcons dès le plus jeune âge ?
Pour y répondre, Mélissa Cottin, membre du réseau des Fameuses et spécialiste du marketing digital et qui se définit comme "facilitatrice des connexions humaines", évoque plusieurs pistes de travail : "L'éducation a un rôle important à jouer sur l'égalité filles/garçons. C'est la base, et cela ne devrait même plus être un sujet. Mais je pense qu'il est aussi très important de pouvoir insuffler l'envie ou la capacité d'oser dès le plus jeune âge. Par notre éducation, nous nous mettons des barrières inconsciemment quoi nous poursuivent tout au long de notre vie, surtout pour les jeunes filles, les femmes. L'égalité peut se "traiter" individuellement et à n'importe quel moment. Il faut pouvoir oser s'engager, libérer sa parole, s'imposer... "
Les Fameuses ont-elle réussi le pari de la transmission, de l'accompagnement du réseau et aider des jeunes filles à prendre cet "ascenceur égalitaire" ?Il est aussi très important de pouvoir insuffler l'envie ou la capacité d'oser dès le plus jeune âge.
"Ce réseau apporte beaucoup par la diversité des profils et des parcours. Les Fameuses donnent les moyens à toutes les femmes pour faire bouger les lignes pour soi et/ou les autres. Ce réseau compte beaucoup de femmes inspirantes sur lesquelles nous pouvons compter ou les inviter pour partager leurs parcours aux jeunes filles. C'est vraiment génial et facile."
Comment faire avancer les choses ? "De la coopération, de l'envie, du bénévolat et beaucoup de bienveillance !"
Pour la deuxième année consécutive, Mélissa organise d'ailleurs deux jours de formations avec le Digital Job Xperience. L'an dernier, avec cette action, deux jeunes femmes ont trouvé leur voie avec un stage ou un emploi.
Digital Job Xpérience ♀️ | Hey #Twitter. Pour offrir une formation (2j) 100% gratuite à 32 personnes, je recherche activement des #mécènes. Le budget ? 2500€ (à répartir entre plusieurs partenaires).
— Mélissa Cottin ☀️ (@liassem_mc) 27 février 2019
Un p'tit coup de main ? MERCI ?
+ d'infos ici ➡️ https://t.co/v7zK5J9iis pic.twitter.com/qzkNBvhdRB
On a sélectionné pour vous :
- L'exposition "Fais pas genre" de l'association Résonantes de Diata NDiaye, Fameuse, qui se rend dans les établissements scolaires pour aborder le sujet des violences sexuelles et sexistes. Cette exposition est associée à la projection du film "Yolove" le 19 mars 2019 à 19h30 au 10 rue Meuris à Nantes.
- L'association Elles Bougent, portées ici notamment par Emmanuelle Tremaudan, Fameuse, crée du lien toutes l'année entre les jeunes filles et les entreprises industrielles pour ouvrir les perspectives de ces lycéennes et étudiantes en leur présentant des métiers perçus majoritairement comme masculin. Rendez-vous le 12 mars 2019 à 12h au lycée Saint Joseph du Loquidy à Nantes.
- Enfin, le CIDFF (Centre National d'Informations sur le Droit des Femmes et des Familles) pose cette année la question de la littérature jeunesse et des éventuels clichés qu'elle diffuse dès le plus jeune âge. Une conférence est proposée dans le cadre de l'événement le 15 mars à 14h au CIDFF Nantes.
Vers un équilibre des temps de vie ?
► Le constat : au cours de leur carrière, toutes les femmes ont connu des difficultés pour trouver un équilibre entre carrière professionnelle et vie personnelle.D'ailleurs, on peut constater que :
- Seulement 17 % des postes de direction sont occupés par des femmes
- 40% des mères changent de situation professionnelle à la naissance d'un enfant contre seulement 6% des pères
► La question : comment les entreprises font-elles aujourd'hui pour faire évoluer les mentalités et surtout mettre en place les outils pour l'égalité ? Quelles sont les mesures qui pourraient aider les femmes dans leur progression de carrière ?
Olga Trostiansky, présidente du Laboratoire de l’égalité dont l’objectif principal est de lutter pour réduire la fracture entre les femmes et les hommes au travail, nous répond et propose :
"Une Parentalité partagée entre les femmes et les hommes avec un allongement du congé de paternité parce que ce changement culturel est majeur pour construire une culture de l'égalité en France. Les enfants vont pouvoir comprendre dès la naissance qu'ils ont deux parents et pas seulement une mère pour s'occuper d'eux et d'elles. Les tâches domestiques et parentales et la charge mentale pourraient être mieux partagées. Les entreprises vont ainsi prendre en compte le fait que les hommes et les femmes travaillent, et les hommes et les femmes sont en charge d'activités parentales et domestiques.
Pour compléter, une étude a été faite en 2018 sur le congé paternité par l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) et le gouvernement devrait faire des annonces sur ces sujets au printemps 2019.
Par ailleurs, le regard de Christophe Falcoz, conférencier, consultant égalité, diversité & RH, auteur, est complémentaire. Il propose des pistes concrètes pour améliorer les relations au travail : associer les hommes dans toutes les actions développées et manager la diversité.
L’égalité réelle ne pourra advenir sans les hommes.
[...] Ils possèdent encore la plupart des leviers de pouvoir. Il existe cependant de nombreux enjeux susceptibles de les engager et des leviers pour en faire des alliés de l’égalité."
On a sélectionné pour vous plusieurs initiatives prises dans des grands groupes comme :
- RTE propose notamment à ses salariés et au grand public de comprendre ce qu'est le sexisme ordinaire, avec une conférence d'Arnaud Pissot, expert en diversité. rendez-vous le 18 mars 2019 à 13h à RTE à la Chapelle-sur-Erdre.
- Accenture propose un afterwork pour suivre le parcours de leurs collaboratrices et sur la thématique s'engager contre le sexisme en entreprise, le 19 mars 2019 à 18h dans leurs locaux à Saint-Herblain.
- Audencia, Les Fameuses et BFN s'engagent pour aider les femmes à mieux s'armer pour négocier leur salaire. 3 sessions de negotraining sont prévues les 8, 12 et 20 mars 2019 à Audencia.
Et en retraite, double peine
►Le constat : en France, la pension de droit direct des femmes (hors compensation pour les enfants) est, en moyenne, inférieure de 42% à celle des hommes et avec compensations, l’écart est de 29%. Près de la moitié des femmes retraitées touchent une pension inférieure au seuil de pauvreté. Dans la synthèse de consultation publique sur la réforme des retraites sortie en décembre 2018, sur 1125 votants, 912 participants à l'étude sont d’accord sur le fait que les inégalités de pension sont dues au travail.
►La question : Comment corriger les inégalités femmes-hommes en matière de retraites ?
Olga Trostiansky revient sur cette inégalité qui se poursuit à l'âge de la retraite et qui à ses yeux est insupportable.
Les raisons de ces inégalités sont multiples, mais pour elle, les deux principales causes sont :
- Les inégalités salariales femmes-hommes rencontrées au cours de leur vie active, le temps partiel pour concilier vie professionnelle et vie personnelle, la maternité, l'éducation des enfants qui est en réalité un double emploi pas assez reconnu à la retraite…
- La conception même du système de retraite est inégalitaire et injuste. Le système date de 1945, c’est un système mettant en avant l’homme qui rapporte le vrai salaire et la femme un salaire d’appoint. A l’époque, ce système a été conçu pour les femmes qui ne travaillaient pas et qui pouvaient compter uniquement sur une pension de réversion de leur époux.
Aujourd’hui, la société a évolué, de plus en plus de femmes sont seules au moment de la retraite, il faut maintenir les pensions de réversion et penser pour demain. Olga Trostiansky préconise de réfléchir au changement de société et aux conséquences pour la construction d'un nouveau système de retraite. En premier lieu, elle souhaite que les femmes soient mieux informées, qu’elles n’attendent pas l’âge de la retraite pour réfléchir et anticiper leur fin de parcours. Les décisions que l’on prend quand on travaille ont un impact sur notre future retraite d’autant qu’il n’existe pas un système unique mais de multiples cas de figure.Le système date de 1945, c’est un système mettant en avant l’homme qui rapporte le vrai salaire et la femme un salaire d’appoint.
En second lieu, ce sujet doit être systématiquement intégré et partagé dans tous les domaine de gouvernance. L’égalité femme / homme doit faire partie des 5 priorités retenues par le gouvernement.
On a sélectionné pour vous :
- Pour aller plus loin, lire l'interview d'Olga Trostiansky dans Elle active.
- La conférence de Corinne Hirsh lors du IN le vendredi 22 mars 2019
- Et pour comprendre d'autres modèles de vie sur un autre continent, on a aussi sélectionné pour vous dans le OFF une projection du documentaire "RBG" le 18 mars 2019 à 18h30 à la Salle Jules Vallès à Nantes. L'avocate américaine Ruth Bader Ginzburg dite « Notorious RBG » est la deuxième femme nommée à la Cour Suprême, en 1993 par Bill Clinton. Ce documentaire « RBG – Héroïne. Icône. Dissidente » retrace son parocurs. Aujourd'hui, âgée de 85 ans, elle est devenue une icône démocrate qui résiste à l'Amérique de Donald Trump.
Et en clin d'œil, le regard de l'illustratrice angevine Mathou Virfollet :
{ DROITS DES FEMMES }#mathou #journeeinternationaledesdroitsdelafemme #droitsdesfemmes #citation #égalité #femme pic.twitter.com/pbCPFyRKyX
— Mathou Virfollet (@MathouV) 8 mars 2017
Tous concernés
Cette cause est juste et concerne 100 % de la population.
Si vous aussi avez envie de participer, n'hésitez pas à vous rendre aux nombreux événements proposés par le Printemps des Fameuses dans le OFF.
Pour le IN, rendez-vous à Nantes les 21 et 22 mars 2019.
Et voici toutes les infos pratiques pour vous rendre dans les différents lieux du IN dans le quartier de la création :