Seuls 15% des fermes de la région sont en système herbager en Pays de la Loire. Minoritaire, cette autre forme d'élevage permet aux agriculteurs de vivre dignement et de se dégager du temps. Même si leur modèle est résilient, ils sont aussi impactés par la hausse des prix et le non-respect de la loi Egalim.
Bien avant le lever du soleil, la salle de traite est déjà largement éclairée, comme dans tous les élevages des alentours. Mais la différence dans cette exploitation laitière de Vieillevigne, située au sud de Nantes (Loire-Atlantique), c'est qu'ici les trois associés du GAEC peuvent s'y relayer.
"On se lève à 6 heures et demie et on démarre à 7 heures. Ce soir, je finirai à 16h. Mes collègues commenceront à 9h et finiront à 18 heures, à la traite du soir", explique Gildas Simonneau, éleveur laitier.
Avec seulement 70 vaches laitières, leur ferme est restée à taille humaine. Depuis vingt ans, les trois éleveurs ont fait le choix de limiter les machines et d'investir peu, afin de conserver du temps. Chacun perçoit un revenu de plus de 2 000 euros par mois.
Avant cela, Dominique Chaillou avait connu une autre vie, en exploitant une ferme sur le modèle productiviste.
"Il a fallu à chaque fois s'équiper pour accueillir plus d’animaux, pour essayer de se libérer du temps", explique l'agriculteur. Mais en fait, plus on investissait dans de l'équipement, plus il fallait le payer et plus on augmentait la taille de l’exploitation. Au final, je ne m'y retrouvais pas."
Des agriculteurs aussi impactés par l'inflation
Leur modèle herbager est basé sur un système en autonomie. Les vaches mangent l'herbe qui pousse sur les 29 hectares de pâturages, et un peu de maïs, produit sur la ferme.
Si leur modèle est résilient, il ne les empêche pas de percevoir les effets de l'inflation et du dérèglement climatique.
"L'été, on a des gros coups de chaud avec des vents d'est et donc ça impacte les rendements de la prairie. Donc la quantité de lait diminue ; les animaux souffrent aussi beaucoup de la chaleur", confirme Gildas Simonneau.
"En hiver, on a beaucoup d’eau. Parfois, on peut avoir de l’herbe dans les prairies, mais on ne peut pas y pâturer parce que c'est trop mouillé", ajoute-t-il.
On est impactés par le prix de l'énergie. La salle de traite, il faut bien la faire fonctionner. On a des tracteurs donc les hausses on les ressent aussi même si c'est à une moindre échelle
Dominique ChaillouEleveur
Plutôt qu'une réduction des normes, ces éleveurs rêvent que les services rendus à la nature puissent être reconnus, financièrement.
Comme toute la profession, ils veulent surtout plus de justice. Sur 100 euros de lait, ils perçoivent en moyenne 6 euros, quand la loi Egalim prévoyait 20 euros pour l'éleveur.