Inquiet après les résultats du 1ᵉʳ tour des Législatives, Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et ex-premier Ministre, appelle ce dimanche soir 30 juin à tout faire pour éviter les triangulaires.
"Je suis surtout épouvanté parce que la menace d'une majorité absolue de siège de l'Assemblée Nationale pour le Rassemblement National n'est pas une fiction, mais peut devenir une réalité". Jean-Marc Ayrault a l'air et les mots graves à l'annonce des résultats.
L'ancien maire socialiste de Nantes et ex-Premier ministre qui soutient le Nouveau front populaire et s'est invité aux côtés des candidats en campagne dans la métropole, a la défaite solennelle, mais il mesure l'importance de l'enjeu et redoute le pire, l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
Il est encore temps de tout faire pour l'empêcher
Jean-Marc AyraultAncien maire socialiste de Nantes et ex Premier ministre
"Emmanuel Macron a pris un risque énorme"
"C'est Emmanuel Macron qui a décidé cette dissolution. Il a pris un risque énorme. Il ne s'est concerté avec personne, sinon avec lui-même, dans un contexte de crise démocratique, de crise de confiance, de colère, qui s'est traduit par le vote des élections européennes", dénonce Jean-Marc Ayrault.
Pour l'ancien maire de Nantes, Emmanuel Macron fait prendre un risque terrible au pays.
Le programme du Rassemblement National, ce n'est pas un programme ordinaire. Ils ont beau cacher leur jeu, c'est un parti xénophobe avec un programme xénophobe qui veut changer la nature du régime. C'est ça le danger
Jean-Marc AyraultAncien maire de Nantes et ex Premier ministre
Savoir se désister pour éviter le RN
Et de lancer un appel au président de la République. "Il ne faut pas qu'il oublie une chose. En 2017, comme en 2022, au second tour de la présidentielle, il était candidat et face à lui, il y avait Marine Le Pen. Il y a beaucoup d'électeurs dont j'étais, notamment de gauche ou d'autres sensibilités, qui n'ont pas hésité un instant et qui ont voté pour lui."
Jean-Marc Ayrault attend-il des consignes de vote claires du président de la République ?
"J'espère qu'il sera suffisamment convaincant pour convaincre ses partenaires, ceux de sa majorité, qui pourraient être tentés par le ni ni qui pourraient être tentés par dire qu'on va renvoyer les extrêmes entre eux, comme si la gauche républicaine faisait partie des extrêmes."
Il faut que le candidat du camp républicain, qu'il soit de gauche, qu'il soit du centre ou même de droite républicaine qui a refusé l'alliance de Eric Ciotti avec le RN, se retire en faveur de celui qui est le mieux placé.
Jean-Marc AyraultAncien maire de Nantes et ex Premier ministre
"S'ils ont la conscience que leur mission, c'est de servir l'État, de servir la France, ils doivent prendre cette responsabilité. Et en fonction de ce qu'ils diront, ils pourront convaincre des électeurs qui sont certainement hésitants".
Ce qui inquiète l'ancien élu, c'est la main mise de l'extrême droite sur l'Europe.
Petit à petit, elle va étendre son pouvoir et elle commence par s'attaquer au pluralisme de la presse. Elle commence ensuite à s'attaquer aux pouvoirs judiciaires, au Conseil constitutionnel, au Conseil d'État
Jean-Marc AyraultAncien maire de Nantes, ex Premier ministre
"C'est la République qui est en cause"
"J'étais en Allemagne ces deux derniers jours, j'ai participé à un colloque franco-allemand. Et je peux vous dire que tout le monde est consterné parce qu'on se demande ce que va devenir la relation franco-allemande, ce que va devenir l'Europe. Ce sont des conséquences en cascade. Peut-être qu'au mois de novembre, Donald Trump sera élu président des États-Unis. Le monde dans lequel nous sommes est un monde dangereux, un monde incertain."
Est-ce que ces scores nationaux du Rassemblement National vont gâcher la fête à Nantes, ville de gauche ?
"Face à la menace, lorsque la menace principale est là, on s'unit, on s'est inspiré du front populaire, ce n'est pas un hasard. La gauche, c'est une histoire, ce sont des valeurs. Même s'il y a parfois de graves divergences, il faudra aussi pour l'avenir les surmonter. On le sait bien. Mais ce n'est pas le moment d'en parler ce soir. Le moment, c'est de tout faire dans l'intérêt de la République. Parce que c'est la République qui est en cause."