Coronavirus : le confinement, un répit inattendu pour certaines espèces d'animaux

Un chevreuil dans les rues d'Angers, des renards à Saint-Herblain, les animaux semblent prendre leurs aises dans les villes. Les chants des oiseaux, eux, rythment notre quotidien. Mais le confinement a-t-il réellement un impact sur la faune ? Et cet impact est-il durable ? 

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Vous l'avez probablement remarqué, on entend davantage les oiseaux chanter en ces temps de confinement.

La première explication est simple : il y a moins de bruit autour de nous et nous sommes plus attentifs à ce qui nous entoure. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a d'ailleurs lancé le 16 mars dernier l'opération "Confinés mais aux aguets".

Le défi consiste à observer pendant dix minutes tous les jours, par votre fenêtre, votre balcon ou depuis votre jardin, les oiseaux qui viennent s’y aventurer puis à saisir vos observations sur le site de l'observatoire. En Loire-Atlantique, le nombre d'observations transmises a augmenté de plus de 30% depuis le début du confinement.

Mais il y a une autre explication : habituellement, les merles, mésanges ou autre rouges-gorges adaptent l'heure et la fréquence de leurs chants aux activités humaines. Avec le confinement, ils ont le champ libre. Une bonne nouvelle puisqu'ils sont en pleine période de nidification. Mâles et femelles peuvent donc s'adonner à leurs parades de séduction pendant toute la journée. 

"Ce qui change, c’est la tranquillité, explique Guy Bourles, président de la Ligue pour la protection des oiseaux en Loire-Atlantique. Aujourd'hui, c’est plus simple pour les oiseaux de s’installer là où ils le souhaitent. Ils n'ont pas besoin de faire de grands déplacements. On ne pourra le vérifier que cet été ou à l'automne prochain, mais il est probable que grâce à cela, beaucoup d'espèces réussissent leur reproduction".

"C'est la meilleure mesure de protection qu'on aurait pu prendre"

Un répit inattendu pour certaines espèces menacées. Sur les plages par exemple, le gravelot à collier interrompu pourrait rapidement voir les bénéfices du confinement. Ce petit oiseau figure sur la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) des oiseaux nicheurs menacés en France. Présent en Vendée, il pond ses oeufs sur le haut de plage à partir de la fin du mois de mars. 

"Il pond directement dans le sable, détaille Pauline Poisson, chargée de mission au Muséum national d’Histoire naturelle et référente du programme Plages vivantes, un observatoire participatif de la biodiversité des hauts de plages. "Donc quand les plages sont ouvertes, les nichés peuvent être perturbés par les chiens qui viennent manger les poussins, ou par des personnes qui vont malencontreusement marcher sur les oeufs."Pour ces oiseaux, plus longtemps les plages resteront fermées, mieux ce sera. "Les premières couvées sont déjà en route, ajoute Pauline Poisson. Mais une fois nés, les poussins restent au moins un mois dans les parages avant de quitter l'endroit. Le confinement leur laisse donc un peu de temps". Édouard Philippe l'a annoncé mardi 28 avril, les plages resteront inaccessibles au public, au moins jusqu'au 1er juin. "C'est la meilleure mesure de protection qu'on aurait pu prendre pour cette espèce", confime Patrick Trecul.

Installé à Boussay en Loire-Atlantique, ce photographe naturaliste regrette de ne pouvoir profiter du confinement pour observer son terrain de jeu habituel.

Confiné comme tout le monde, il a tout de même obtenu des dérogations pour s'occuper de ses ruchers et a ainsi pu croiser plusieurs grands mammifères à des endroits habituellement occupés par l'homme.

"On sent que les animaux ont vite compris que la voie était libre, sourit-il. Parmi ces animaux que l'on considère comme nocturnes, beaucoup sortent la nuit parce qu'ils se sont adaptés à la présence humaine. Là, ils ont en fait repris leurs moeurs, plus diurnes."  

"Tous aux abris"

Il s'inquiète davantage du déconfinement, cette période où les hommes vont reprendre leurs activités habituelles : "Certaines espèces considérées comme "nuisibles" sont attendues au tournant. Les fouines, les renards, les blaireaux... Sur les quelques jours de sortie de confinement, ils vont être plus visibles et moins attentifs, donc plus faciles à traquer. Ils risquent de se faire avoir". 

D'autres oiseaux, qui ont installé leurs nids à des endroits inhabituels, risquent eux d'abandonner leurs couvées s'ils sont dérangés après le confinement.
Autre espèce menacée, les busards. Également sur la liste rouge de l'UICN, ces rapaces nichent au sol dans les champs de céréales. Habituellement, pour éviter que les couvées ne soient détruites par les moissonneuses-batteuses, des bénévoles de la LPO repèrent les emplacements des nids et vont matérialiser leurs présences. Mais cette année, confinement oblige, ce repérage ne pourra pas se faire. "Ça risque d'être catastrophique", déplore Patrick Trecul.Lui s'inquiète aussi pour les espèces d'oiseaux de jardin qui sont contraintes de supporter les hommes. "La présence des tondeuses et des taille haies, c'est une menace pour les merles qui nichent dans les haies par exemple". Pour sensibiliser le grand public, il a lancé sur sa page Facebook le "Challenge nature d'un confiné".

Plusieurs fois par semaine, il propose un défi nature réalisable dans un bout de jardin. De quoi trouver de belles idées pour s'occuper jusqu'au 11 mai. 


 
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