Sophie Lévy quitte le musée d'Arts pour remplacer Jean Blaise à la tête du Voyage à Nantes : "j'aimerais révéler la dimension fluide de la ville"

Le 1er janvier prochain, la directrice du musée d'arts de Nantes, Sophie Lévy remplacera Jean Blaise à la tête du Voyage à Nantes. Une nouvelle ère pour cette passionnée d'arts qui espère bien révéler aux Nantais de nouvelles facettes de leur ville.

"D'habitude, quand je change de poste, je change de ville", s'amuse Sophie Lévy. Pas cette fois. Après avoir passé sept ans à diriger le musée d'arts de Nantes, cette diplômée d'HEC et de l'Institut national du Patrimoine, s'apprête à prendre les rênes du Voyage à Nantes, une institution qui ne lui fait pas peur.

Pourtant, la pression pourrait se faire sentir. Sophie Lévy prend la suite d'une figure de la vie culturelle nantaise : Jean Blaise qui part à la retraite après treize ans à la tête du VAN.

"Il y a sûrement une forme d'inconscience, reconnaît Sophie Lévy. J'avoue que j'ai évité de lui (Jean Blaise, ndlr) parler avant que le communiqué ne parte. À la fois pour que lui ne pense pas à son successeur, et moi pour ne pas penser à lui. C'est maintenant que j'ai très envie d'avoir une grande et longue discussion avec lui."

C'est un peu comme quand on demande à quelqu'un d’adopter son enfant… l’ancien et le nouveau parent doivent se transmettre le relais avec générosité.

Sophie Lévy

Nouvelle directrice du VAN

"J'ai envie de faire parler les éléments"

Sophie Lévy a travaillé pour quatre musées différents, d'abord le musée des beaux-arts de Dijon, puis le musée d'art américain de Giverny, le musée d'art moderne de VIlleneuve d'Ascq, et enfin le musée d'Arts de Nantes.

"Je crois que j’avais envie de prendre plus de risques, explique-t-elle, de découvrir les choses de manière plus large, d'essayer de me mettre au tempo de la ville". 

Même si elle veut respecter le travail et les projets des équipes du VAN, la nouvelle directrice a déjà des idées de ce qu'elle veut faire.

"Jean Blaise s'est beaucoup appuyé sur la dimension urbaine et cacophonique de la ville. J'aimerais révéler sa dimension fluide. La fluidité de l'eau, de la lumière. Cette ville, ce qu'elle m'inspire, c'est que son rapport à l'environnement naturel est presque liquide, c'est une ville qui coule". Mais pas question d'imposer ses choix. "On ne fait pas table rase du passé, j’aime bien l’idée que l’on en discute avec les équipes. Je me vois comme quelqu'un qui prend un relais et qui le tient pendant un certain temps". 

Quand on demande à Sophie Lévy une œuvre du Voyage à Nantes marquante, elle répond : "Je vais vous surprendre. Il s'agit des zébrures qui forment des dessins au sud du pont Anne de Bretagne. Une œuvre très simple qui reprend les éléments essentiels de la ville, le bitume, le béton… Ça crée une sorte de rêverie dans la ville…j’avais été éblouie par sa poésie très simple." 

L'œuvre de l'artiste Aurélien Bory date de l'édition 2016 du Voyage à Nantes. De la dernière édition, elle retient celle de Fabrice Hyber installée au jardin des plantes.

"Je trouve que l'homme des bois est merveilleusement calibré, très beau, très chaleureux. Une sorte de nouveau personnage qui est merveilleusement à sa place. "

"On est des agents de joie"

De son expérience de directrice du musée d'Arts, elle retiendra surtout la réouverture. "À l'époque, raconte-t-elle, on m'arrêtait dans la rue en me demandant quand est-ce qu'on allait rouvrir. La première, c'était dingue, la rencontre entre les Nantais et le musée…c'était la joie. C'est ça qui est génial dans nos métiers. On est des agents de joie !"

Un enthousiasme qu'elle compte bien conserver en prenant la tête du VAN. "Pour moi, c'est un projet culturel avant tout, même si on est en lien avec les politiques bien sûr. J'ai travaillé dans quatre musées différents, on tricote toujours des projets avec le territoire et les agents de ce territoire, ce sont les politiques". 

Quant à la durée de son mandat, elle s'amuse de la question : "je n'y pense pas quand je commence, sinon ça enlèverait la lumière des débuts. Et puis j'ai 57 ans, il y a un moment où on va en avoir marre de moi !" Pour le moment, Nantes n'en a en tout cas pas fini avec Sophie Lévy.

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