"La guerre au féminin", c’est le nom du dernier ouvrage de Dorothée Olliéric, grand reporter à France Télévisions. La journaliste nantaise dresse le portrait de dix femmes militaires. Des femmes d’exception de par leur courage, leur sacrifice et toutes les difficultés auxquelles elles doivent faire face, parfois au péril de leur vie. Si elle ne combat pas, Dorothée aussi est de tous les conflits depuis trente ans
À Nantes, Dorothée est en terrain connu, celui de son enfance. Elle enchaîne les interviews à France 3 Pays de la Loire pour évoquer son dernier ouvrage "La guerre au féminin", les portraits de dix femmes militaires.
La journaliste, grand reporter à France Télévisions, est accompagnée de sa maman qui profite de la voir en coup de vent. Car très vite, Dorothée Olliéric doit repartir à Paris avant l’Ukraine, de nouveau, dans quelques jours. Cela fait trente ans que cette maman de deux enfants parcourt le monde en guerre.
Je n’ai pas envie de me prendre une balle, nous explique-t-elle, mais j’ai envie d’être là. C’est un besoin d’être là où l’Histoire s’écrit
Dorothée OlliéricGrand reporter à France Télévisions
"Parfois, quand je traverse Paris à scooter, j’ai le cœur qui bat peut-être même plus que sur la ligne de front", confie Dorothée qui reconnaît qu’il y a un côté "absurde" à tout ça.
Demain en Ukraine, hier en Afghanistan, au Mali ou encore au Rwanda, le reportage qui l’a le plus marqué. "À l’époque, on ne sait pas encore que c’est un génocide. Il y a des massacres, quasiment un million de morts. J’ai encore les images très nettes. Ces corps jetés avec des pelleteuses dans des charniers, dans des fosses communes, ce sont des images que l’on n’oublie pas".
C’est d'ailleurs pendant ce reportage que Dorothée Olliéric trouve un sens à son métier de journaliste. Face à l’horreur, "je suis là pour témoigner. Je me dis : "ok ça va être dur", mais ma force, c’est que je me projette pour le raconter, pour que les gens sachent".
"Il y a aussi des moments tellement joyeux, de fraternité. Un jour, je vais dormir au pied d’un char à la belle étoile, un autre, je vais couvrir le narcotrafic en Colombie. Ça m’agace quand on me demande quand je voudrais arrêter. Je ne sais pas. Tant que je peux suivre des militaires, sauter d’un blindé, courir sous les balles. Tant que la peur ne me paralyse pas, tant que j’aime les gens, j’aime raconter des histoires. Moi, je trouve que je fais le métier le plus formidable du monde".
Un métier à risque, pas si éloigné de ces femmes militaires dont elle évoque aussi le stress post-traumatique qu’elles subissent toutes quand elles rentrent de mission.
"Je pense à Célia, qui est officier dans le renseignement. À son retour, elle se retrouve sur un tapis de jeu avec sa petite fille de trois ans, à empiler des cubes. Elle fond en larmes et se dit : "À quoi ça sert ? C’est stupide. Qu’est-ce que je fais là avec une gamine ?" Elle perd un peu son rôle de mère. Elle va le retrouver, mais elle veut être avec ses hommes. Elle veut prolonger cette espèce de fraternité d’armes qui est très, très forte chez les militaires".
Sans oublier la distance entre elles et leur famille. Un déchirement que Dorothée connaît bien. "Elles partent pour des opérations de quatre mois, de six mois, avec des enfants en très bas âge. Il en faut du courage pour laisser un gamin et se dire "je vais le revoir dans six mois". Moi, à chaque fois que je pars sur un terrain de guerre, je regarde mes enfants dans les yeux et je leur dis : "Maman t’aime", parce que je me dis toujours, et si je ne revenais pas".
Article écrit en collaboration avec Marine Saint-Germain
►Retrouvez tous les témoignages Vous Êtes Formidables sur france.tv
► Voir l'ensemble de nos programmes sur france.tv