L'élève interpellé pour menaces de mort contre une enseignante de son lycée a été mis en examen, annonce le parquet de Nantes, ce samedi 14 septembre. Il avait été arrêté deux jours avant. La nouvelle avait provoqué la surprise et l'incompréhension parmi des élèves, parents ou professeurs présents.
Le lycéen interpellé à Bouguenais (Loire-Atlantique) pour des menaces de mort sur une de ses enseignantes a été mis en examen. C'est ce qu'annonce le parquet de Nantes, ce samedi 14 septembre. Dans l'attente, ce lycéen a été placé "dans un foyer de la protection judiciaire de la jeunesse hors du département" : le parquet a fait appel de cette décision. Le jeune de 17 ans avait été arrêté à son domicile puis placé en garde à vue, deux jours avant.
"L'intéressé a reconnu une partie des faits mais pas l'intention de s'en prendre physiquement à sa professeure", nous indique Renaud Gaudeul, procureur de la république de Nantes (Loire-Atlantique). Des menaces à l'encontre de l'une des enseignantes au lycée Jean Perrin, à Rezé (Loire-Atlantique). Ce jeune, "élève en terminale", est "inconnu des services de police et de justice". Le signalement avait été transmis par un service de renseignement, dans la nuit du 11 au 12 septembre dernier.
Le lycéen est soupçonné d'avoir indiqué "sur un réseau social quelques instants auparavant, qu’il comptait 'planter à la jugulaire' le lendemain l’un de ses professeurs, tout en s’affichant comme adepte du mouvement État Islamique", avait indiqué le parquet de Nantes. L'interpellation du jeune homme avait surpris élèves, parents et professeurs, dans le lycée concerné.
Des éléments découverts au domicile et sur internet
La veille de son interpellation, l'enseignante l'avait surpris en train de simuler un tir par arme à feu alors qu'il rendait un devoir. Le soir même, il avait continué à menacer de mort sa professeure sur Telegram, en indiquant vouloir la poignarder. Au moment de son interpellation, deux couteaux et un drapeau de l'État islamique ont été découverts chez lui.
"Une première exploitation de ses outils numériques et téléphoniques a permis de retrouver des communications sur TikTok et Telegram dans lesquelles il diffuse des actions violentes de l’État Islamique", précisait Renaud Gaudeul, procureur de République de Nantes, vendredi 13 septembre. Le Parquet national antiterroriste n'a pas été pas saisi, mais il a indiqué à franceinfo être "en observation, en lien avec le parquet de Nantes". La police judiciaire a été saisie des investigations.
"C'est inadmissible"
Des élèves rencontrés devant le lycée ce vendredi après-midi ne comprennent pas le comportement de l'élève arrêté. L'un d'eux explique : " c'est inadmissible. Normalement, ce n'est pas un métier qui doit engendrer de la violence".
Il ne devrait pas y avoir ce genre d'actes de violence envers des personnes qui sont là pour partager leur savoir
Un élève du lycée Jean-Perrin à Rezé
"Ça fait froid dans le dos"
"Moi, je ne me sens pas du tout en insécurité devant ma classe. J'ai une relation de confiance avec mes élèves et c'est pour ça que je suis surpris et atterré par ce que j'apprends." Mathias Leblond est professeur de français et d'histoire et géographie, enseignant au lycée Jean Perrin et Louis-Jacques Goussier depuis 13 ans. Rencontré lui aussi devant le lycée, il est fortement touché par ce qui est arrivé à l'une de ses collègues.
"Accompagnement et protection fonctionnelle" de l'enseignante
L'académie de Nantes a réagi en fin d'après-midi dans un communiqué en précisant que "l'enseignante bénéficie d'un accompagnement ainsi que de la protection fonctionnelle qui lui a été accordée par Madame la rectrice". Elle note aussi que l'élève fera l'objet d'une procédure disciplinaire. Selon le communiqué, "un élève a mimé l'utilisation d'une arme à feu pendant un cours. L'enseignante ayant repris cet élève suite à ce comportement inapproprié, celui-ci a présenté ses excuses".
Réactions politiques
L'événement a provoqué des réactions parmi les personnalités politiques locales. L'une des premières à s'exprimer a été Laurence Garnier, conseillère municipale de Nantes et sénatrice (Les Républicains). Sur le réseau social X, elle apporte son soutien à l'enseignant et ajoute : "la radicalisation des jeunes fait partie de la stratégie des islamistes".
Peut-être un nouveau drame évité dans notre pays. Soutien à l’enseignante menacée de mort dans un lycée de #Rezé. La radicalisation des jeunes fait partie de la stratégie des islamistes. Elle doit être combattue sans relâche et sans naïveté. Les Français attendent des mesures… pic.twitter.com/vkUc4M2hqT
— Laurence Garnier (@LGarnier44) September 13, 2024
Un autre élu local, Matthieu Annereau, conseiller à Nantes Métropole (Renaissance) a, lui aussi, réagit sur le réseau X. Il apporte également son soutien et ajoute : "la radicalisation des jeunes est un fléau orchestré par les islamistes".
Soutien à l’enseignante menacée de mort dans un lycée de #Rezé .
— Matthieu Annereau (@MAnnereau) September 13, 2024
La radicalisation des jeunes est un fléau orchestré par les islamistes.
Redoublons d’efforts et de moyens pour la combattre et lui faire échec.#Laïcité https://t.co/37ABpEBSK5
"À l’issue de sa mesure de garde à vue, ce jeune homme a été déféré et présenté ce jour devant un magistrat instructeur de Nantes, des chefs d’apologie publique d’un acte de terrorisme commis au moyen d’un service de communication au public en ligne et de menaces de mort à l’encontre d’une personne chargée d’une mission de service public", annonce le procureur nantais.
"Mandat de dépôt a été requis par le parquet. La décision du juge des libertés et de la détention sera rendue dans la soirée", ajoute-t-il.
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Christophe Amouriaux avec Mathieu Guillerot et franceinfo