Olivier Laboux a décidé de nommer de nouvelles commissions d'examen des vœux des lycéens, dans les filières qui s'opposent à tout type de classement parmi les dossiers.
À l'Université de Nantes, 14 commissions d'examen des vœux sur 37 ont décidé de ne pas jouer le jeu de la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants). Pour protester contre le texte, qui réforme l'accès à l'enseignement supérieur, les équipes pédagogiques de plusieurs filières (sociologie et droit notamment) ont décidé de ne pas procéder à un classement des dossiers des lycéens, ou d'accepter l'ensemble des demandes par défaut.
Ces commissions, prévues dans le dispositif Parcoursup, ont été mises en place au mois de mars. Leur composition est décidée par le président de l'université. Lorsque la capacité d'accueil d'une filière est dépassée par le nombre de candidature, la commission d'examen des vœux est chargée de classer les dossiers pour déterminer la liste des lycéens acceptés, ou non.
Les commissions remplacées
"Six UFR de notre université ont signé des motions signifiant leur refus d’entreprendre cette sélection", expliquent dans un communiqué commun les syndicats SUD et Snup-FSU. Les responsables pédagogiques mettent en avant leur mission de service public, et le fait que l'université se doit d'accueillir "l'ensemble des lycéens ayant postulé".
Le président de l'Université, Olivier Laboux, a donc décidé de nommer de nouvelles commissions. Pour la présidence, il s'agit de respecter l'échéance du 18 mai, pour laquelle l'ensemble des lycéens doit avoir une réponse. "Nous n'avons pas d'autres choix", explique au site EducPros le vice-président de l'Université de Nantes Dominique Averty, chargé du dossier. Dans plusieurs filières, le nombre de candidats dépasse largement le nombre de places disponibles - 3 931 candidats pour 660 places en droit par exemple. Le classement vise à éviter le tirage au sort et respecter les conditions d'accueil des étudiants.
"De toute manière, la commission ne procède pas à l'examen des dossiers", souligne Mary David, professeure agrégée de sciences économiques et sociales et membre du syndicat Snup-FSU. Les départements n'ont pas les ressources pour étudier un nombre important de candidatures. "Ils doivent simplement valider les critères de l'algorithme, qui fait ressortir les profils d'étudiants correspondant".
Un problème de "démocratie"
"Le président de l'université n'est pas notre supérieur hiérarchique", continue Mary David. Les syndicats dénoncent, au-delà de la décision, le non-respect des choix des commissions ayant refusé de procéder au classement. "Pour la démocratie au sein de l'université, c'est un vrai scandale."
Même si la décision d'Olivier Laboux respecte a priori le cadre réglementaire, qui donne des pouvoirs élargis aux présidents d'universités, les réactions sont nombreuses au sein de l'université.OK donc c'est apparemment confirmé. Olivier Laboux président de @UnivNantes a pris la décision de DISSOUDRE toutes les commissions pédagogiques deTOUS les UFR de l'Université s'étant positionnéesCONTRE l'application de la réforme ORE #ParcoursSup C'est dingue. Totalement dingue
— affordanceinfo (@affordanceinfo) 16 avril 2018
"Je ne comprend pas pourquoi il s'est lancé là-dedans", commente de son côté Olivier Ertzscheid, maître de conférence à l'Université de Nantes et rédacteur du site affordance.info. Des initiatives proposent déjà d'étudier de possibles recours à ces remplacements. Dans un climat déjà tendu par le blocage d'une partie de l'université, le choix de la nomination de nouvelles commissions augmente encore l'incompréhension entre la présidence et le corps enseignant.