Violences policières. "On n'a pas compris" : des militants CGT attaqués en terrasse par des policiers de la BAC à Nantes

La manifestation contre la réforme des retraites a fait de nouveau état de la brutalité des forces de l'ordre à l'encontre des opposants jeudi 23 mars. Plusieurs militants de l'Union locale de la CGT de Nantes ont été la cible d'un assaut de policiers de la BAC alors qu'ils se trouvaient en terrasse, place du Bouffay.

C'est une scène sidérante que dit avoir vécu Nelly Goyet, secrétaire générale de l'Union locale de la CGT à Nantes ce jeudi, jour de manifestation contre la réforme des retraites.

"On n'a rien compris. on était plusieurs militants de la CGT avec nos chasubles, on buvait une bière place du Bouffay", raconte-t-elle.

Alors que le groupe - qui comptait aussi "des paysans et des camarades retraités" - s'installe en terrasse, "des policiers de la BAC sont arrivés en courant, ultraviolents. Ils ont pris un paysan et l'ont foutu par terre, et ils nous ont arrosés de lacrymo en nous insultant".

Ils nous ont arrosés de lacrymo en nous insultant.

Nelly Goyet

Secrétaire générale de l'Union locale de la CGT à Nantes

"Ils ont bousculé les chaises et les tables. Après, ils sont restés une dizaine de minutes devant nous en nous intimidant. C'était ultra court et ultra violent", poursuit Nelly Goyet.

Une certaine tension flottait sur la place Bouffay, quelques minutes avant l'arrivée des policiers de la BAC. Les terrasses des cafés étaient peuplées en majorité de manifestants. 

"On a vu un groupe de jeunes arriver place Bouffay, on voyait que ça pétait de partout mais nous on avait commandé, on venait de recevoir nos bières. On était en train de discuter entre nous. Les policiers étaient hués mais ce qu'ils nous ont fait n'était pas mérité", relate Nelly Goyet. 

Un sentiment de haine

"On est choqués de cette violence. La police a dépassé tous les stades, dénonce-t-elle, ils tiraient des tirs de lacrymo sur la terrasse alors qu'ils étaient à un mètre de nous. C'était tellement rapide, on n'a pas compris cette fureur envers nous. C'est complètement fou."

On n'a pas compris cette fureur et cette haine envers nous. On avait l'impression qu'on était à abattre.

Nelly Goyet

Secrétaire générale de l'Union locale de la CGT à Nantes

L'homme jeté au sol présente quelques contusions mais n'est pas gravement blessé. Mais les militants sont marqués par cet affrontement inattendu et vu comme injustifié.

"C'est surtout cette haine qui s'est dégagée des policiers de la BAC, on avait l'impression qu'on était à abattre", s'indigne Nelly. 

Tactique d'intimidation

Les policiers sont restés postés une dizaine de minutes "à 50-100 mètres de nous à nous regarder et à nous intimider", confie la cinquantenaire.

Réfugiée dans le bar, elle appelle ses collègues de l'Union locale de Nantes et prévient le secrétaire départemental de la CGT "pour dénoncer ce qui était en train de se passer"

Après le choc, la peur s'est installée. "On est bloqué dans le bar parce qu'on a peur. À l'heure actuelle on ne peut pas retourner chez nous", déclare Nelly.

À l'heure actuelle on a peur de retourner chez nous.

Nelly Goyet

Secrétaire générale de l'Union locale de la CGT à Nantes

La colère est elle aussi vive : "Les manifestations syndicales ne peuvent plus rester tranquilles. On a été super sympas pendant deux mois dans cette manifestation, mais on peut devenir violent parce qu'on subit des attaques violentes".

Vers une escalade de la violence ?

La veille, l'Union locale de la CGT de Nantes a pourtant été reçue par le préfet de Loire-Atlantique pour évoquer la brutalité des forces de l'ordre dans le traitement des manifestations.

"Le préfet nous a dit qu'il était aux ordres du gouvernement", affirme Nelly.

Selon elle, "ils iront de plus en plus fort et de plus en plus violemment". En conséquence, "la manifestation devient insurrectionnelle mais c'est la faute du gouvernement. La France ne peut pas devenir cet État policier qui est en train de se profiler", conclut-elle.

Contactée, la préfecture de Loire-Atlantique n'a pas souhaité faire de commentaire.

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