Narcisse Pelletier, est un mousse natif de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En 1858 alors qu'il a 14 ans, Il fait naufrage puis est abandonné par son capitaine sur les côtes Australiennes. Il est recueilli et adopté par un clan Aborigène des plages du cap York. À voir lundi 8 février à 00h20
Narcisse Pelletier est né à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en 1844. Il s’engage comme mousse à 12 ans. Mal traité, il change d’embarquement pour le long cours, sur un trois mâts. Il fait naufrage puis est abandonné sur les côtes Australiennes par son capitaine.
Il est recueilli et adopté par un clan Aborigène dans lequel il passera à l’âge adulte. Il sera arraché à son clan à l’âge de 31 ans et reconduit en France.
Ses stigmates, sa méfiance, sa peur et l’incompréhension d’une société civilisatrice feront que la science ne sera pas en capacité de recueillir les connaissances accumulées par cet homme sur les Aborigènes des plages.
Seul le Docteur Merland à son retour en 1876, dans une notice, a tenté de nous faire comprendre par le filtre de ses connaissances et des préjugés de l’époque ce que fût la vie de Narcisse Pelletier pendant 17 ans.
Il faudra attendre 2004 et la curiosité d’une anthropologue Australienne, francophone, Stéphanie Anderson et d’un ethnologue Athol Chase qui étudie depuis 45 ans les Aborigènes des plages pour donner enfin une dimension scientifique à l’expérience de Narcisse Pelletier.
Comme il faudra le talent de Chanouga qui, à la lecture de cette étude dessinera en trois tomes l’Odyssée de Narcisse Pelletier. Le film raconte cet itinéraire hors du commun sous les regards croisés de ces acteurs et des Aborigènes déplacés qui résident aujourd’hui à Lockhart-River.
Narcisse Pelletier vu par Chanouga, auteur de BD
Qu’est-ce qui vous passionne dans les histoires de naufrage ?
J’ai longtemps pratiqué la plongée sous-marine de manière intensive, à cette époque ma motivation principale était l’exploration d’épaves.
Au-delà de la beauté du navire englouti, bien souvent les naufrages sont liés à des événements dramatiques au fort pouvoir évocateur, c’est une matière à fantasmes sans pareil, un temps arrêté entouré de mystères, de fantômes, de trésors disparus, de questions sans réponses… Évidemment, cela renvoie aussi à mon l’enfance, à mes lectures : Jules Vernes, R.L. Stevenson, Daniel Defoe…
Par la suite, j’en suis arrivé à collecter les histoires de naufrages et de naufragés, principalement celles du XIXe siècle… C’est dans ce contexte que le hasard m’a conduit sur les traces de Narcisse Pelletier, un naufragé « hors norme », antithèse de Robinson Crusoé, un exemple unique d’assimilation d’un civilisé parmi les « sauvages » du Nord Queensland… le plus atypique de tous les naufragés et surtout la quintessence de mes obsessions !
Comment a débuté votre collaboration avec Serge Aillery, le réalisateur ?
Lorsque j’ai décidé, il y a quelques années, de me lancer dans la création de la bande dessinée "Narcisse", l’état des connaissances à son sujet était extrêmement pauvre. Cela m’a conduit à m’engager dans une véritable enquête, j’imaginais alors être le seul au monde à connaître cette histoire édifiante !
Peu de temps après la sortie du premier tome, j’ai reçu un appel de Serge m’invitant sur les terres d’origine de Narcisse. La sortie de mon album et la façon dont j’abordais cette histoire avait semble t-il réactivé chez lui l’intérêt pour le personnage local, en vérité, le virus l’avait contaminé !
Depuis, nous n’avons cessé d’échanger nos découvertes, nos impressions, toujours de façon constructive. Par la suite, Serge a fédéré toutes les personnes s’intéressant à Narcisse, ce qui a enrichi nos perspectives.
Rapidement, il a évoqué l’idée du documentaire et dès lors, nous avons souvent et longuement discuté sur le sujet au fil de nos découvertes. Tout comme Serge, mon cheminement dans cette histoire sans certitude, complexe et ambiguë est très personnel, mais pour approcher un tel sujet il est essentiel de se nourrir de l’échange avec les autres… notre collaboration en est le parfait exemple.
Avez-vous appris de nouvelles informations sur Narcisse Pelletier lors de cette aventure ?
Sur les deux premières vies de Narcisse, sa jeunesse et sa vie d’aborigène, Constant Merland nous ouvre le chemin (Le témoignage de Narcisse : Dix sept ans chez les sauvages - Aventures de Narcisse Pelletier - 1876). Mais à partir de 1876, les archives se font très rares, du coup, ma tâche a été bien plus complexe…
Comme je l’évoquais précédemment, depuis le début, mon voyage avec Narcisse a été l’occasion de belles rencontres, de Stéphanie Anderson (Pelletier: The Forgotten Castaway of Cape York) en Australie à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Pour le troisième et dernier tome, mon enquête, m’a conduit à Toulon, dans son arsenal militaire où Narcisse accostera en 1875, à bord du Jura, navire transport de la Marine Nationale qui le ramènera en France. C’est au musée national de la Marine de Toulon que l’histoire continue, cette très belle institution m’a ouvert grand ses portes, m’a offert très généreusement son expertise, ses archives et pour finir, en juillet 2017, proposé une exposition en ses murs. Durant une année, mon travail autour de Narcisse Pelletier a été mis à l’honneur au travers de l’exposition "Chanouga et l’aborigène blanc".
Cela m’a permis de mieux comprendre dans quel contexte il débarquera, mais aussi de bénéficier de l’aide précieuse des archivistes du Service Historique de la Défense qui découvriront à cette occasion de précieux documents : des lettres du Préfet Maritime Penhoat, qui, ému par les propos de Narcisse à son retour, accusant son capitaine de l’avoir abandonné après le naufrage, réclame les pièces d’une enquête ouverte lors du retour du capitaine… Une enquête qui a peut être abouti à un procès ? De nouvelles archives qui restent à découvrir pour compléter ce puzzle complexe et qui donneront, peut-être, un éclairage nouveau sur cette affaire.
Trois bonnes raisons de voir ce documentaire selon Chanouga :
• C’est le scénario du siècle, un Blockbuster en puissance… inconcevable que jusqu’à présent le cinéma ne s’en soit pas emparé !
• C’est le parcours de vie d’un enfant du peuple, un destin subi aux développements incroyables… une petite histoire qui permet d’entrer dans la grande Histoire et qui nous interroge sur les travers de notre époque.
• Je réalise, que si j’avais eu à écrire un scénario de fiction, une histoire de naufrage imaginaire, je ne serai jamais allé aussi loin…
En savoir plus encore avec Olivier Brumelot, Délégué à l’antenne et aux programmes :
Production
Documentaire (52 minutes)
Réalisé par Serge Aillery
Une coproduction 24 images / France Télévisions - France 3 Pays de la Loire