Après 16 ans de procédure, Pierre Hinard a obtenu gain de cause. La cour d'appel des prud'hommes de Rennes a jugé "nul" le licenciement du lanceur d'alerte. En 2008, il avait été licencié après avoir révélé l'Affaire Castel Viandes, à Châteaubriant.
C'est une victoire pour Pierre Hinard, lanceur d'alerte dans l'affaire Castel Viandes. Il y a quinze ans, il avait révélé une pratique de "remballe" de viande avariée au sein de l'abattoir de Châteaubriant. Les faits ont depuis été sanctionnés par la justice.
Rapidement mis à pied, pour "insuffisances professionnelles", l'ancien directeur qualité de l'entreprise réclamait l'annulation de son licenciement et la reconnaissance de son statut de lanceur d'alerte.
Aujourd'hui c'est chose faite. La cour d'appel des prud'hommes de Rennes a jugé, mercredi 10 avril, son licenciement "nul" et a reconnu son statut de lanceur d'alerte.
"Une vraie victoire"
Il aura fallu quand même quinze ans de combat pour que la justice reconnaisse le rôle de Pierre Hinard. "C'est un pas décisif pour la reconnaissance des lanceurs d'alertes" soutient-il.
C'est un combat qui me dépasse
Pierre HinardLanceur d'alerte et éleveur bovins
"C'est une vraie victoire" assure l'ancien salarié de Castel Viandes. "C'est vraiment une grande cause, c'est la société civile qui se défend contre des intérêts particuliers d'industriels peu scrupuleux et corrompu" rappelle-t-il.
Une décision symbolique
Même s'il se réjouit, Pierre Hinard reconnaît que la décision de la justice n'est pas entièrement satisfaisante.
C'est un début, un premier pas, les condamnations restent symboliques
Pierre HinardLanceur d'alerte et éleveur bovins
Pour lui, les condamnations devraient être plus dissuasives. "Sur les frais d'avocat, il m'est attribué 10 000 alors qu'en frais réel, je suis à plus de 35 000 euros" indique Pierre Hinard. "Comment on peut comprendre qu'ils attribuent 30 000 euros de préjudice pour quinze années, ça fait 2 000 euros par an" ajoute-t-il.
La justice n'a pas pris la mesure des préjudices subis
Pierre HinardLanceur d'alerte et éleveur bovins
"L'État a considéré qu'il pouvait octroyer une subvention complémentaire de 1,8 million d'euros à cette entreprise qui vient d'être condamné à six mois de prison, c'est deux poids, deux mesures" souligne le lanceur d'alerte.
Castel Viandes et son dirigeant ont été condamnés en 2022 par le tribunal correctionnel de Nantes pour tromperie et mise sur le marché de denrées préjudiciables à la santé.
Il y a un lanceur d'alerte qui travaille pour le bien commun et on ne va pas chercher à réparer ces préjudices
Pierre HinardLanceur d'alerte et éleveur bovins
"C'est une vraie victoire, mais il ne faut pas que ça reste uniquement symbolique" espèce Pierre Hinard.
Pour lui, la justice devrait prendre la mesure des préjudices que les lanceurs d'alerte subissent. Il aimerait que "la réparation et la considération soient à la hauteur de l'idée que se fait la justice des lanceurs d'alertes".
Des préjudices irréversibles
Son combat n'a pas seulement duré plus de quinze ans, il lui a aussi coûté sa carrière professionnelle.
Ils ont quand même explosé ma carrière professionnelle
Pierre HinardLanceur d'alerte et éleveurs bovins
"Ils m’ont calomnié auprès de tous les grands clients en France, de la grande distribution et de tous les acteurs importants en me rendant responsable de leur déboire avec la justice" s'insurge l'éleveur. Il a également été vivement critiqué à Châteaubriant, où il a été accusé de mettre en danger un gros employeur local.
Aujourd’hui, l'ancien employé de Castel Viandes, est éleveur à Saint-Aubin-des Châteaux, près de Châteaubriant.
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