Salon de l'agriculture 2019 : dans les filets du port de la Turballe, la pêche est bonne

7ème port de pêche de France, mais 1er de Loire-Atlantique, le port de la Turballe a trouvé un modèle économique et profite du retour du poisson dans les filets. A l'occasion du Salon de l'Agriculture, promenade sur les quais d'un petit port qui fonctionne bien, de la criée à la cale des chalutiers.

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Quand la Turballe dort encore, le port de pêche prend des airs de bourse. Une bourse maritime, version coquillages et crustacés. Un Wall Street de Loire-Atlantique, où les requins de la criée préfèrent le ciré au costume repassé, les bottes en plastique aux chaussures cirées.
 

Il n’est pas encore 5 heures. A la criée, le poisson est prêt, les acheteurs aussi. Aujourd’hui on a du merlu, du merlan, du maquereau, des seiches, des coquilles saint-jacques, des encornets.  Pêchés la veille, préparés à la criée la nuit. Avant le lever du jour, ils seront sur les étals des boutiques et des grands supermarchés, à Nantes, à Paris, dans le sud-ouest et aux cinq coins de la France. D’ici six heures, peut-être, dans les assiettes des grands et des petits, avec une rondelle de citron ou un peu de beurre salé.

Debout devant l’écran des enchères et des caisses débordantes de poissons et de fruits de mers, commerçants locaux et mareyeurs se préparent, bipeurs à la main, à bondir sur le meilleur prix. Une vingtaine ont bravé la nuit glaciale de janvier pour venir choisir leur marée eux-même, en gros ou au détail. Mais à l’heure d’internet, même l’odeur du poisson frais ne suffit pas à attirer tous les acheteurs hors de leur lit. Aujourd’hui, 60% des clients de la criée participent à la vente en ligne. “ Ce service a attiré une nouvelle clientèle venue de toute la France, ceux qui ne pouvaient pas se déplacer. Ça a créé de l’activité, et de nouveaux emplois, pour l’acheminement”, se réjouit Sébastien Vorgne, le responsable des ventes à la criée.

Les clients sont au rendez-vous, le poisson aussi. La Turballe va bien. La criée voit son tonnage augmenter d’année en année : 9433 tonnes de produits de la mer à la vente en 2018 pour une valeur de 25 150 000 euros, soit 6% de plus que l’an passé.

“ Le poisson est de retour”, sourit Max Palladin, le directeur du port de la Turballe. “Vingt ans de sacrifice ont porté leurs fruits. On a diminué les flottilles par deux, on a imposé des quotas drastiques… Et aujourd’hui, la plupart des stocks de poisson sont revenus à un niveau de ressource satisfaisant”.

Si bien qu’aujourd’hui, les quotas, - la quantité maximale d’une espèce que les pêcheurs peuvent prélever chaque saison- réaugmentent. “ Evidemment, on reviendra jamais aux niveaux déraisonnables d’hyperproduction des années 1970. Il y a toujours des espèces en danger, qu’il convient de protéger. Mais d’année en année, les stocks autorisés augmentent. Cette année, c’était la Langoustine… La sole, aussi”.
 

 

Très bonne saison de thon germon

Le héros de l’année 2018 : le thon germon. Plus de 2000 tonnes pêchées cette année, le double de l’an dernier. Excellente saison également pour la sardine, pêche traditionnelle de la Turballe, comme à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Au XIXe siècle, c’est elle qui a fait la renommée du port.
La Turballe n’était alors qu’un modeste hameau. Après la découverte de l’appertisation pour stériliser les aliments, des conserveries fleurissent. Les hommes pêchent la sardine, les femmes les conditionnent : le port de développe.

Aujourd’hui, le blason de la ville arbore quatre sardines et 55 bateaux de pêche sont immatriculés à la Turballe.7ème port de pêche de France, mais premier de Loire-Atlantique,  la Turballe a su tirer son épingle du jeu, notamment en se mutualisant avec le port du Croisic, il y a sept ans. Les deux ports appartiennent à Loire-Atlantique Pêche et Plaisance, une société anonyme d’économie mixte qui gère les deux ports. Chaque port a sa spécialité : au Croisic, les crustacés. A la Turballe, les poissons bleus.  “ On a réussi à créer une vraie place de marché, où les acheteurs peuvent se procurer des gros volumes”, analyse Max Palladin. La spécialité de la Turballe ? La pêche pélagique, c’est à dire deux chalutiers d’une vingtaine de mètre qui traînent à deux un filet pour capturer l’anchois, le merlu, la sardine…. “ Des espèces fructueuses, et non en danger”, se réjouit le directeur du port.

Fort de ces bonnes tendances, le port de la Turballe voit plus grand : d’ici 2020 débuteront des travaux pour réaménager et agrandir les lieux: Un projet à hauteur de 43 millions d’euros, financé par le département, pour un chantier qui devrait durer huit ans.

A la criée, les caisses se vident, emportées vers les assiettes nantaises, et d’ailleurs. Dehors, la Turballe s’éveille, tranquillement. 6h35. Le premier commerce à ouvrir est le “bar des pêcheurs”. Filets de pêche dans les étagères, gouvernail au mur, photo de mouette sur le calendrier des pompiers. Tout y est. Peu de marins au bar des pêcheurs, eux ont déjà pris la mer, à cette heure. Mais à la Turballe,  300 familles vivent de l’océan. La pêche est partout.
 
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