Le 27 avril, le Belem a l'honneur suprême de transporter la flamme olympique du port d’Athènes jusqu’à Marseille, où il sera accueilli par une fête grandiose en l'honneur de cet événement historique. Une nouvelle page s'écrira alors dans l'histoire déjà légendaire de ce navire emblématique, classé Monument Historique en 1984.
Quatorze jeunes accompagneront, pendant 12 jours, la flamme olympique lors de cette traversée. Chacun des jeunes s’est illustré lors d’un stage de navigation, au large, par son abnégation, sa capacité d’adaptation, son goût des autres et sa force d’initiative.
L’honneur olympique pour le Belem !
Parmi eux, Éléonor Budak. À l’issue d'un premier mois à l’École de la 2ᵉ chance, Miloud, l'un des formateurs, propose aux élèves de participer à un stage sur le trois-mâts, deux jours d’insertion. Les 13 et 14 mai 2023, elle découvre un monde dont elle ne sait rien, mais se lance à fond.
Hisser les voiles, tenir les bouts, faire la veille, enchaîner les quarts, faire le ménage, rien ne l'arrête. Sur cette session, ils étaient seulement 4 ou 5 à ne pas avoir le mal de mer. Tout le monde est tombé malade. Elle a raconté sa première journée à bord à Julie Hattu pour le magazine Envie Dehors.
Le Belem, gardien de la mémoire maritime
Depuis plus d'un siècle, le Belem incarne l'élégance et la grandeur des grands voiliers du XIXe siècle. Une époque révolue où les océans étaient sillonnés par ces majestueux navires de commerce. Il est le dernier vestige encore en navigation de cette période glorieuse de l'histoire maritime française.
Avec ses trois mâts à phare carré et sa coque en acier, ce navire emblématique a été mis à l'eau le 10 juin 1896 à Nantes. Depuis, la ville demeure son port d'attache, témoignant de son lien indéfectible avec ses racines.
Ainsi naît le Belem, nommé d'après le port brésilien où les armateurs ont établi leur comptoir commercial. Après six mois de construction aux chantiers Dubigeon à Chantenay-sur-Loire, le Belem voit enfin le jour, prêt à prendre la mer et à écrire sa propre légende.
Au fil des décennies, le Belem a connu différentes vies et a traversé diverses époques. Tour à tour navire marchand, yacht de luxe britannique, puis navire école italien, sa destinée est marquée par de multiples péripéties.
En 1979, la Caisse d'Épargne décide de lui garantir une nouvelle vie en le rachetant et en créant la Fondation Belem, dans le but de préserver ce joyau du patrimoine maritime français. Depuis lors, le Belem navigue à travers les océans, portant fièrement les couleurs de la France lors de célébrations et d'événements prestigieux.
Une restauration extraordinaire pour sauver le Belem à Saint-Nazaire
Le Belem bénéficie chaque année d'une période de réparation et d'entretien lorsqu'il n'est pas en haute mer. Cependant, à Saint-Nazaire, berceau des géants des mers, le Belem a été soumis à une restauration d'envergure, une opération spectaculaire qui a préservé son héritage pour les générations futures.
L'un des défis les plus monumentaux de cette restauration sans précédent a été le remplacement d'une partie de la coque pesant 25 tonnes, située sous la cale de la salle des machines. Cette intervention était nécessaire pour contrer la corrosion naturelle des tôles d'acier, assurant ainsi la sécurité du navire lors de ses futures traversées en mer.
Le défi était immense. Les plans d'origine du Belem étaient introuvables, rendant la tâche encore plus complexe. Pour relever ce défi, une équipe basée à Dieppe a dû intervenir pour créer une modélisation 3D complète du navire, permettant de guider les travaux de restauration avec précision.
Cette restauration exceptionnelle, d'un coût total de 2 millions d'euros, a été rendue possible grâce au soutien financier de la Fondation Belem, de la DRAC, de la ville de Nantes et de généreux donateurs.
Embarquer : une école de vie pour les marins en herbe
Chaque année, le Belem, majestueux navire école, reprend le large en juillet, embarquant à son bord des stagiaires prêts à relever les défis de la navigation à voile. Avec un équipage de 16 marins expérimentés, il nécessite toujours de la main-d'œuvre supplémentaire pour manœuvrer ses 22 voiles. Le Belem propose une opportunité unique à une vingtaine d'élèves de l'École de la 2ᵉ chance.
Pour ces jeunes en réinsertion scolaire et professionnelle, cette expérience à bord du Belem représente bien plus qu'une simple aventure maritime : c'est une leçon de vie inestimable.
À bord du Belem, tout le monde met la main à la pâte : nettoyage du pont, lustrage des cuivres, hissage des voiles. Pendant deux jours, au large de la Loire-Atlantique et de la Bretagne, ces stagiaires plongent dans la vie de marins.
Les stages à bord du Belem offrent une occasion unique de découvrir les différents espaces de vie et de navigation à bord, d'échanger avec l'équipage et de s'immerger dans l'atmosphère envoûtante de ce navire chargé d'histoire.
Pour Claire Bouillet, membre d'équipage du Belem, la navigation à bord dépasse les questions de genre : c'est un travail d'équipe où chacun trouve sa place, où la solidarité et le respect sont les maîtres-mots.
Parce qu'au-delà des défis de la vie en mer, c'est une communauté unie qui prend le large, portant fièrement les couleurs du Belem à travers les océans.
Être une femme dans un métier masculin ne pose pas de problème. C'est un travail physique, mais là, ce n'est pas une question de genre. Après les questions de vie à bord, c'est hypertranquille, on se connaît parfaitement, car on reste ensemble pendant deux mois.
Claire Bouilletmembre d'équipage du Belem
Les défis du matelot
La vie de matelot est une expérience à part entière, rythmée par les quarts de travail et les défis de la navigation en haute mer. Pour beaucoup, la prise de quart à quatre heures du matin est redoutée. Elle demande une discipline rigoureuse et une capacité à affronter le froid mordant de l'aube. Pourtant, c'est aussi un moment privilégié où l'on peut être témoin de la beauté saisissante de l'océan qui s'éveille à la lumière naissante du jour.
Pendant ce quart, les marins changent de poste à quatre reprises, assumant différentes responsabilités cruciales pour la sécurité et la navigation du navire. Du poste de veille, où l'on guette les éventuels dangers, au poste de disponibilité pour les manœuvres à venir, en passant par la barre pour maintenir le cap, chaque minute compte et demande une vigilance constante.
Les dernières heures du quart sont particulièrement exigeantes, car les marins doivent revisiter tous les postes en alternance toutes les 20 minutes pour éviter l'assoupissement. C'est un défi mental et physique qui teste la résistance et l'endurance de chacun à bord.
Pour les stagiaires en formation, l'apprentissage de la navigation ne se limite pas aux quarts de travail. Chaque stagiaire est initié à l'art de barrer le navire, de tenir le cap et d'entretenir les équipements essentiels à bord. Parmi les tâches les plus excitantes, figure l'ascension des mâts, une expérience vertigineuse.
À près de 34 mètres au-dessus de la mer, l'ascension des mâts demande courage et détermination. Les plus audacieux décident de relever ce défi, franchissant chaque palier avec bravoure pour atteindre le sommet et contempler l'horizon infini qui s'étend devant eux.
La vie à bord d'un navire est une aventure sans pareille, où chaque jour apporte son lot de défis et de découvertes. Pour ceux qui ont le privilège de naviguer sur les eaux tumultueuses de l'océan, chaque instant est une leçon de vie et une source inépuisable d'inspiration.
La silhouette majestueuse et son histoire riche en rebondissements font du Belem, un véritable trésor national, un témoin précieux du passé dont la présence sur les mers incarne la beauté intemporelle de la navigation à voile.
Ne manquez pas cette aventure captivante ! Regardez Envie Dehors, présenté par Julie Hattu ce dimanche 28 avril à 12 h 55, ou retrouvez l'émission en replay sur France.tv dans notre collection Envie Dehors.
Envie Dehors !
Magazine d'aventure (26 minutes)
Production exécutive : Les Nouveaux Jours
Producteur : Maël Mainguy
Réalisation : Aurélien Bonnet
Rédaction en chef : Alexandra Lahuppe