Depuis près de 70 ans, les habitants de Saint-Aignan de Grand Lieu célèbrent le lac de Grand Lieu. L’occasion de faire un tour en barque sur la première réserve ornithologique de France, habituellement interdite à la navigation, et de faire le point sur un milieu impacté par les effets du dérèglement climatique.
À l’abri de l’agitation citadine, c’est un refuge précieux pour les centaines d’espèces d’oiseaux qui migrent ici chaque année.
Il suffit de s’installer devant l’une des rares fenêtres sur le lac de Grand Lieu, pour les apercevoir. Et, bénéficier d'une vue imprenable sur les oiseaux qui y vivent.
Situé sur une voie de migration littorale à proximité de l’océan et de la Loire, le lac de Grand-Lieu accueille 270 espèces d’oiseaux, ce qui en fait la deuxième réserve ornithologique française après la Camargue.
Héron pourpré, aigrette, garzette, s'y ébattent. Depuis quelques années, ces espèces, présentes ici depuis des décennies, ont de nouveaux colocataires, comme l’ibis sacré.
"Il y a des espèces nouvelles par ce qu'il y a le réchauffement climatique, donc elles sont venues du sud vers le nord. Ça fait de la concurrence pour les oiseaux, les passereaux les plus communs sont en nette très nette diminution" constate Henri de Cayeux, Président du groupe nature de Saint-Aignan de Grand Lieu.
La flore, elle aussi, subit les effets du dérèglement climatique
Sur le lac cette fois, d'autres effets sont visibles comme le notent les habitués du lieu. Depuis sa barque, Christophe Guillet, le président de l'association des Pigouilleurs de Grand Lieu, s'en inquiète.
"On s’aperçoit que les bancs de nénuphars, il n'y en a pratiquement plus par endroits, ils disparaissent ou ils ont bougé. C'est embêtant pour certaines races d'oiseaux qui ont l'habitude de nicher dans ou sur les nénuphars"
Les périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes, mettent aussi à mal le niveau de l’eau, pourtant géré artificiellement. Puisqu’il n’a pas assez plu cet hiver, les vannes chassent moins d’eau vers la Loire.
'Ça veut dire sans doute un envasement plus rapide de Grand Lieu donc des hauteurs d’eau qui diminuent et donc un échauffement de l'eau. Et, qui dit échauffement de l’eau, dit modification, forcément, de la biodiversité.
Il y a des espèces qui ne vont pas s'y retrouver, qu’elles soient végétales ou animales et, d’autres espèces vont prendre le dessus par ce qu'elles préfèrent effectivement les eaux plus chaudes".
constate Jean-Claude Lemasson, le maire de Saint-Aignan de Grand Lieu.
Un réchauffement qui profite notamment aux écrevisses de Louisiane et aux ragondins.