Bien reconnaissable avec son sourire facétieux, c'est un hommage à l'acteur jean-Pierre Bacri, récemment décédé, qui orne désormais un des murs du quartier "les Justices" à l'est d'Angers. Rencontre avec son créateur, le street-artist angevin Al1.
Ce n'est pas la première fois que l'artiste de street art Al1 (alias Alain Guilloteau) rend hommage à une personnalité récemment disparue sur les murs de sa ville.
Au mois d'avril dernier il avait affiché un portrait géant du chanteur Christophe sur les murs de son quartier "les Justices" à l'est d'Angers.
L'oeuvre patinée par les embruns et le vent est restée plusieurs mois en place avant d'être retirée par l'artiste lui-même.
Ce lundi 25 janvier c'est donc le visage d'une autre personnalité bien connue qui a remplacé celui du chanteur.
Un hommage au ronchon humaniste
C'est l'acteur Jean-Pierre Bacri qui s'affiche désormais sur un des murs de la Maison de quartier Le Trois-Mâts, laquelle diffuse aussitôt la nouvelle sur ses réseaux sociaux.
Quand la culture s'invite là ou c'est encore possible... Belle rencontre improvisée ce matin Place des Justices avec l'artiste du quartier Alain Guilloteau, sur la façade de @letroismats . #streetart #Angers ##CultureAngers pic.twitter.com/peevApVKBk
— Le Trois-mâts (@letroismats) January 25, 2021
"J'aimais bien le bonhomme et son humanisme", explique Alain Guilloteau, "c'était quelqu'un d'une grande culture et de très fin dans ses interventions".
Ne pas s'arrêter donc à l'image du "ronchon" que véhiculait parfois la presse à son égard.
Pourquoi le pastel? "Parce que c'est un matériau trés simple et trés dur à la fois, et puis aussi pas couteux" ajoute l'artiste angevin.
Sur son site internet Al1 ne cache rien de son parcours atypique et de l'accident dramatique qui a failli lui couter la vie et a fait basculer son parcours professionnel.
Un lanceur d'espoir
Formé au Beaux-Arts de Poitiers l'homme, aujourd'hui âgé de 58 ans, a travaillé dans la formation et dans l'informatique.
Au mois de novembre 2011 il est victime sur son lieu de travail d'un arrêt cardiaque avec mort subite récupérée.
Au bout de 10 jours d'hospitalisation en cardioogie il en ressort vivant. Et changé.
"Aujourd’hui, la vie a une autre couleur et prend un tout autre sens" écrit sobrement Alain Guilloteau sur son site.
Celui qui se sent désormais "lanceur d'espoir", veut aussi faire partager au grand public ses propres coups de coeur.
Un merci aux premiers de corvée
Ainsi, au moment de la pandémie il affiche un collage géant, en hommage aux "premiers de corvée" comme on les a appelés à l'époque.
A savoir le personnel soignant mais aussi les pompiers, les caissières de supermarché, les chauffeurs de bus et les facteurs.
Un collage géant qu'il déploie cette fois-çi place La Rochefoucauld en plein centre-ville d'Angers.
A proximité du CHU de la ville, en vis-à-vis avec un parking où le personnel soignant gare ses véhicules.
Il réitère son geste pour un portrait de Samuel Paty qu'il affiche dans son quartier le jour de la commémoration nationale d'hommage au professeur décapité, le 22 octobre dernier.
Une photo relayée sur les réseaux sociaux qui fera plusieurs millions de vues en quelques jours.
En 2015, c'est un hommage au monde sportif qui le pousse cette fois à réaliser sur un mur extérieur du stade Jean-Bouin, un portrait de Sacha Clémence.
Cet attaquant du SCO d'Angers est l'un des héros du dernier match de la saison qui a permis à son équipe de monter en ligue 1.
Désormais, comme tout artiste qui se respecte, Al1 se sent pousser des ailes, et trouve les murs d'Angers sans doute trop petits.
Il a en projet de venir apposer sa patte sur les murs nantais, pour une image dont il garde le secret, comme tout artiste de street-art, cet art de l'éphémère, aime à le faire.