Angers : le Docteur Bonnemaison, mis en difficulté, se défend de toute "intention de faire mourir"

L'ex-urgentiste Nicolas Bonnemaison, jugé en appel devant la Cour d'assises du Maine-et-Loire pour "l'empoisonnement" de sept personnes en fin de vie, a été mis en difficulté lundi par plusieurs soignants, mais a réfuté toute "intention de faire mourir" ses patients.

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L'audience, entrée hier dans sa deuxième et dernière semaine, s'est penchée sur les cas de deux patientes: celui de Françoise Iramuno, décédée à 86 ans, deux jours après son admission en avril 2011 dans le service des urgences de l'Hôpital de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où exerçait le praticien; et celui de Marguerite Buille, décédée un mois plus tard, à 72 ans, trois jours après son arrivée.

Acquitté lors d'un premier procès à Pau en 2014, le médecin, une nouvelle fois, a reconnu avoir procédé à des injections pour, selon lui, mettre fin à des souffrances: de l'hypnovel, un puissant sédatif pour la première, et de l'hypnovel puis du norcuron, un médicament à base de curare, pour la deuxième.
Comme en première instance, l'infirmière et l'aide-soignante qui s'occupaient de Mme Iramuno ont raconté leur malaise à la suite du décès brutal de la vieille dame, intervenu "très rapidement" après l'injection. Hospitalisée après un accident vasculaire cérébral hémorragique et plongée dans le coma, l'octogénaire était finalement décédée d'un arrêt cardiaque.

Une rapidité qui avait "choqué" les deux femmes, lesquelles ont contesté à la barre tout aspect apparent de souffrance peu de temps auparavant. Elles ont également déploré l'absence d'explications de la part d'un médecin, injoignable, selon elles, après avoir été informé du décès, et qui n'était pas là pour recevoir la famille.

Racontant la difficulté "quand on est petit personnel, de dénoncer un médecin", elles ont aussi rappelé le pari d'un gâteau au chocolat fait par l'urgentiste avec un aide-soignant sur le décès rapide de l'octogénaire, la veille de sa mort. Un autre pari de ce type a été évoqué plus tard par d'autres soignants concernant Mme Buille. "Des propos odieux", a reconnu le médecin, mais qui servaient, selon lui, à "évacuer la tension" et n'ayant pas "vocation à être racontés".

Principe de précaution ​

"Le matin, quand je prends en charge Mme Iramuno, le tableau est catastrophique, celui d'une patiente en fin d'agonie", a décrit le médecin. Concernant les injections, "ça n'a jamais été mon intention de faire mourir les patients", a-t-il assuré, "même si je sais que ça peut accélérer la mort".
"Ce n'est pas le but, c'est un effet secondaire", s'est-il défendu, parfois déstabilisé par les questions insistantes de la présidente sur la nécessité de l'utilisation du sédatif, sur le fait qu'il n'ait jamais noté cette injection dans le dossier médical et pratiqué l'injection "d'un coup", sans échelonnement.
"Si je n'écris rien, c'est parce que j'agis seul", s'est justifié Nicolas Bonnemaison. "Cinq milligrammes d'hypnovel n'ont jamais tué un patient en deux minutes", a-t-il insisté.

Concernant Marguerite Buille, s'appuyant sur ses notes, le médecin a expliqué méthodiquement qu'après l'injection d'hypnovel, des "gasps" (grandes inspirations très bruyantes et impressionnantes) sont apparus. "J'ai utilisé alors l'ampoule de norcuron pour le respect du principe de précaution, on ne sait pas si elle souffre psychiquement", a-t-il ajouté.

Loué pour son empathie par l'époux de Mme Buille, désormais décédé, mais dont le témoignage a été diffusé via une interview à la radio, le praticien a toutefois reconnu des "erreurs", un "manque de communication" à l'égard du personnel soignant et des proches de Mme Iramuno, partie civile avec une autre famille. Aucune n'a en revanche porté plainte.

"Je suis formel, je n'ai jamais rencontré M. Bonnemaison, jamais", a témoigné le fils de l'octogénaire, Pierre Iramuno, estimant qu'on lui avait "volé les derniers moments" avec sa mère. "Si on avait su qu'elle souffrait et qu'on pouvait faire quelque chose, on aurait été d'accord", a renchéri sa belle-fille.
"Mes erreurs elles sont là: vis-à-vis de M. et Mme Iramuno", a concédé le médecin. "Quoi que j'ai fait, visiblement, je ne l'ai pas fait suffisamment bien". Le procès doit s'achever le 24 octobre, Nicolas Bonnemaison encourant la réclusion criminelle à perpétuité.
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