"Attention Paris, on arrive" ! : le cri des supporters du SCO, amusés, résume le début de saison insensé d'Angers, promu propulsé à la 2e place après 9 journées de L1 ; un "rêve éveillé" qui peut durer si l'état d'esprit perdure, comme le savoure le coach Stéphane Moulin.
Samedi soir, dans les coulisses du Stade Jean-Bouin d'Angers, Moulin était un sérieux prétendant au titre officieux d'entraîneur le plus heureux de France grâce à sa victoire (1-0) sur Bastia, la cinquième de la saison pour trois nuls et une défaite. Et dimanche soir, après les autres résultats (notamment le nul de Rennes et la défaite de Saint-Etienne), Moulin était comblé : Angers était bien 2e à la lecture du classement !
C'est un peu du rêve éveillé. Quelque part, on a même l'impression que ça n'a pas de sens. C'est incroyable d'être deuxième après 9 journées avec une moyenne de deux points par match",
a reconnu le technicien, tout sourire.
Contre les Corses, son équipe a livré une prestation maîtrisée dont il s'est lui-même reconnu "surpris": "là, un peu quand même, sincèrement, parce que c'est la première fois qu'on a une telle emprise sur le match". A tel point qu'il ne pense pas que son équipe puisse "faire beaucoup mieux, dans
la maîtrise, dans la manière de jouer".
A l'entendre, il se sentirait presque "inutile"... "Sincèrement je ne voyais pas ce que je pouvais pas apporter de plus", a-t-il ainsi avancé pour expliquer le
fait qu'il ait attendu les dix dernière minutes pour faire son premier changement. De même, quand on lui demande comment son équipe pourrait encore s'améliorer,
il "sèche": "Progresser c'est ne rien changer actuellement". Réputée pour sa solidité défensive et son impact physique, Angers a su ajouter contre Bastia "des séquences de jeu vraiment d'un très très bon niveau".
Champion de France d'état d'esprit
"On peut nous dire qu'on est une équipe qui défend bien, ce qui est vrai, mais je voulais dire aussi que l'équipe ne fait pas que défendre. Contre Bastia elle l'a prouvé", a souligné le technicien. Mais sa plus grande satisfaction est sans doute de voir que l'état d'esprit de ses joueurs, leur appétit - la fameuse "dalle angevine" - était intacte, malgré la belle victoire (2-1) ramenée de Marseille le dimanche précédent.
"Le seul domaine où on peut être champion de France, c'est l'état d'esprit", avait-il martelé avant le début de la saison, et samedi ses joueurs ont prouvé qu'ils "avaient encore envie, ils n'étaient pas rassasiés". Les esprits chagrins pourront toujours avancer que le calendrier du promu était relativement favorable : Angers a joué les trois derniers du classement, Montpellier, Troyes et Ajaccio et s'apprête à défier une équipe
en perdition, Toulouse, 17e, la semaine prochaine.
Mais "sur les matches qu'on a joués, on a rien volé à personne. Il y a pas un match où on a fait un hold-up. Donc je trouve que notre nombre de points aujourd'hui, aussi surprenant que cela puisse paraître, est mérité", leur a répondu l'entraîneur. Des points qui pourront s'avérer précieux dans les semaines à venir, quand le calendrier se compliquera, avec notamment un mois de décembre où les Angevins recevront Paris SG et Bordeaux et se déplaceront à Lyon et Saint-Étienne. Si les Angevins continuent à jouer sur un nuage...