Le ministre de l'Agriculture, invité au congrès de la FNSEA à Angers, a annoncé jeudi 30 mars que les prélèvements d'eau pour l'irrigation ne seraient pas réduits. Cette position est décriée au sein de la Confédération paysanne de Vendée, qui estime qu'elle n'est pas à la hauteur de l'urgence climatique.
C'est une goutte de plus dans un vase qui a déjà débordé pour la Confédération Paysanne.
"Je trouve ça scandaleux. Ces annonces ne vont pas dans le sens d'une économie d'eau et des enjeux du changement climatique", assène Pascal Sachot, paysan et porte-parole du syndicat en Vendée.
Il récrie les propos tenus par le ministre de l'Agriculture jeudi au congrès de la FNSEA, fédération agricole majoritaire.
Marc Fesneau y a déclaré qu'aucune réduction de prélèvements d'eau pour l'irrigation ne sera demandée aux agriculteurs. Le niveau de prélèvement restera stable, mais devra irriguer davantage de surfaces en raison du réchauffement climatique.
Un quota d'eau maximum par exploitant
Cette stratégie de gestion de l'eau est en contradiction avec celle préconisée par la Confédération Paysanne.
Le syndicat recommande de mettre en place des quotas maximums d'eau "autour de 30 000 à 40 000 m3 par exploitant, alors que certains consomment 300 000 m3 aujourd'hui". Il conseille donc de mettre fin aux quotas historiques, axés sur des volumes de référence datant du début des années 1990.
Il faudrait aussi réduire les surfaces de maïs, très consommatrices d'eau, et les remplacer par des cultures légumières "pour assurer la sécurité alimentaire", explique Pascal Sachot.
Les pratiques agricoles peinent à évoluer
Ces mesures ne semblent pas faire partie du plan du gouvernement, qui table sur "une préservation de l'eau pour que les agriculteurs puissent produire, de la sobriété et des évolutions de pratiques", selon le ministre.
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"C'est incohérent, rétorque Pascal Sachot, ça fait 20 ans qu'on donne du temps aux agriculteurs pour évoluer. Plus on leur a donné du temps, plus les exploitations se sont agrandies et plus les agriculteurs se sont éloignés des enjeux sociétaux."
Pour avoir une vraie transition, il ne faut pas 100 000 "agri-managers" mais 1 million de paysans qui prennent soin des milieux sensibles comme les haies.
Pascal SachotPorte-parole de la Confédération Paysanne de Vendée
Un problème global, au-delà de l'irrigation
"La transition agroécologique nécessaire n'a pas commencé, lance Pascal Sachot, c'est un problème global, l'irrigation en est une partie mais il y a aussi la question de l'utilisation des produits phytosanitaires et le besoin de restaurer la biodiversité sur les exploitations."
Destruction des haies et des zones humide, drainages, disparition du humus, la matière organique du sol qui "agit comme une éponge pour retenir l'eau. Depuis 50 ans, on a tout fait pour relâcher l'eau du sol", regrette le porte-parole.
Vers une "guerre de l'eau" ?
Pascal Sachot s'inquiète aussi de la réception de l'annonce par d'autres acteurs, industries et citoyens, auxquels des efforts vont être demandés.
"Les concitoyens qui ne peuvent pas remplir leur piscine ou arroser leur pelouse ne vont pas accepter ça. On va vers une vraie guerre de l'eau", déclare-t-il avec gravité, inquiet de la radicalité des "jeunes générations qui ne veulent plus négocier" face à l'urgence climatique.