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DOCUMENTAIRE. "Les Étincelants", une ode à l'enseignement technique et aux métiers ouvriers

Une année en immersion à l’Institut de Formation Technique de l’Ouest à Cholet dans le Maine-et-Loire. Ici, les jeunes apprennent la chaudronnerie, mais aussi la rigueur, le respect et l'estime de soi. Le documentaire "Les étincelants" est un vibrant hommage aux élèves de l’enseignement technique et aux métiers ouvriers.

Un enseignement rigoureux

Le cadre est strict et de l’aveu même de l’équipe pédagogique, il faut deux semaines aux nouveaux arrivants pour s’y faire. À l’IFTO, l’apprentissage du métier nécessite d’accepter une vie collective au sein d’un internat à la discipline toute militaire.

Aucun retard n’est admis aux repas ni bien sûr aux cours, les chambres doivent être rangées avant de descendre au petit-déjeuner, les heures de sport après la journée en atelier ne sont pas optionnelles, les sorties en ville ne sont pas autorisées. L’usage des téléphones n’est permis qu’une heure par jour. En revanche, pas besoin d’uniforme : la tenue ici, c’est la cotte de travail.

L’IFTO appartient à la Fédération Nationale des Écoles de Production, un réseau d’établissements privés d’enseignement technique reconnus par l’État. On y accueille des jeunes de 15 à 18 ans, sans critères liés à leur parcours scolaire ou à leur niveau de connaissances, pourvu qu’ils se montrent motivés et porteurs d’un projet. En s’appuyant sur des entreprises partenaires, l’école fabrique des pièces qui lui sont commandées, et les livre.

Pour autant, résumer l’IFTO à une école pour décrocheurs à qui il suffirait d’imposer un régime disciplinaire pour les faire réussir à l’examen serait une erreur. Dans les matières professionnelles et générales, les enseignants sont omniprésents, bienveillants, patients auprès d’élèves pour beaucoup en manque de confiance, abîmés par l’échec scolaire.

Des parcours différents

Témoignage après témoignage, alors que l’année scolaire avance, Ilan Teboul dévoile les parcours contrastés de ces ados qui, comme le dit Jean-Marc, le maître d’internat, ont pour certains "besoin d’être décabossés", comme la tôle qu’ils travaillent chaque jour.

Martin qui a tendance à abandonner quand il n’arrive pas à quelque chose, et qui voudrait avoir davantage de temps libre. Hortense, bonne élève au collège, mais qui a décidé d’elle-même " d’apprendre quelque chose de concret, de se sentir utile ", elle est en filière Bac Pro. Nora, sa meilleure amie qui trouve que chaudronnière, c'est un joli mot, mais dont les moqueries qu’elle subissait au collège ont fragilisé le peu de confiance en elle qu’il lui restait.

Autant de jeunes gens qui s’échinent à apprendre à lire des plans avec rigueur, mesurer la tôle avec une précision extrême, la découper à l’aide de machines numériques, lui donner forme et volume, la souder pour en faire toutes sortes de pièces et de volumes. Cela n’est pas à la portée du premier venu, et c’est cette prise de conscience – et de confiance – qui est au cœur du film.

L'apprentissage pour réussir

Il faut alors écouter Vhisna : "taper avec un marteau de six kilos, ça n’est pas rien. Je me sens puissant. Je n’ai jamais été aussi déterminé de ma vie, je ne me reconnais pas ! J’ai juste envie de réussir ". L’envie aussi de montrer à son père ouvrier qu’il admire tant parce qu’il sait tout faire, qu’il a de qui tenir. Et puis il y a Noah, petit garçon turbulent en primaire parce que DYS, vite dirigé vers une classe Ulis où il ne se sentait pas à sa place, et qui est entré à l’IFTO pour obtenir une certification professionnelle. Il dit que le CAP ça n’est pas pour lui, ça lui demande une concentration dont il n’est pas capable. Mais ses stages en entreprise lui valent des louanges. La pédagogie du " faire pour apprendre " est faite pour lui.

Des cours au CAP Blanc puis à l’épreuve elle-même, la caméra de Ilan Teboul nous donne à voir un collectif en apprentissage d’un métier, mais aussi de la fierté et de la maturité qu’il requiert. L’école place le goût de l’effort en vertu cardinale, afin d’inculquer une forme de dépassement de soi, qui n’est possible que par une réhabilitation de l’estime de soi.

Pari gagné quant à la fin du documentaire, l’explosion de joie à l’annonce des résultats du CAP prend des allures de victoire en finale de Coupe du Monde alors qu’on n’y croyait pas.

Tous admis. Tous ensemble. Étincelants.

"Les étincelants" un documentaire (52’) de Ilan Teboul

Une production Program33 avec la participation de France Télévisions

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