Invasion de fourmis géantes : la Tapinoma Magnum gagne du terrain dans l'ouest

Cela pourrait être un remake du film "Les Oiseaux" version fourmis. La Tapinoma Magnum, une espèce de fourmi méditerranéenne, gagne du terrain et donne des sueurs froides aux habitants de Saumur mais aussi d’Ancenis, Bouchemaine ou de Batz-sur-Mer . Ces fourmis envahissantes sont partout et sont très résistantes.

"J’ai acheté cette petite maison, il y a 9 ans pour y passer une retraite tranquille mais depuis 5 ans, c’est l’enfer", explique Sylvie Leroy, une habitante du quartier des Violettes à Saumur.

Dans ce quartier pavillonnaire, les fourmis envahissantes ressortent dès que les beaux jours arrivent pour le plus grand désarroi des 220 foyers saumurois concernés par ce fléau.

L’hiver, elles se cachent à 30 à 40 cm sous terre. "Chez moi, sur mon terrain de 800 m², j’ai trois énormes fourmilières. Ça grouille de partout. Je ne peux pas profiter ni de mon jardin ni de ma terrasse. C’est un cauchemar. Ce sont des colonies !"

C’est vrai La Tapinoma Magnum peut mordre et non piquer, mais c’est sans risque. Elle n’a pas de venin. Et pour la reconnaître, un test tout simple : quand on écrase cette fourmi, elle dégage une odeur de beurre rance.

Pas moins de 18 hectares à Saumur sont envahis par la Tapinoma Magnum, d’ordinaire plutôt présente sur le pourtour méditerranéen.

Alain Lenoir, professeur émérite à l’Institut de Recherche sur la Biologique des insectes de Tours est venu constater le phénomène l’été dernier. 

"J’ai été impressionné par la quantité de fourmis,
Ça fait partie de toutes les espèces invasives, comme le frelon asiatique, qu’on voit partout dans le monde avec les déplacements humains. Il suffit d’une plante , d’un pot de fleurs avec une reine et quelques ouvrières", racontait-il en juillet dernier lors de l’un de nos reportages.

Une aide de 50 euros par foyer et par an

Devant cette invasion, la mairie de Saumur a décidé de lancer un plan d’attaque après avoir essayé plein de choses et surtout des produits pour s’en débarrasser depuis des années.

"Nous allons aider financièrement les habitants de ce quartier des Violettes à lutter contre ces fourmis. Pourquoi ? Les traitements doivent être réalisés par des entreprises spécialisées", détaille Loïc Bidault, adjoint à l’environnement à la ville de Saumur.

50 euros par foyer et par an seront apportés sur une durée de trois ans. En parallèle, les agents de la ville vont traiter tous les espaces publics tous les quinze jours pour traquer la fourmi envahissante.

Une société est intervenue ce lundi chez Sylvie Leroy. Les techniciens ont pulvérisé du produit dans le jardin et mis une sorte de poudre blanche dans la maison.

"Pour le moment, je ne vois plus de fourmis. Mais ça va durer combien de temps ?  On croise les doigts", indique la membre du collectif d'habitants.

La société doit revenir traiter au début de l'été puis en septembre.

Limiter mais pas empêcher 

L’entomologiste François Meurgey est dubitatif sur l’efficacité de ces traitements dits bio. "Dès qu’une espèce exotique apparait dans la nature, il est illusoire de vouloir éradiquer ces fourmis envahissantes et non invasives. On peut les limiter mais pas les empêcher", prévient l'entomologiste du Muséeum d’histoire naturelle de Nantes.

Quelles solutions alors pour s’en débarrasser ? "Il faudrait des contrôles sanitaires à tous les aéroports et ports français pour traquer les insectes contenus dans les plantes importées par exemple. Les plantes exotiques achetées par les jardineries ne subissent pas de quarantaine. Aux EtatsUnis, c’est obligatoire", précise le scientifique.

La Tapinoma Magnum colonise peu à peu l’ouest de la France. Elle a été détectée le long de la Loire, à Ancenis, en Loire-Atlantique, à Bouchemaine, dans le Maine-Loire ou bien encore sur le littoral à Batz-sur-Mer.

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