Le Tribunal de Grande instance de Paris a demandé à Facebook de retirer une page de l'association Boucherie Abolition qui traitait la FNSEA et sa présidente de "zoocriminelle ".
L'association Boucherie Abolition s'est fait connaître à Toulouse et s'en prend régulièrment aux boucheries et aux élevages industriels pour dénoncer ce qu'ils appellent un "holocauste", un "génocide", un "système fasciste et esclavagiste".
Ses militants organisent des actions coups de poing et revendiquent dans un manifeste l'abolition universelle de la boucherie et de l'élevage et l'interdiction de la zoophagie.
Pour eux, les consommateurs de viande sont des "zoophages", les abattoirs sont des "camps d'extermination", les éleveurs des "kapos" et des "esclavagistes" qui pratiquent la "torture" sur leurs animaux; les bouchers, charcutiers et poissonniers sont des "vendeurs de haine" qui "commercialisent le charnier".
Le combat contre un système
Bref, c'est tout un "système exterminateur et criminel" qu'ils combattent à commencer par les multinationales comme Nestlé, Lactalis, Bigard ou Allice mais aussi l'Etat, le Ministère de l'Agriculture qu'ils rebaptisent ministère de "l'agritorture" et l'INRA, l'institut de recherche agronomique.
La FNSEA est régulièrement ciblée mais ce qui a déclenché la colère de sa Présidente Christiane Lambert, éleveuse de porcs à Bouillé-Ménard dans le Maine-et-Loire, c'est la publication de plusieurs articles portant atteinte à sa vie privée et jugés "injurieux et menaçants" par la FNSEA. Boucherie Abolition y appelait notamment à des actions à Paris le 1er décembre 2018.
Dans un article intitulé "Balance leurs zoocriminels", il était écrit "Pour démontrer comment fonctionne le système zoophage, montrons le visage, le nom et l’adresse des plus grands tortionnaires de l’Histoire". Y figuraient des photos du Président de l’INRA, du ministre de l’Agriculture, de Christiane Lambert et des présidents de coopératives animales, d'Interbev et du Comité Interprofessionnel du Foie Gras.
Le retrait exigé par le TGI de Paris
La FNSEA a porté plainte et obtenu le 28 novembre le retrait des contenus visant Christiane et la FNSEA dans un délai de 24h avec une alerte au Parquet.
Le tribunal de grande instance de Paris a prononcé deux ordonnances en ce sens : l'une vise OVH, l’hébergeur du site internet de l'association, l’autre la page Facebook qui relaie les articles.
Mais Boucherie Abolition a continué à publier des posts sur sa page Facebook considérant qu'il s'agissait d'une "censure" et d'une "atteinte à la liberté d'expression".
Le 7 décembre, une autre ordonnance du tribunal demande la fermeture en totalité du compte Facebook pour obtenir la suppression des posts reprenant les propos et visuels concernant la FNSEA. Finalement la page Facebook sera retirée le 18 décembre.
Depuis cette affaire, Christiane Lambert a pris des dispositions dans son élevage pour protéger son personnel. Elle s'attend sans doute à des mesures de rétorsion de la part de ces militants très acharnés.