Les nappes souterraines bénéficient des excédents d'eau constatés depuis plus d'un mois sur la région. Mais celà n'évacue pas complétement les risques en cas de nouvelle sécheresse. Les explications de trois spécialistes .
Il a plu, beaucoup plu dans la région ces dernières semaines. Des pluies abondantes qui ont gorgés les sols d'eau. "A la fin janvier de cette année l'humidité des sols est excédentaire jusqu'à 30%" explique Stéphanie Poligot-Pitsch, responsable de la division Hydrologie, Hydrométrie et Prévision des Crues de la DREAL des Pays de la Loire (Directions Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). Cet organisme édite chaque mois un bulletin de situation mensuel "Hydrologie" sur la région. Cet excédent d'humidité explique les récents débordements des cours d'eau et inondations qui ont eu lieu.
Les rivières sont les réceptacles naturels de ce qui ne s'infiltre pas dans le sol. Chaque fois que la couche superficielle du sol est saturée l'eau a deux chemins possibles. Soit elle reste en surface et va dans les rivières soit elle s'enfonce dans le sol
Les fortes pluies de cet hiver ont nettement amélioré les nappes superficielles de la région en terme de recharge (les nappes superficielles sont celles comprises entre 10 et 40 mètres de profondeur). Sur les nappes plus profondes il faut plus de temps pour qu'elles reviennent à niveau. Pour Alexander Norie le directeur du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) des Pays de La Loire. "Cette recharge n'est pas homogène suivant la nature des nappes d'eau souterraine. Les nappes très superficielles ont une réaction beaucoup rapide au travers de la roche et donc sont complétement rechargées voire excédentaires, pour les nappes plus profondes il y a un temps de latence plus important et elle sont donc toujours en recharge".
Cette situation permettra t-elle de faire face à un nouvel épisode sécheresse s'il se reproduit en 2020? Pas complétement toujours selon le directeur du BRGM des Pays de La Loire.
C'est ce qui s'est passé l'année dernière. On est parti en 2019 avec des nappes qui étaient bien rechargées. Sauf qu'on a eu deux gros coups de chaud consécutifs. La nature a donc eu besoin de plus d’eau. Les besoins en eau potable ont augmenté et l'irrigation a commencé plus tôt et a été plus forte que prévue. Cette année encore à la fin de la période hivernale on sera avec un état des nappes satisfaisants sauf que si nous avons de nouveau des périodes extrême de chaleurs et d'absence de pluie on aura les mêmes problématiques.
Quelles conséquences maintenant pour les agriculteurs? Michel Dauton est agriculteur en Sarthe et élu en charge de la problématique de l'eau à la Chambre Régionale d'Agriculture.
Certaines cultures sont en mauvais état du fait de cette situation. Beaucoup d'agriculteurs ont été handicapés pour réaliser les semis de céréales d'hiver comme le blé et l'orge. Les surfaces en culture de printemps (maïs, tournesol) seront plus importantes. Elles vont se retrouver sur un cycle concentré de quelques mois et dons plus sensibles aux risques de sécheresse et de températures trop élevées
Selon ce spécialiste la période d'irrigation devrait bien se dérouler mais dépendra des besoins sur les mois à venir , d'avril à septembre. Il pointe également un risque en cas de nouvelle sécheresse. Michel Dauton plaide pour des solutions comme le stockage des pluies hivernales et une meilleure gestion de l'eau d'irrigation. Notamment à travers l'utilisation d'outils de mesure connectés des besoins en eau de la plante. Comme cela se pratique déjà en Vendée grâce au téléphone portable.
En attendant ces pluies importantes conjuguées avec des températures trés clémentes accélèrent la pousse des végétaux comme l'on constaté Boris Vioche et Denis Leroy. Le reportage de notre rédaction.