Disparition de Mylène Demongeot. En 2015, l'actrice devenait le personnage d'une bande dessinée et nous accordait une interview...

On l'a souvent comparée à Brigitte Bardot, non sans raison. Comme elle, sa beauté n'a eu d'égal que son succès au cinéma. Et comme elle, son engagement pour la cause animale n'a jamais été à prouver. Depuis 2011, Mylène Demongeot vivait en Mayenne. En 2015, à l'occasion de la sortie d'une BD retaçant sa vie, elle répondait à nos questions...

"Les Sorcières de Salem", "Les Trois mousquetaires", "Sois belle et tais-toi", "Fantômas", "Tenue de soirée", "36 Quai des Orfèvres", "Camping"... Comme le confie son ami Pierre Richard, "elle en a tourné, des films, Mylène Demongeot, des sacrés films , et avec des sacrés acteurs, mais de tous ses films qui restent dans le mémoire de son public, le plus étonnant, le plus romanesque, c'est quand même sa vie".

Et quelle vie en effet ! Une jeunesse marquée par un strabisme peu élégant, une opération qui change radicalement sa physionomie et la fait remarquer des photographes, des débuts dans le mannequinat, une percée dans le cinéma, une belle histoire d'amour avec le réalisateur Marc Simenon pour qui elle accepte de mettre sa carrière au second plan, un come-back en 2004, des nominations aux César...

Et puis... et puis une mère au destin lui-même hors du commun que les aléas de la vie amènent de Kharkov (Ukraine) à Paris en passant par Shanghai ou Nice, fuyant ici la révolution russe, là l'occupation allemande. Une mère qui se croit incapable de donner de la tendresse, qui a toujours préféré la liberté à l'amour, une mère qui, pourtant, se liquéfie au moment du décès de son fils et qui met le cancer qui la frappe quelques temps plus tard sur le compte de cette tragédie.

Mylène Demongeot a juré à cette mère, alors mourante, qu'elle raconterait d'une manière ou d'une autre son histoire exceptionnelle. Elle le fait d'abord sous la forme d'un roman paru en 1990 et récidive avec cette BD, "Adieu Kharkov", cosignée par Claire Bouilhac et Catel Muller, à qui elle a laissé une totale liberté. "J’ai simplement rectifié certains faits, certaines erreurs, ou demandé à Catel de dessiner mon mari, Marc Simenon qui était très beau, plus proche de ce qu’il était dans la vie".

Livrer sa vie ou celle de ses proches au public peut se révéler être une épreuve parfois difficile, Mylène affirme dit ne pas avoir vécu l'écriture de ce roman graphique comme une douleur, ni d'ailleurs comme une libération. "Mon grand choc a été lorsque j'ai tenu le livre fini entre mes mains pour la première fois. Et même aujourd’hui, je ne sais que dire. J’adore leur travail et je crois que j’essaie de regarder ça du dehors… Bon. La vie de maman est fascinante de force… Je rêve de voir son histoire adaptée pour le cinéma… comme une sorte de Scarlett O'Hara des steppes comme l’a écrit un critique à l’époque de la sortie du livre. Ma vie paraît bien fade à côté de la sienne".

La vie de maman est fascinante ... Je rêve de voir son histoire adaptée pour le cinéma… comme une sorte de Scarlett O'Hara des steppes


Fade la vie de Mylène ? Il suffit de lire cet album pour se convaincre du contraire. À la différence de sa mère, Mylène a toujours fait passer l'amour avant tout. L'amour pour le cinéma, l'amour pour sa famille, l'amour pour Marc Simenon et l'amour pour les animaux qui tiennent une place primordiale dans sa vie. C'est d'ailleurs autour d'eux que Mylène et Catel se sont rencontrées. "J’ai écrit « Les animaux de ma vie » que Catel a illustré tellement bien. C’est depuis cette époque que nous sommes devenues très proches
. Ce livre était un peu fou…".

Et d'imaginer une bande dessinée sur l’horreur de la condition animale aujourd’hui, "sur la corrida… je ne sais pas qui accepterait de nous commander ce travail qui ne pourrait être que douloureux. Quand j’en parle autour de moi, on me dit : ah non, c’est trop horrible… ne me dis rien… je ne veux pas savoir !!!"

C’est vrai qu’aujourd’hui je vis seule en apparence mais mes fantômes m’accompagnent et ça me plait

Depuis quelques années, Mylène vit en Mayenne, du côté de Châtelain : "Je le vis comme une continuité...", confie-t-elle, "J’ai reçu des photos de notre première maison, une vraie chaumière dans la forêt de Rambouillet. Nous y avons été terriblement heureux et déjà il y avait des chats, des poules des mangoustes… C’est vrai qu’aujourd’hui je vis seule en apparence mais mes fantômes m’accompagnent et ça me plait. Je me réveille entourée d’arbres, de plantes, d’animaux… enfin tout ce qu’on peut voir à la fin du livre".

Sur près de 200 pages, "Adieu Kharkov" raconte donc l'histoire de ces deux femmes qui s'émancipent chacune à leur manière, chacune à leur époque, dans un monde bousculé par le féminisme, l'un des thèmes de prédilection de Catel, auteure par ailleurs des très remarqués "Kiki de Montparnasse", "Lucie s'en soucie" ou encore "Olympe de Gouges". Si Claire Bouilhac a dessiné l'essentiel de l'ouvrage construit sur un principe de flash-back, les scènes actuelles représentant Mylène et sa mère malade l'ont été par Catel. Deux époques, deux styles graphiques et au bout du compte une très belle histoire, un beau témoignage.

Propos de Mylène Demongeot recueillis par Eric Guillaud le 23 septembre 2015

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