La sécheresse va-t-elle provoquer des pénuries de lait dans les prochains mois ?

Avec les vagues de chaleur intense et le manque d'eau, les vaches aussi surchauffent en France. La production de lait pourrait en pâtir.

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Alors que les éleveurs commencent à s'inquiéter pour leurs stocks de fourrages, dans un contexte où, sur la plupart du territoire, l'herbe ne pousse quasiment plus, la production de lait pourrait aussi souffrir des canicules successives. 

Un constat que confirme sans hésitation Philippe Jéhan, producteur laitier basé à Châtillon-sur-Colmont, dans le nord-ouest de la Mayenne.

"Avec des températures comme aujourd'hui, où le thermomètre va encore dépasser les 33 degrés à l'ombre, nos animaux doivent boire beaucoup plus, et le problème, c'est qu'ils ne boivent pas autant qu'ils le devraient, ce qui fait que ça abaisse la lactation", explique l'ancien président de la FDSEA 53.

Et cela n'aura échappé à personne : les champs sont littéralement brûlés par la chaleur. Partout en France, et encore plus dans notre région des Pays de la Loire, le jaune a remplacé la couleur verte de nos prairies.

"Plus un brin d'herbe dans nos champs"

Et les premiers à en pâtir, ce sont les agriculteurs et leur cheptel de vaches laitières. Et Philippe Jéhan de renchérir : "Il n'y a plus un brin d'herbe dans nos champs et comme il n'y a pas de stock, il ne nous reste plus que du maïs, et encore... Les stocks s'épuisent et la qualité du maïs qui va être ensilée prochainement et bien ça va être du maïs de moins bonne qualité, qui va manquer d'énergie parce qu'il n'y a pas de grains dedans".

Avec la sécheresse, la production de lait baisse d'un tiers !

Philippe Jéhan

Agriculteur

Et plus une vache produit de lait, et plus la sécheresse aura un impact sur sa lactation. Par exemple, une vache Prim'Holstein, laitière par excellence, qui produit 10 000 litres par an, soit 35 litres chaque jour, va fatiguer beaucoup plus, du fait de l'écart de température.

Elle puise dans ses réserves pour faire du lait, si elle n'a pas assez d'énergie, cela joue sur la lactation. Avec la sécheresse, sa production peut baisser d'un tiers et être de moindre qualité du fait d'une baisse de protéines dans l'alimentation. Il y en aura donc moins dans le lait.

D'autant plus, qu'avec de telles chaleurs, les vaches mangent moins.

Et même si on est reconnu "sinistré" par le Préfet, ça ne changera pas grand chose ! 

Philippe Jéhan

Agriculteur

Rien si les pertes n'excèdent pas 13%

Mais ce que les gens ignorent, c'est que pour être indemnisés en cas de catastrophes naturelles, les dégâts déclarés doivent représenter au moins 13% du chiffre d'affaires de l'agriculteur. Et si les pertes n'excèdent pas ces 13%, il n'a droit à rien !

"Tu peux être en calamité même si tu as un chiffre d'affaires moindre. Mais vu qu'en Mayenne, la plupart des élevages sont multi-production, même en spécialisé, personne ne touche les aides de l'état". 

On ne donne rien aux agriculteurs. C'est un système qui est pourri, c'est que des discours !

Philippe Jehan

Agriculteur

"Le gouvernement met une enveloppe de 500 millions d' euros sur la table, mais nous, les éleveurs, on ne touche rien ! C'est ce que l'on appelle un écran de fumée... ", dénonce Philippe Jéhan, qui poursuit, "on paie, et notre assurance, et les dégâts lors de calamités agricoles, quelles qu'elles soient ! Alors forcément, la trésorerie, elle est encore plus dans le rouge ! Pour les petits, l'histoire se répète : il faut payer et l'assurance et les conséquences de la sécheresse, sachant qu'en plus, on sera moins payé par les coopératives l'an prochain, puisque le prix du lait est établi pour l'année en cours".

Résultat des courses : des agriculteurs de plus en plus endettés, voire déprimés et qui encore une fois, ne partiront pas en vacances et rumineront leur amertume. Seuls, avec leurs problème, une fois de plus.

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