C'était son baptême de l'air en ULM mais Danielle, 73 ans, ne revolera pas de sitôt. Lundi dernier, l'ULM dans lequel elle avait pris place aux côtés de Jean-Marie, 76 ans, a subi une panne moteur alors qu'il survolait la mer. L'engin a fini dans l'eau à la Tranche-sur-Mer en Vendée.
L'ULM de Jean-Marie est en piteux état. En 19 ans de pilotage c'est la première fois qu'il subit une telle avarie.
Après 20 minutes d'un vol qui devait l'emmener avec sa passagère de la Tranche-sur-Mer à l'ile de Ré lundi dernier, son moteur s'est arrêté, l'appareil est tombé à l'eau. Ce qui les a sauvés lui et sa passagère, c'est le pare-brise qui a éclaté.
"Le pare-brise éclaté, l'eau est entrée, ça a permis d'ouvrir la porte, sinon on n'était pas capables de sortir", explique Jean-Marie, qui précise, avec Danielle, "on n'a pas eu le temps d'avoir peur, ça va tellement vite".
Dès que le moteur a commencé à cafouiller, j'étais plus préoccupé par la gestion de l'amerissage que par la trouille - Jean-Marie, pilote de l'ULM
C'est un marin-pêcheur, qui se trouvait à proximité à ce moment-là, qui a porté secours aux deux naufragés.
Un ULM "vole lentement et il est léger donc, quand il heurte la mer, effectivement le choc est moins violent qu'un avion qui arrive plus vite et qui pèse plus lourd", précise Jean-Marie.
Le pilote, qui habite en Mayenne, a passé un premier brevet de pilote en 19565 et fait de l'ULM depuis les années 2000. Malgré cet accident, Jean-Marie est bien décidé à remettre en état son appareil, pour voler de nouveau.
Ce que dit la règlementation
Pour voler avec ces engins, la loi ne prévoit pas de contrôle ou d'examen obligatoire, ni du pilote, ni de l'appareil. Le brevet est obtenu à vie, et l'entretien assuré par le propriétaire.C'est ce qui fait le charme et l'histoire de l'ULM pour André Brigault, instructeur.
"Grâce à cette liberté, on s'est mis à développer des moyens nouveaux de voler, des moteurs plus performants qui n'avaient pas besoin de passer un contrôle très rigoureux mais c'est sous la responsabilité du pilote", explique-t-il.
Au pilote notamment d'évaluer s'il pourra se poser comme un planeur en cas de panne.
Le poids maximal autorisé dépend du type d'ULM, selon l'arrêté du 24 juin 2019, modifiant l'arrêté du 23 septembre 1998 relatif aux aéronefs ultralégers motorisés.
Il existe six classes d'ULM. Selon la législation, l'appareil de Jean-Marie, un classe 3 dit multiaxe, doit avoir une masse maximale inférieure à 500 kg pour un biplace (330 kg pour un monoplace).
"Ces masses peuvent être augmentées de 15 kg dans le cas d'un ULM multiaxe monoplace équipé d'un parachute de secours ou de 25 kg dans le cas d'un ULM multiaxe biplace équipé d'un parachute de secours, et de 30 kg dans le cas d'un ULM multiaxe monoplace destiné à être exploité sur l'eau ou de 45 kg dans le cas d'un ULM multiaxe biplace destiné à être exploité sur l'eau", précise l'arrêté.
L'ULM est-il dangereux ?
"L’ULM n’est pas dangereux mais qu’il est une pratique à risque comme bien d’autres activités sportives. Les causes d’accident sont semblables à celles de l’aviation sportive et de loisir", précise la fédération française d'ULM.En 2018, en France, 24 personnes sont décédées dans des accidents d'ULM, 28 ont été gravement blessées, 26 légèrement blessées, avec des pics en juin-juillet-août-septembre, périodes les plus propices aux vols. Des chiffres légèrement en baisse par rapport à 2017 concernant les décès, 27, auxquels s'ajoutent 27 blessés graves, 23 blessés légers.
Pour les quatre premiers mois de cette année 2019, la FFULM, a recensé 15 accidents. Sont à déplorer sept victimes : un décès, cinq blessés graves et un blessé léger.
"La Fédération mène une politique de sécurité des vols très active avec un cadre simple : tout faire sans modifier l’environnement réglementaire et en associant sécurité et formation", précise la FFULM qui propose des campagnes de sensibilisation au pilotage des ULM sur son site et sa chaîne Youtube mais également un mémo sécurité à destination des pilotes.