Après 15 journées de championnat, les deux clubs de la région, Laval et Angers, occupent les deux premières places du classement de Ligue 2. Un phénomène rarissime. Dont il faut profiter, car il n’est pas certain que cela dure pour tous les deux jusqu’à la fin mai 2024.
Lorsque débute la saison 2023-2024 de Ligue 2, le samedi 5 août dernier, qui aurait pu miser un euro sur le parcours du Stade Lavallois au cours des quatre premiers mois de compétition ? Pas grand-monde assurément….
Sauvés de la relégation à l’ultime seconde de la 38e journée en mai 2023, les Mayennais ne reproduisent pas les mêmes erreurs que par le passé.
Une illustration ? Leur colonne vertébrale, grandement renouvelée à l’intersaison.
Un nouveau gardien, Mamadou Samassa, 33 ans, 10 saisons de Ligue 1 et plus de 300 matches professionnels en France et à l’étranger. Une valeur sûre, à la tête de la meilleure défense du championnat avec seulement 10 buts encaissés.
Une défense justement qui, elle, n’a pas beaucoup changé et se connaît sur le bout des crampons. Seul le latéral droit Thibaut Vargas, formé à Montpellier, et son pendant à gauche, le Tunisien Amine Cherni, viennent mettre leur grain de sel à une arrière-garde déjà très relevée.
En milieu de terrain, l’inusable Jimmy Roye (35 ans) s’éclate aux côtés de Sam Sanna, transféré définitivement de Toulouse à Laval, et d’Antonin Bobichon, ancien Angevin notamment.
Et puis devant, la pierre angulaire de l’édifice lavallois a pour nom Malik Tchokounté. Recruté à Nîmes, comme Thibaut Vargas, la tour de contrôle de 35 ans ne s’économise jamais et ses 5 buts en 15 matches permettent aux jeunes Junior Kadile (prêté par Rennes) et Rémy Labeau-Lascary (prêté par Lens) d’évoluer en toute confiance à ses côtés.
Une bonne tambouille mayennaise
Un bon gardien, une défense offensive (6 buts marqués !) et qui se connaît bien, un milieu de terrain et un avant-centre expérimenté : le voilà le cocktail réussi des Tangos cette saison.
Ajoutez à cela un public conquis et enthousiaste (9 000 de moyenne à Francis Le Basser) et vous aurez un ingrédient supplémentaire dans la bonne tambouille mayennaise de cette (presque) moitié de saison.
Alors pour contrebalancer cet optimisme ambiant, il faut mettre en avant deux arguments en défaveur des Lavallois dans les semaines à venir.
Le premier concerne tout simplement le calendrier. Lors des cinq prochaines journées, Laval va affronter Grenoble, Ajaccio, Pau, Auxerre et Saint-Etienne, soit cinq clubs du Top 8 du championnat.
À l’issue de ces cinq confrontations, on saura si le Stade Lavallois est réellement armé pour aller chercher une place en Ligue 1, chose à laquelle il n'a plus goûté depuis 1989. 35 ans….
Et puis l’effectif des Tangos n’est pas pléthorique. La profondeur de banc non plus. L’entraîneur Olivier Frapolli doit brûler quelques cierges en espérant que ses cadres ne se blessent pas.
Mais quoi qu’il se passe, cette saison 2023-2024 est déjà une belle réussite pour ce club, leader à dix reprises de cette Ligue 2 et pourtant au bord de la relégation il y a six mois.
Un début de saison sans victoire pour Angers SCO
Angers SCO a connu un début de saison totalement différent. Englué dans les problèmes extra-sportifs l’an passé, relégué en Ligue 2, le club du président Chabanne a d’abord dû patienter jusqu’à la 4e journée pour empocher sa première victoire de la saison.
Mais depuis, ça rigole pour le SCO ! Et cela, grâce notamment à son entraîneur Alexandre Dujeux, pompier de service, puis technicien avéré depuis sa prise de fonction, avec une ossature et un onze de départ souvent inchangés.
Comme à Laval, on a fait confiance aux défenseurs de l’an passé qui avaient terriblement souffert en Ligue 1. Mais on apprend de ses erreurs et en Ligue 2, l’arrière-garde angevine dégage pas mal de sérénité. Même s’il lui faut encore travailler la constance à l’extérieur (12 buts concédés sur 14 au total).
Le milieu de terrain est très technique. Si Lopy travaille beaucoup dans l’axe, Abdelli et Capelle amènent souvent le danger à une ou deux touches de balles vers le trident offensif El Melali-Diony-Fehrat.
Ça combine bien, c’est percutant et fréquemment très réaliste devant les buts (2e attaque de la division). D’autant que Loïs Diony est rapidement revenu de sa rupture du ligament de son genou et a déjà inscrit 7 buts en 15 matches.
Un banc souvent décisif
Et puis si les titulaires ne trouvent pas la solution, le banc se montre souvent décisif. À l’image de la nouvelle petite pépite angevine, Jean-Mattéo Bahoya. À 18 ans, l’attaquant du couloir gauche a tout du "supersub" avec cinq buts inscrits en tant que remplaçant.
Il va vite, très vite. Possède une accélération incroyable sur les deux-trois premiers mètres et sait à la fois scorer et délivrer des caviars. Comme celui face à Caen, à destination de son capitaine Pierrick Capelle.
Ça ne vous rappelle personne ? Alors oui, n’allons pas trop vite en besogne, le "petit" formé au SCO n’a encore rien prouvé sur le long terme. Mais du talent, il en a assurément. Et si l’on en croit quelques Angevins au cœur du club, son entourage est plutôt sain.
Trois clubs de la région en ligue 1 la saison prochaine ?
D’autres jeunes sont encore dans l’ombre des titulaires, mais d’autres joueurs plus expérimentés peuvent à tout moment apporter un plus. On pense à Ibrahima Niane ou Adrien Hunou en attaque. Ou Florent Hanin en défense.
Bref, Angers SCO a tout pour remonter à l’échelon supérieur. D’autant que la concurrence n’affiche pas franchement une régularité hors normes. Saint-Etienne (6e) a déjà perdu à cinq reprises, mais devrait néanmoins être présent pour le sprint final.
Bordeaux (13e) est en deuxième partie de classement à 14 et 12 points de Laval et Angers. Seul Auxerre semble également à même de perturber nos deux représentants régionaux dans la quête d’un strapontin pour la Ligue 1.
L’idée totalement loufoque de retrouver 3 clubs des Pays de la Loire en Ligue 1 pour la saison 2024-2025 n’a pourtant jamais été proche. Incroyable.