Le réchauffement climatique permet désormais d'élever des crevettes dans nos contrées. Une expérimentation est menée depuis un an dans des lycées professionnels, à Guérande, en Loire-Atlantique, mais aussi à Château-Gontier, en Mayenne.
Ce matin-là, c'est une pêche inhabituelle qui attend les élèves du lycée aquacole de Château-Gontier, en Mayenne.
Dans leurs filets, une crevette tropicale, la gamba d'eau douce.
"C'est vraiment une expérimentation intéressante, explique Guillaume Gaudin, directeur de l'atelier piscicole du lycée, ça permet de diversifier sur le site où nous sommes, l'activité piscicole".
"L'élevage de crevettes, c'est un secteur difficile à montrer aux élèves dans notre pays, et c'est également un élevage très répandu dans le monde, poursuit Guillaume Gaudin, ça leur apporte une première expérience sur cette espèce-là".
12° minimum pour survivre
Un test grandeur nature dans ces bassins d'eau douce, où l'on élève habituellement des carpes, des truites et autres brochets. À la différence près, que cette crevette a besoin de chaleur tout au long de sa croissance et ne supporte pas des températures inférieures à 12 degrés.
" Depuis quelques années, on voit les températures moyennes augmenter, explique Pascal Trintignac, expert aquacole SMIDAP, les premiers essais ont commencé dans le Gers, dans le sud de la France, du coup on se pose la question pour un département plus nordique comme la Mayenne"
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Est-ce qu'effectivement les températures moyennes permettraient quand même d'atteindre une taille commerciale ?
Pascal TrintignacExpert aquacole SMIDAP
Après la pêche, la pesée. Une à une, les gambas défilent sur la balance, pour obtenir au final un poids moyen. Autant de données qui seront analysées d'ici à la fin de l'année.
Mais les premiers résultats sont encourageants. Avec une moyenne supérieure à 20 g en l'espace de trois mois, cette crevette tropicale semble s'être acclimatée... Et les élèves aussi !
"C'est différent, mais on retrouve les mêmes techniques d'élevage avec un taux de mortalité qui peut varier en fonction des facteurs de production, de l'environnement dans lequel on se trouve" explique "C'est un peu l'avenir, estime, car malheureusement maintenant la pêche en mer ne va pas suffire à nourrir tout le monde sur cette terre".
Un goût forcément moins iodé
Des crevettes made in Mayenne, bientôt dans les assiettes de Thomas Craipeau, chef du restaurant Le Beyel. Son établissement est situé à deux pas du lieu de production. Ici, on ne cuisine que des produits locaux alors, pour lui, la gamba d'eau douce, ça coule de source !
"La texture est géniale, le goût est bon, raconte Thomas Craipeau, on a juste moins l'iode par rapport au petit bouquet ou aux produits qu'on trouve dans la mer".
Une fois assaisonnée, on pourrait très facilement tromper les gens sans leur dire que c'est de la crevette de Mayenne
Thomas CraipeauChef du restaurant le Beyel
"Je pourrais aller les chercher directement à Château-Gontier, le jour même ou le lendemain, elles sont cuisinées, c'est juste génial", imagine déjà le chef.
Un rêve qui pourrait devenir réalité d'ici un an, alors que, chaque année en France, plus de 110 000 tonnes de crevettes sont importées.
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