C'était peut-être l'un des derniers géants de la bande dessinée franco-belge des années d'après-guerre. Avec Michel Vaillant, Jean Graton a contribué à faire de son art un art majeur. Il est décédé à Bruxelles à l'âge de 97 ans...
Combien de coureurs automobiles doivent leur vocation à Michel Vaillant ? Beaucoup. Depuis 1957, date de sa première apparition dans les pages du journal Tintin, le héros de Jean Graton a fait rêver plusieurs générations de lecteurs.
50 ans de bons et loyaux services, 70 albums publiés aux éditions Dupuis, avant que l'auteur ne prenne une retraite bien méritée.
Mais les héros ne meurent jamais. En 2012, une nouvelle série voit le jour avec Lapière, Bourgne, Benéteau et le propre fils de Jean Graton, Philippe, qui l'a accompagné sur ses derniers albums, comme co-scénariste. Les titres s'enchaînent, neuf à ce jour, le dernier est sorti le 15 janvier dernier.
Jean Graton est né à Nantes en 1923. Il y grandit, travaille un temps aux chantiers navals où il décroche un CAP d'ajusteur avant de rejoindre la Belgique pour vivre de sa passion, la bande dessinée.
Il commence par illustrer des sujets sportifs pour une agence de presse, rejoint l'équipe du journal Spirou pour quelques histoires de L'Oncle Paul puis celle de Tintin ou naquit finalement Michel Vaillant en 1957.
D'abord cantonné à des histoires courtes, le coureur automobile voit très vite sa notoriété exploser. En 1959 sort Le Grand Défi, sa première grande aventure en album. Suivront Le Pilote sans visage, Le Circuit de la peur, Route de nuit, La Trahison de Steve Warson..., des titres mythiques, des albums qui sentent bon les années 50 et 60. Des classiques !
Selon le spécialiste du neuvième art Patrick Gaumer, le succès peut s'expliquer par "l'utilisation de plusieurs recettes narratives et graphiques : l'histoire se noue autour d'une entreprise familiale, le suspense est garanti par celui de la course en F1 et la rigoureuse exactitude technique du dessin lui confère un attrait particulier".
Mais tout ceci n'explique pas une telle longévité. Non ce qui l'explique, c'est la curiosité insassiable de Jean Graton, toujours au fait des dernières innovations technologiques. Les Aventures de Michel Vaillant ont accompagné et accompagnent encore l'histoire de la course automobile.
À tel point que la fiction devient réalité à plusieurs reprises, notamment en 2002 lorsqu'une Vaillante prend le départ des 24 Heures du Mans pour la réalisation du film Michel Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire.
En 2017, rebelote avec la Vaillante Rebellion qui décroche une deuxième place finale en LMP2 et monte sur le podium du classement général. Et la légende continue, une Vaillante-Mirage devait effectivement prendre le départ des 24 Heures du Mans en 2023. Avec un objectif pour l'écurie : fêter les 100 ans des 24 Heures et les 100 ans de Jean Graton...