Noël. Dix BD à déposer au pied du sapin

Oups ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement côté cadeaux ? Pas de panique, voici rien que pour vous une petite sélection de BD en tout genre à glisser sous le sapin le plus proche...

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est tous les ans la même affaire, trouver un cadeau au plus vite pour le neveu de la fille du cousin Jean et le frère du gendre de la tante Odette. On s'est donc une nouvelle fois mobilisé, on a lu, beaucoup, et sélectionné dix albums, des BD récentes qui couvrent tous les styles, tous les publics, tous les âges et tous les budgets. Merci qui ?

M'enfin...

Gaston a 60 ans ! Oui, oui, le gars épais comme une aiguille avec ses espadrilles, son pull vert et sa tignasse ébouriffée, a commencé sa carrière dans les couloirs du journal Spirou au printemps 1957, passant sont temps à glandouiller, à multiplier les inventions foireuses, parfois désastreuses, voire dangereuses, et à jouer de la musique un peu fort pour les voisins.

Histoire de fêter dignement cet anniversaire, les éditions Dupuis ont publié deux livres essentiels pour les amateurs du personnage.

Biographie d’un gaffeur, signé Franquin et Jidéhem, paru initialement en 1965 dans la collection Gag de poche, reprend les planches du mythique Gaston 0 au format à l’italienne ainsi que des pages inédites.

La Galerie des gaffes est un hommage collectif au personnage. 60 auteurs ont pris leur plume et/ou leur pinceau pour redonner vie à Gaston le temps d’un album. Parmi les auteurs : Yoann, Vehlmann, Cossu, Bourhis, Nicoby, Dodier, Nix, Trondheim, Blutch…

La Galerie des gaffes (12€) et Biographie d’un gaffeur (28€). Éditions Dupuis.

Demain, j'enlève la combi...

Il a marqué le grand public avec ses photos et ses tweets envoyés depuis la station spatiale internationale entre novembre 2016 et juin 2017, Thomas Pesquet est aujourd’hui le héros de tout un pays mais aussi d’une bande dessinée signée Marion Montaigne, un livre qui va certainement réveiller de nouvelles vocations.

Mais autant vous le dire tout de suite, on ne devient pas astronaute en jouant  à Super Mario Galaxy 2 ou en lisant les aventures de Buck Danny. Non, ce n’est pas suffisant.

Pour nous montrer la face cachée de ce monde obscur, Marion Montaigne a pris sa plus belle lampe torche, son humour, sa plume et ses pinceaux, et remonté le temps, direction les années 80. Thomas Pesquet n’est alors qu’un petit morveux avec deux grosses dents à la manière de Bugs Bunny mais en plus écartées, qui lui servent de frein moteur dans sa fusée en carton. Bon, en tout cas, c’est comme ça qu’elle l’imagine.

Et de nous raconter avec l’humour qu’on lui connaît et la vulgarisation scientifique dont elle s’est fait une spécialité le Thomas Pesquet enfant, adolescent, étudiant puis astronaute, les heures d'entrainement, la mission en elle-même, le retour sur Terre. Elle nous  fait vivre l’aventure de l’intérieur, au plus près de Thomas Pesquet, relatant l’extraordinaire comme le quotidien, l’essentiel comme l’anecdotique, avec une drôlerie dévastatrice et en même temps une écriture, une mise en images, des plus subtiles. Absolument génial !

Dans la combi de Thomas Pesquet, de Marion Montaigne. Éditions Dargaud. 22,50€

Persepolis pour toujours...


Paru initialement en quatre volumes entre 2000 et 2004, le récit de Marjane Satrapi a bénéficié dès 2007 d’une réédition en intégrale, pardon en monovolume comme on préfère dire à L’Association. Il y a donc tout juste 10 ans. L’occasion aujourd’hui pour l’éditeur de célébrer la chose avec une nouvelle intégrale, pardon un nouveau monovolume, et quelques légers changements…

Rien de fondamentalement différent bien évidemment, l’histoire reste identique dans son intégralité mais l’éditeur et l’auteure ont voulu se faire plaisir – en tout cas on le sent comme ça – avec un objectif commun : offrir aux lecteurs un bel objet. Et c’est réussi, la nouvelle couverture tout d’abord est sublime, les profils de Marjane enfant et ado-adulte sur fond rouge sont une très belle idée, tout autant que le format relié et cartonné. Et comme tout est dans le détail, on apprécie aussi les nouvelles pages de garde dessinées pour l’occasion par Marjane Satrapi.

Outre ces deux ou trois points, je vous le disais, rien n’a changé. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire de Persepolis considérée depuis des années comme une référence dans le milieu de la bande dessinée et notamment dans le milieu de la BD autobiographique documentaire, il s’agit du récit d’une orientale en exil, Marjane donc, née iranienne en 1970, exilée en France en 1994. Entre les deux, Persepolis raconte la vie quotidienne d’une enfant, d’une ado et finalement d’une jeune femme, issue d’une famille progressiste dans un pays qui va connaître en quelques années la révolution islamique et la guerre contre l’Irak.

La force du récit de Marjane Satrapi est de nous embarquer dans son histoire sur 350 pages, de partager avec nous ses espoirs, ses craintes, ses états d’âme, ses amours aussi, sans jamais nous perdre, sans jamais nous ennuyer. Le ton est résolument moderne, direct, drôle, tendre, émouvant, le graphisme en noir et blanc, dans un style simplifié, apporte une note universelle à l’ouvrage qui permet à chacun de s’y retrouver.

Adapté en film d’animation pour le cinéma en 2007, Persepolis a été sélectionné dans quantité de festivals et primé plus d’une dizaine de fois, notamment au festival de Cannes où il a reçu le Prix du Jury. Le livre, lui, a reçu l’Alph-art coup de coeur à Angoulême en 2001, l’Alph-art du scénario toujours à Angoulême en 2002, le Prix France Info de la bande dessinée d’actualité et de reportage… 

Persepolis, de Marjane Satrapi. Éditions L’Association. 36€

Bug général...


Tout a disparu, tous les réseaux sociaux, tous les disques durs du plus gros serveur à la plus petite clé USB, toutes les données, toutes les archives, toute la mémoire du monde, nous sommes en présence d’un Bug Numérique Généralisé. Conséquence directe et immédiate, l’humanité est dans... la merde!

« L’humanité est dans la merde et on imagine mal à quel point », déclare un protagoniste de ce récit signé Enki Bilal. Et c’est vrai qu’on a du mal à imaginer les conséquences d’une fin brutale du règne numérique. On a réussi à s’en passer pendant des siècles, des millénaires, serions nous capables de nous en passer aujourd’hui et encore plus demain ? Pas sûr du tout.

Et si on a du mal à imaginer ce monde replongé dans l’obscurité, Enki Bilal, lui, l’imagine très bien dans ce récit incroyable, un thriller d’anticipation qui nous embarque en 2041. 24 ans nous séparent, le numérique a fini par s’imposer partout dans notre quotidien. Plus une vie ne passe à côté. Il enseigne, il soigne, il nourrit, il cultive, il transporte, il garde en mémoire… et puis c’est le bug, le black-out, le chaos. Ascenseurs bloqués, automobiles à l’arrêt, banques attaquées, bijouteries pillées, aéronefs en perdition, le monde est paralysé, pire, il est amnésique.

Dans ce chaos, un homme, le cosmonaute Kameron Obb, unique survivant d’une mission sur Mars, revient sur Terre avec un alien en lui, un espèce de bug extraterrestre qui s’est posé sur ses cervicales. Et surtout, l’homme souffre d’une hypermnésie singulière, comme si toutes les données numériques, toute la mémoire du monde avaient migré dans son cerveau. C’est Internet à lui tout seul !

Et c’est là que le récit de science fiction tourne au thriller car, bien sûr, cet homme devient l’objet de toutes les convoitises. Et il n’y a pas que sa femme et sa fille qui attendent son retour avec impatience…

Ça va peut-être vous sembler étrange, tant Enki Bilal est connu et reconnu comme l’un artistes majeurs du neuvième art et au-delà, mais je ne fais pas partie de ses inconditionnels en terme d’univers, surtout dans ces productions les plus récentes. Mais cette fois, j’ai mordu à l’hameçon de la plus belle façon, dès la première page de l’album, quasiment dès la couverture. L’auteur de Partie de chasse, des Phalanges de l’ordre noir ou de La trilogie Nikopol pose à travers ce récit un regard plus accessible et malgré tout très affûté sur ce monde, notre monde, capable de confier toute sa mémoire à des machines. Car c’est bien là le thème central de ce récit, la mémoire, avec tout ce qu’elle a d’essentiel pour la bonne marche de l’humanité. Un album incontournable !

Bug, de Bilal. Éditions Casterman standard 18€, édition luxe 30€

Dans l'oreille d'une sourde...

Habituellement, les bandes dessinées muettes répondent à une recherche stylistique, l’album de Cécile Bidault paru aux éditons Warum? l’est par la force des choses, son personnage principal, une petite fille, est sourde et muette…

Pas de bulles ou tout au moins des bulles blanches, vides, figurant les paroles échangées entre son père et sa mère qu’elle ne peut entendre. La petite fille de ce récit souffre de surdité sévère. Pas de bulles mais quelques mots tout de même de cette petite fille, et narratrice, en ouverture de l’album pour nous planter le décor. « Je n’ai jamais pu entendre. Quand j'avais neuf ans, mes parents ont déménagé à la campagne… ». Voilà pour l’essentiel!

C’est à ce moment précis du déménagement que l’histoire commence. Nous sommes en été, la petite fille, déjà isolée par son handicap, se retrouve sans repères, dans une nouvelle maison, un nouvel environnement, coincé entre une mère désemparée et un père au mieux maladroit, tentant de lui faire prononcer des lettres de l’alphabet, au pire complètement absent.

Peu à peu, la petite fille explore sa nouvelle maison, le grenier tout d’abord où elle découvre un vieux poste radio qu’elle allume et serre contre sa poitrine pour ressentir les vibrations. Le jardin ensuite et ses alentours. C’est là qu’elle croise un jeune garçon qui va devenir son copain de jeu et partager son quotidien. Les saisons passent ainsi, les  bons moments, les mauvais aussi…

Elle voit qu’il se se dit des choses importantes autour d’elle, à la télévision, chez elle quand son père et sa mère se disputent, mais elle ne peut comprendre. Pire, elle ne peut intervenir.

Et la langue des signes me direz-vous ? Oui bien sûr mais l’histoire se déroule dans les années 70 et, comme nous le rappelle un bref historique en fin d’album, la langue des signes était interdite jusqu’en 1976 et il faut attendre 1991 pour que la loi Fabius autorise son enseignement aux enfants sourds. Ça peut paraître dingue aujourd’hui mais c’est la réalité.

Le parti pris d’une bande dessinée muette place de fait le lecteur dans la peau et la tête de la petite fille. Alors forcément, le récit est troublant, riche en émotions, il est surtout très pédagogique. C’est « une invitations à la tolérance, au respect des différences et à l’ouverture aux autres… », écrit en préface Élodie Hemery, Directeur de l’institut national de jeunes sourds de Paris. Et on pourrait ajouter : sans être ennuyeux un instant. Car L’Écorce des choses est avant tout un récit qui se lit comme une fiction, une très belle fiction, à la narration subtile et au graphisme délicat ! Lu et adoré.

L’Écorce des choses, de Cécile Bidault. Éditions Warum?. 20€

À la page...


Une chose est certaine avec Marc-Antoine Mathieu, c’est qu’on est certain de rien. Chacun de ses livres est un coup de génie dans le neuvième art, inattendu, étonnant, déroutant, questionnant, vertigineux. Celui-ci est même au dessus de tous puisque c’est Le Livre des livres…

Si Marc-Antoine Mathieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ! C’est le constat qu’on est tenté de dresser à chacune de ses publications, à chaque fois un régal d’expérimentations narratives, une exploration sans fin des possibilités offertes par la bande dessinée. En voici un nouvel exemple avec ce gros pavé qui ne fait pourtant que 50 pages mais 50 pages cartonnées comme celles qu’on peut trouver dans les ouvrages pour bébés.

Ne vous y trompez pas toutefois, Le Livre des livres n’est pas un ouvrage jeunesse, plutôt un livre pour grands réunissant des couvertures de livres imaginaires qui ont tout de vraisemblables.

« Le Grand Entrepôt des albums imaginaires renfermait toutes les couvertures des livres en attente de leur récit. Un jour l’entrepôt brûla (…) Des couvertures échappèrent miraculeusement à la destruction. Le Livre des livres en réunit quelques-unes. »

Voilà pour l’histoire qui habille le recueil, relie toutes les couvertures entre elles et fait que nous restons encore dans l’univers du neuvième art.

Pour le reste, chaque couverture propose une autre histoire, sa propre histoire, avec son titre, ses auteurs, son éditeur, son texte de présentation, parfois ses chapitres et bien sûr son illustration. À vous d’imaginer le récit qui va avec…

Minutieuses et réfléchies, ces compositions permettent de retrouver tout le talent graphique et narratif de Marc-Antoine Mathieu, mais aussi son attirance pour les univers décalés, insolites, fantastiques, absurdes, kafkaïens. Et c’est toujours un pur bonheur !

Le Livre des livres, de Marc-Antoine Mathieu. Éditions Delcourt. 27,95€

Vive les femmes...


Les éditions Daniel Maghen nous ont habitué depuis une bonne dizaine d’années à la production de très beaux livres, qu’il s’agisse de bandes dessinées originales ou de biographies en images. En voici justement une nouvelle consacrée à l’immense dessinateur et scénariste belge Willy Maltaite, alias Will…

Bien sûr, pour la plupart des amateurs de bandes dessinées, Will est avant tout associé aux personnages Tif et Tondu dont il anima les aventures de 1949 à 1991 aux côtés de plusieurs scénaristes dont Fernand Dineur le créateur, Maurice Rosy, Maurice Tillieux ou encore Stephen Desberg. Mais Will, c’est aussi le dessinateur d‘Isabelle entre 1968 et 1995 et l’auteur de trois one shot plus adultes qu’il écrivit sur la fin de sa carrière, Le Jardin des désirs, La 27e lettre et L’Appel de l’enfer, trois albums réédités en intégrale sous le titre de Trilogie avec Dames.

Et c’est là que le talent de Will a peut-être été le plus incroyable, dans son approche de la gent féminine. D’abord avec l’héroïne Isabelle lancée à une époque où les premiers rôles féminins étaient rares, avec cette Trilogie avec Dames, puis avec ces peintures, ces croquis, à l’érotisme subtil.

« Les femmes sont des créatures trop belles pour être traitées en noir et blanc… Je rêvais de les mettre en couleurs, de les parer de mille feux puis de les entraîner dans mon jardin nocturne… », écrivait Will au moment de la parution du Jardin des désirs.

Cette Biographie en images de plus de 400 pages nous montre tout le génie de cet homme à commencer bien sûr par ces dessins de femmes. « Will a retardé autant qu’il a pu le moment de faire de la bande dessinée… », écrit Vincent Odin au début de l’ouvrage, « ce qu’il voulait, c’était peindre des femmes, jolies de préférence ». Et cette biographie comme il précise ensuite s’ouvre et se ferme sur des portraits de femmes. Mais on y trouve aussi, bien évidemment, des illustrations de couverture, des recherches graphiques, des planches de Tif et Tondu ou Isabelle, des contes illustrés, des peintures…

Mirages, Biographie en images de Will. Éditions Daniel Maghen. 59€

 

Mars et ça repart...


Après avoir colonisé tout ce qu’il y avait à coloniser sur Terre, et au passage dilapidé toutes les ressources disponibles, l’homme doit se résigner à trouver un autre os à ronger et accessoirement un nouveau gîte d’accueil. Et pourquoi par Mars ? C’est le parti pris de Sylvain Runberg et Grun dans ce très bel album paru aux éditions Daniel Maghen. En route pour 2132…

Coloniser Mars oui, ruiner la population terrienne non ! Les services RH et financiers n’auront pas à sortir la calculette et remuer le chiffon rouge des ETP, vous savez ces fameux équivalents temps plein qui régissent aujourd’hui la vie des entreprises, l’idée est toute trouvée : envoyer tous les repris de justice y bâtir la nouvelle colonie, une main d’oeuvre qui coûte absolument rien, nada, et qui ne discute pas, ne demande rien. Le rêve quoi ! Et ça bétonne dur comme ça depuis 20 ans maintenant. Une dizaine de cités dômes sont en construction pour les colons libres, des habitats confortables, agréables et autosuffisants en énergie, bref le bonheur pour tous… sauf bien sûr pour les condamnés à l’exil.

« Ça vous aura pris plus de six mois pour arriver ici… Ça ne vous prendra pas vingt-quatre heures pour comprendre comment fonctionne le plus grand camp de travail jamais construit dans notre système solaire. »

Jasmine Stanford est flic. Ou plutôt, elle était flic jusqu’à ce qu’elle foire une mission en tuant une gamine de 15 ans. Pour elle, ce sera 20 ans. 20 ans à casser du caillou et couler le béton pour les autres sur la planète rouge. Les conditions de travail sont rudes, il y a souvent des accidents, des morts, les violences entre prisonniers sont quotidiennes et l’environnement général n’est pas franchement idéal pour se refaire une opinion toute neuve sur l’humanité…

L’avantage avec cet album de Sylvain Runberg et Grun, c’est que vous n’avez nullement besoin pour comprendre l’intrigue d’avoir absorbé et digéré tout ce qui se fait en science fiction depuis des décennies. Aucune culture spécifique n’est demandée et, franchement, ça fait du bien. On repart de la base, le scénario est simple mais pas simplet et les planches de Grun, grand admirateur de Moebius, ancien designer de décors et de personnages dans une société de production de jeux vidéos, sont tout simplement magnifiques. Un cahier graphique en fin d’album, réunissant grandes illustrations en couleur et recherches graphiques, permet d’apprécier plus encore son immense talent. Une histoire prévue en trois volumes.

On Mars (tome 1) de Sylvain Runberg et Grun. Éditions Daniel Maghen. 16€

En vérité...


Paris, 2050. L’Arc de triomphe est toujours en bonne place, la Tour Eiffel aussi, offrant une vision rassurante de la capitale. Pourtant, Paris et plus largement le pays n’ont plus grand chose à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Cyril Pedrosa et Nicolas Gaignard ont imaginé un monde où le devenir de l’humanité se joue à grands coups de sérums de vérités… et de mensonges !

Les uns parlent d’une véritable purge, les autres d’un procès équitable, le résultat est le même, les grandes têtes pensantes de la Ve République ont dû quitter le pouvoir et répondre de leurs actes. Nombreux sont ceux qui ont pris le chemin de l’exil, en l’occurrence l’Allemagne. Pour les autres, ceux qui sont restés, le nouveau régime, dictatorial, leur a concocté un monde pas franchement joyeux joyeux, déshumanisé, aussi fliqué que flippé, avec couvre-feu, pardon période de veille obligatoire chaque nuit, histoire dit-on d’économiser l’énergie produite par des centaines, des milliers, d’éoliennes. L’écologie au service d’une dictature.

Bracelet d’identification et de localisation au bras, Kader fait partie de ce monde-là, un monde dont il ne rêvait absolument pas. Est-ce parce qu’il a travaillé autrefois sous les ors de la République, ou pour une toute autre raison, Kader a reçu une injection de sérum de vérité comme le veut le programme Vérité-Sécurité. Et Kader ne peut plus mentir. Alors forcément, sa vie privée en prend un sacré coup, sa vie professionnelle aussi, sa vie tout court tourne au cauchemar. « Avec ce putain de sérum… », dit-il, « je suis devenu tellement transparent que je n’existe même plus ». Mais qui est vraiment Kader ? Juste un homme asservi par le nouveau régime, sans plus aucune volonté, ni capacité de jugement? Pas si sûr…

C’est la première fois que le Nantais Cyril Pedrosa, auteur de Portugal ou Equinoxes pour ne citer que deux de ses plus récents albums, écrit pour un autre. Nul besoin d’une injection du fameux sérum pour vous dire la vérité, l’album paru aux éditions Delcourt offre un récit d’anticipation psychologique et politique assez captivant autour de cette course permanente à la transparence et à la vérité, assez captivant mais également assez cafardeux, âpre, en tout cas très sombre. Côté dessin, Nicolas Gaignard signe un premier album réussi en optant pour des ambiances glacées, des décors austères, parfaitement appropriés au scénario de Pedrosa.

Serum, de Pedrosa et Gaignard. Éditions Delcourt. 18,95€
 

Toute une culture...


L’affaire n’était pas gagnée d’avance mais la saga Hip Hop Family Tree a trouvé une large résonance de ce côté-ci de l’Atlantique dès la publication du premier volet dont je vous avais parlé ici. À tel point que la série a été sélectionnée à Angoulême en 2017, l’imposant du coup comme une référence auprès des amoureux du rap comme auprès des amoureux du neuvième art. Pour peu que vous soyez fans des deux en même temps, c’est tout bon !

Avant d’être sélectionnée sur les terres charentaises, la saga avait été auréolée d’un prestigieux Eisner Award aux Etats-Unis en 2015 dans la catégorie de la meilleure série inspirée de la réalité. Voilà pour les prix, de quoi vous rassurer si vous doutiez encore du sérieux de l’affaire. Pour le reste, Hip Hop Family Tree raconte ni plus ni moins l’épopée du hip hop, depuis ses débuts dans les années 70 autour des soirées de Dj Kool Herc dans un South Bronx en ruine. DJ Kool, c’est le gars qui a inventé la technique du « Merry-go-Round » (jouer avec deux disques identiques sur deux platines différentes). Ce qui va profondément changer la face du monde, tout au moins du monde de la musique.

Avec un bon tempo, un album tous les six mois, les éditions Papa Guédé nous livrent cette saga en français, le troisième volet consacré aux années 1983 et 1984 vient de sortir, à point pour Noël.

Le rap gagne du terrain, nous dit en ouverture de ce troisième opus Ed Piskor, la preuve « ces punks de Beastie Boys décident de s’y mettre et, après avoir vu le Rock Steady Crew au Roxy, ils en adoptent l’attitude en s’inventant des surnoms qu’ils impriment sur leurs t-shirts Carvel Ice Cream ».

Les Beastie Boys mais aussi Afrika Bambaataa, Jazzy Jay, Run DMC, le label anglais Jive Records, les films Wild Style et Style Wars, Chucky D, Ice-T, Fat Boys, Blondie, oui Blondie, dont le morceau de rap Rapture fut longtemps le seul clip de rap diffusé à la télévision… tous ceux qui comptent à l’époque et vont permettre au rap d’investir peu à peu les maisons de disques, les médias, de gagner toute la planète et tous les esprits, sont réunis dans ce nouvel album, le troisième des six qui seraient prévus par l’auteur.

Plus qu’une bande dessinée, Ed Piskor écrit, mine de rien, une encyclopédie en images de la culture hip hop, avec une touche vintage dans le graphisme et une présentation générale qui nous ramène plus encore au siècle passé. Une saga incontournable pour tous ceux qui sont dans le mouv’ et les autres.

Hip Hop Family Tree, d’Ed Piskor. Éditions Papa Guédé. 26€
 

Plus de chroniques BD sur notre blog dédié ici
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information
en direct

REPLAY. Finale de Leaders Cup Pro B : le leader Boulazac chute face à Orléans qui gagne 86 à 82

regarder