Nouveau rebondissement dans la campagne présidentielle: François Fillon a "reporté" sans explication sa visite prévue au Salon de l'agriculture le 1er mars. Affaibli par l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse, sur laquelle enquêtent trois juges, il doit s'exprimer à midi depuis son QG.
Les spéculations allaient bon train mercredi matin sur la teneur de cette déclaration après l'annonce subite de ce report qu'a semblé découvrir en direct l'ensemble de la droite et même l'équipe de campagne du candidat, déjà présente sur le site du Salon Porte de Versailles. "Rien n'est décidé", a indiqué mercredi en fin de matinée un membre de son entourage.
Des médias avancent sur leur site internet que M. Fillon est convoqué par les juges d'instructions chargés d'enquêter sur l'emploi présumé fictif de son épouse comme collaboratrice parlementaire.
M. Fillon s'est entretenu dans la matinée avec Alain Juppé, finaliste de la primaire de la droite. Le maire de Bordeaux "ne veu[t] pas s'exprimer à ce stade de la journée", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP. M. Fillon a aussi eu au téléphone l'ancien président Nicolas Sarkozy, selon son entourage.
Un aléa inconnu
Triomphalement désigné lors de la primaire de la droite fin novembre, l'ancien Premier ministre est en grande difficulté depuis la révélation de cette affaire fin janvier par Le Canard enchaîné. Il avait lui-même indiqué qu'il se retirerait s'il était mis en examen, avant de faire machine arrière, expliquant s'en remettre désormais "au seul suffrage universel".C'est par un bref communiqué, à 08h10 précises, que les rédactions ont appris le report sans explications de la visite de M. Fillon au salon de la Porte de Versailles, au moment même ou celui-ci était attendu, une heure avant l'ouverture au public, par des élus et par une partie de son équipe de campagne.
"Il y a certainement un aléa que je ne connais pas. Un aléa d'emploi du temps certainement", a déclaré sur place le député (LR) Dominique Busserau, qui attendait M. Fillon pour l'accueillir ainsi qu'une partie de son équipe de campagne. Autre proche de M. Fillon, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau était également présent au Salon.
L'entourage du candidat a dans un premier temps évoqué un "nouveau rendez-vous" qui serait "communiqué ultérieurement" avant d'annoncer une "déclaration à la presse" du candidat à la mi-journée.
"Spéculations"
Les principaux dirigeants des Républicains présents sur les antennes mercredi matin ont eux aussi découvert ce report en direct, tel le vice-président du parti, Laurent Wauquiez, ou le député de l'Oise, Eric Woerth. S'exprimant quelques minutes auparavant sur RTL, le secrétaire général de LR Bernard Accoyer a annoncé comme si de rien n'était la conclusion d'un accord électoral avec les centristes de l'UDI.
"Je ne sais pas". "Je ne vais pas me livrer à des spéculations", a pour sa part répondu sur France Inter le député Les Républicains Jérôme Chartier, proche soutien de M. Fillon, avant d'invoquer une "situation quasi insurrectionnelle en France".