Ce lundi, François Fillon a misé sur la défense de son programme pour relancer sa campagne. Problème, les affaires, entre sa convocation mercredi chez les juges d'instruction et les révélation du JDD sur ses costumes de luxe, continuent de concentrer l'attention.
Le programme, rien que le programme. Interview aux Echos, matinale d'Europe 1, conférence de presse sur le projet: François Fillon veut revenir sur le terrain politique, deux jours avant la séquence judiciaire de mercredi.
Le candidat des Républicains (LR) a distillé quelques retouches programmatiques dans Les Echos --baisse des charges bénéficiant "d'avantage aux petits salaires", taux intermédiaire de TVA finalement inchangé-- puis devant la presse.
Il a notamment réitéré son engagement de former un gouvernement paritaire de 15 ministres qui, a-t-il expliqué, seront congédiés s'ils n'atteignent pas les "objectifs" qui leur seront assignés.
Il a également promis un "code de bonne conduite" pour prévenir les conflits d'intérêts au gouvernement et une démarche pour la "modernisation" du statut des parlementaires "et de celui de leurs collaborateurs", alors qu'il est empêtré depuis plusieurs semaines dans les soupçons d'emplois fictifs de son épouse et de deux de ses enfantscomme collaborateurs parlementaires.Code de bonne conduite
Mais c'est avant tout sur de nouvelles révélations de la presse que M. Fillon a dû se justifier dès le début de la matinée, se disant sur Europe 1 victime d'une "chasse à l'homme" et de "dizaines de journalistes" qui "fouillent dans [ses] poubelles". "Chaque jour on descend un peu plus bas dans l'intrusion de ma vie privée", s'est-il lamenté à propos de l'information parue dimanche sur ses costumes.Le JDD affirme qu'un mécène a signé le 20 février un chèque de 13.000 euros pour le règlement de deux costumes achetés chez Arnys, un tailleur parisien des quartiers chics. "C'est ma vie privée, ça ne regarde personne ! J'ai parfaitement le droit de me faire offrir un costume par un ami", a-t-il rétorqué.
"Tout ça n'a rien à voir" avec la politique, a-t-il assuré alors que des députés socialistes se sont tournés vers le déontologue de l'Assemblée. "On a quand même encore le droit de recevoir des cadeaux dans cette société", a insisté, excédé, M. Fillon.
Selon le JDD, s'ajoutent à cette facture près de 35.500 euros "réglés en liquide" pour de précédents achats au profit de M. Fillon chez ce
tailleur, pour un montant de près de 48.500 euros au total depuis 2012. "Ca n'est pas exact", a affirmé lundi l'ancien Premier ministre.
Cette nouvelle affaire tombe mal pour M. Fillon, attendu mercredi chez les juges d'instruction saisi des emplois présumés fictifs de sonUne seule réunion publique cette semaine
épouse et de deux de ses enfants, dont la révélation par Le Canard enchaîné dicte le tempo de sa campagne depuis fin janvier.
"Le problème de Fillon, c'est pas la justice, l'enquête, c'est qu'il se révèle qu'il est un homme qui aime l'argent, c'est très éloigné de l'image austère qu'il voulait donner de lui", a jugé la présidente du Front national Marine Le Pen.
Cette convocation, "on ne peut pas dire que je m'y rende avec plaisir. Depuis le début je ne suis pas traité comme un justiciable comme les autres", a estimé M. Fillon, rétrogradé à la troisième place dans les sondages depuis plus d'un mois.
Le député de Paris a déjà prévenu qu'il maintiendrait sa candidature même en cas de mise en examen, après avoir déclaré le contraire le 26 janvier sur TF1. "Je ne vais pas déférer aux ordres de ceux qui instrumentalisent la justice en renonçant à ma candidature et en privant la droite et le centre du candidat qui porte leurs espoirs et leurs valeurs", a-t-il réaffirmé lundi.
Le candidat participera lundi soir à une conférence-débat au Crif et interviendra mardi devant l'assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs. Son unique réunion publique de la semaine est programmée jeudi à Caen, au lendemain de sa convocation chez les magistrats Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tacheau. Penelope Fillon sera à son tour entendue le 28 mars.