Le 29 mars dernier, la liquidation judiciaire d'Arjowiggins en Sarthe était prononcée. Près de 600 salariés sont concernés à Saint-Mars-la-Brière et surtout Bessé-sur-Braye, où aucun employé ne va conserver son travail... Certains y travaillaient en famille.
Les premières lettres de licenciement sont attendues au domicile des salariés. Une situation terrible pour tous et qui touche parfois plusieurs membres d'une même famille.
Dans cette famille, ils sont cousins, frères, oncles, mère... une dizaine de personnes qui travaillaient toutes pour Arjowiggins.
David Mary avait déjà subi un licenciement économique il y a sept ans à Bessé-sur-Braye. Il avait retrouvé du travail chez Arjowiggins.
"600 ouvriers... Je croyais vraiment être protégé et finir ma carrière ici", explique-t-il, "on était tous les deux à Colwell (imprimerie fermée en 2012 NDLR) avec ma femme, donc on a choisi de ne pas faire le même cursus, Arjo m'a pris, ma femme est allée voir autre part, heureusement".
"J'ai une maison sur le dos, deux enfants à charge et je me demande ce que je vais devenir" - David Mary, salarié d'Arjowiggins à Bessé-sur-Braye.
Toute la famille s'interroge sur son avenir et celui de la commune, comme Frédéric Pohu. En 26 ans de carrière, il n'a connu qu'Arjowiggins.
"Il va y avoir des conséquences derrière qu'on n'imagine même pas", déplore-t-il, "nos maisons ne vont plus rien valoir. On nous dit "déplacez-vous, allez chercher ailleurs". Oui, mais on fait quoi ? on fait quoi de nos maisons ? Parce que là, à 50 kilomètres à la ronde, il n'y a rien. C'était la dernière entreprise".
Face à cette désertification industrielle, certains envisagent de partir, comme Sylvie Peltier qui travaillait depuis 10 ans à Arjowiggins, avec son mari et ses deux fils.
Elle sait que ses deux enfants vont pouvoir trouver un travail rapidement, en revanche, elle et son mari ont plus de mal à se projeter.
"Sincèrement, je pense qu'on repartirait dans les Vosges pour du travail dans le papier parce qu'il y a quand même beaucoup de papeteries qui recrutent", dit Sylvie.
Des familles comme celles-ci, il y en a quelques-unes à Arjowiggins. Le jour de l'annonce de la liquidation du site de Bessé-sur-Braye, nous avions suivi Pamela et Florent Chaussis, tous deux salariés de l'usine sarthoise.
"Le fait de perdre mon travail remet beaucoup de choses en questions, je vais devoir trouver un autre travail, il faut arriver à se remettre dans le circuit (...)Ce n'est pas évident de se dire qu'il faut recommencer en fait", nous avait dit Florent.