Coronavirus : la téléconsultation gagne les médecins, exemple en Sarthe

Cette pratique légale, à distance, entre un praticien et son patient est fortement conseillée par les autorités de santé, quand cela est possible. Avantages, contraintes, fonctionnement : nous avons recueilli le témoignage d’une généraliste de la Sarthe.
 

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Nous l’avons jointe par téléphone entre deux consultations. Delphine Godard est médecin au centre médical de Ballon-St-Mars, à une vingtaine de kilomètres au nord du Mans, en zone rurale. Avec la pandémie de Covid-19, elle a décidé de se mettre à la téléconsultation jeudi dernier.

"Cela s’est fait un peu dans l’urgence, on fait ce qu’on peut. Je me suis abonnée sur un site qui n’est pas payant. Donc ça ne me coûte rien mais je ne suis pas totalement convaincue. Il y a quelques couacs comme le fait que le site ne semble pas fonctionner sur tous les moteurs de recherche…"

Avec ses collègues (6 médecins et deux remplaçants travaillent au centre médical), ils se sont aussi créé des boîtes mails professionnelles, "pour faire les choses dans les règles : envoyer les ordonnances aux patients, etc..."


"Patients à l’écoute"

Concrètement, les consultations se passent au maximum "par Skype, ou par appel vidéo WhatsApp afin d’avoir un contact visuel avec les patients. Mais il ne faut pas se leurrer : il y a aussi des consultations par téléphone" concède le Docteur Godard.

Cette nouvelle pratique semble être adoptée. La tendance sur les deux derniers jours ? "10 téléconsultations et 8 consultations en présentiel". Les rendez-vous maintenus au cabinet sont notamment ceux pour les bébés qui ont besoin d’être suivis (le matin) et les personnes adultes infectées (l’après-midi).

A distance, impossible d’ausculter, il faut alors utiliser des moyens détournés, "j’ai demandé à un patient qui fait de l’hypertension d’aller emprunter (5€/semaine) un tensiomètre à la pharmacie pour qu’il mesure sa tension à la maison. Les patients sont assez à l’écoute : j’ai fait des suivis de grossesses en téléconsultation, elles ont fait ce qu’il faut."

Les autres rendez-vous non urgents ont été reportés. 

Précaution sanitaire mais pas de réel gain de temps

La télémédecine évite les déplacements et donc aux patients potentiellement malades de croiser d’autres personnes. L’avantage sanitaire de cette pratique est évident. Mais pour le Docteur Godard, difficile d’y trouver un gain de temps pour l’instant.

"C’est officiel : ça nous fait perdre du temps", sourit-elle. Entre les ordonnances à scanner, envoyer… les consultations sont un peu plus longues. Comme pour toute chose nouvelle, il faut l’appréhender. "On a fait les choses un peu dans la précipitation donc je ne connais pas encore toutes les possibilités de mon logiciel par exemple".

La téléconsultation pourrait bien se répandre avec la crise du coronavirus. Delphine Godard s’y intéressait depuis quelques temps mais n’avait jamais sauté le pas.

Pour elle, la télémédecine peut aussi avoir un autre intérêt majeur : pallier la désertification médicale.

"Nous brassons une population rurale. J’ai quelques patients qui viennent de loin, ça peut leur éviter des allers retours qui ne sont ni bons pour la santé ni pour l’écologie. Ça peut permettre de faciliter les choses. Et puis une vraie téléconsultation, ça permet de faire les choses bien, de prendre le temps, ce n’est pas un coup de fil entre deux portes".

Rappelons que la Région Pays de la Loire est moins dotée en médecin que la moyenne nationale : 23 médecins pour 10 000 habitants contre 26 en moyenne en France.

La situation est très inégale d’un département à l’autre, la Mayenne et la Sarthe étant les plus touchés par le phénomène de désertification médicale. Dans un communiqué publié l’été dernier, l’Agence Régionale de Santé (ARS) rappelait que "la Sarthe se situe parmi les dix départements français à la démographie médicale la plus faible".


 De nombreux sites qui proposent de la téléconsultation sont passés en gratuit alors qu’ils ne le sont pas en temps normal. La téléconsultation est 100% remboursée.

Pendant la durée de la crise du coronavirus, l’Etat a assoupli les règles qui régissent la téléconsultation : désormais, il n’est pas obligatoire que le médecin qui réalise la téléconsultation soit le médecin traitant du patient.

Les chiffres sont frappants, "nous sommes passés de 36 à 371 téléconsultations facturées à l’Assurance Maladie pour des assurés sarthois entre février et mars (médecins généralistes) et de 53 à 278 téléconsultations pour les médecins spécialistes" selon Sylvain Trottier, chargé de communication de la CPAM de la Sarthe.
 
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