Près d'une personne sur 5 est touchée par la maladie mentale et les troubles psychiques en France. En Loir-et-Cher, pour répondre aux besoins et assurer un parcours de soins sans rupture, six établissements médicaux ont signé un accord afin de créer une fédération de psychiatrie. Une première dans le département.
En Loir-et-Cher, un accord a été signé entre les services psychiatriques des centres hospitaliers (CH) et des cliniques privées du département en décembre 2024. L'objectif ? Un meilleur suivi des patients et une amélioration des parcours de soins sans rupture.
Les établissements concernés sont les centres hospitaliers de Vendôme, de Blois, de Romorantin ainsi que les cliniques de La Borde, de la Chesnaie, et de Saumery.
Améliorer l'accès aux soins psychiatriques dans le département
Pour Flore Pulliero-Vitez, directrice adjointe de clinique de la Borde, cette fédération est d'abord "un accord politique".
"C'est aussi, comment faire en sorte que des personnes ne connaissent pas de rupture dans leur parcours de soins ?", se questionne-t-elle.
Il permettra d'améliorer l'accès aux soins des patients. Si une personne rencontre un problème psychiatrique, elle sera mieux suivie. Entre les établissements, nous sommes complémentaires, il est important se coordonner.
Flore Pulliero-Vitez, directrice adjointe de clinique de la Borde.
Concrètement, les établissements privés et publics pourront travailler ensemble sur les parcours de soins sans consentement. Selon le ministère de la Santé, ces parcours de soins sans consentement "dispensent les soins nécessaires aux patients qui n’ont pas conscience de leurs troubles mentaux ni de leur besoin impératif de soins".
SOS psy 41 : bientôt un numéro unique
Pour les personnes en souffrance psychique urgente, un soutien téléphonique a été mis en place entre les différents établissements du Loir-et-Cher, le 11 décembre dernier.
Ce dispositif "SOS Psy 41 donne accès à un médecin qui va prendre le temps d'écouter la personne", explique Louis Courcol, directeur par intérim du centre hospitalier de Blois.
Pour le moment, il suffit de composer le 15, "mais début février avec l'arrivée des infirmiers, il y aura un numéro unique".
Chacun des six établissements de santé aura "deux infirmiers et un psychologue à l'écoute". Ils pourront intervenir plus rapidement : "C'est une alternative aux urgences générales", souligne Flore Pulliero-Vitez. Les patients sont pris en charge sous 48 h.
Un "accord historique" entre privé et public ?
"Pour la première fois, les services de psychiatrie se sont réunis en Loir-et-Cher. Il n’y a jamais eu d’accord politique entre les établissements de psychiatrie du département, c’est vraiment nouveau", assure Flore Pulliero-Vitez. Selon elle, ce genre fédération est peu répandu sur le territoire national.
Pour la directrice cet établissement privé, l'objectif est aussi de pouvoir "bien travailler avec le secteur public". "C'est rare qu'on puisse se retrouver", complète-t-elle.
"Les besoins en santé mentale sont énormes"
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la maladie mentale et les troubles psychiques touchent près d'une personne sur 5, soit 13 millions de Français.
"Les besoins en santé mentale sont énormes, ils ont explosé depuis le Covid, notamment chez les jeunes. On a une demande constante et assez exponentielle", constate Flore Pulliero-Vitez.
Cette période a été particulièrement difficile en raison de "l'isolement social" et de "la rupture avec le milieu éducatif scolaire".
Constat partagé par Louis Courcol au CH de Blois : "Cette période a laissé des traces, certains ont été déscolarisés, le retour en cours a été très anxiogène". À la fin de l'année, le CH de Blois envisage "d'ouvrir une unité d'hospitalisation pour les jeunes et adolescents".
Sur les réseaux sociaux : "des vidéos incitent aux suicides"
Selon le directeur par intérim du CH de Blois, l'influence des réseaux sociaux a aussi un impact sur la santé mentale des jeunes.
"Certaines vidéos sur les réseaux sociaux incitent aux suicides, les jeunes peuvent avoir des idées noires", souligne-t-il. Entre 15 et 35 ans, le suicide est même la première cause de mortalité, selon l'OMS.
Pour lui, les réseaux sociaux encouragent la comparaison et donnent un regard partiel sur la réalité : ils remplacent un certain nombre de rapports sociaux.
Au-delà des jeunes, d'autres catégories d'âges sont aussi touchées. On parle rarement des besoins en santé mentale des soignants. Le contexte économique, international et environnemental influent sur la psychiatrie.
Flore Pulliero-Vitez, directrice adjointe de clinique de la Borde.
Avec cette fédération, "l'idée est de répondre à tout le monde et d'adapter l'offre psychiatrique aux nouveaux besoins".
Le Loir-et-Cher, un département vieillissant
"Nous sommes dans un département vieillissant, le public âgé est aussi touché par ces troubles, souligne Louis Courcol, le Loir-et-Cher est aussi un département assez rural". Sur les 328 500 habitants recensés en 2021, "39 % vivent dans une commune rurale non périurbaine", selon l'Insee.