Un nouveau nom, une direction provisoire, une charte fondatrice : Benoît Hamon lance ce samedi 2 décembre au Mans "l'étape 2" de son mouvement, avec l'ambition d'en faire un "levier de la transformation de la gauche" à l'heure où celle-ci apparaît de plus en plus émiettée.
L'ex-candidat PS à la présidentielle, qui a créé son mouvement et annoncé son départ du PS le 1er juillet dernier, devrait réunir quelque 2 000 partisans, parmi quelque 40 000 revendiqués, au Palais des Congrès du Mans, ce samedi 2 décembre.
Une "coordination politique transitoire" d'une "trentaine" de membres sera présentée, selon le bras droit de Benoît Hamon, Guillaume Balas. Elle sera assistée d'un "conseil des adhérents" dont les représentants seront tirés au sort. Une "charte fondatrice" esquissant les grandes orientations politiques et les principes d'organisation du mouvement sera débattue et adoptée.
La parole aux adhérents
Cette charte, qui sera amendée jusqu'à la veille de l'événement, se nourrit des plus de 28 000 réponses apportées à la consultation lancée fin octobre par le "M1717". Des questions sont pour l'heure toujours en suspens: faut-il imposer une cotisation aux adhérents, alors que le parti ne dispose pour l'instant que de très maigres ressources ? Conserver un maillage départemental ? Désigner des délégués chargés de porter la parole des comités locaux au niveau national ?
Toutes les forces de gauche ont été invitées. La sénatrice écologiste Esther Benbassa et le conseiller de Paris Yves Contassot seront ainsi présents, avec "quarante à cinquante membres d'EELV", selon ce dernier. Le PCF sera représenté par le député Sébastien Jumel, et le PS sans doute par l'ancien député Jean-Marc Germain. La France insoumise devrait également envoyer un délégué.
Ces invités n'interviendront cependant pas à la tribune, l'objectif étant plutôt de laisser parler les adhérents du M1717, dont "70% n'ont pas d'engagement préalable", selon M. Balas.
Objectif : nouer des alliances
Interrogé lundi sur franceinfo, M. Hamon a clairement exprimé sa volonté de nouer des alliances "avec des communistes, avec Europe Ecologie-Les Verts, avec des socialistes, avec de la gauche citoyenne et solidaire". M. Hamon et les siens font déjà cause commune avec EELV à la région Ile-de-France, où ils ont créé un groupe commun.
Une démarche qui rejoint celle portée de longue date par le PCF. "On a des contacts réguliers avec Benoît Hamon et les militants de sa sensibilité politique depuis pas mal de temps. Il y a des convergences sur plusieurs sujets: la nécessité de construire les ripostes les plus rassembleuses face à la politique d'Emmanuel Macron, la transformation de la gauche, l'objectif d'une approche commune pour les européennes", souligne son porte-parole Olivier Dartigolles.
Du côté d'EELV, Yannick Jadot, en froid avec M. Hamon depuis le 1er juillet, rappelle sa volonté de reconstruire "une dynamique forte d'écologie politique". Mais si les lignes portées par les deux hommes ne sont pas "identiques", elles sont "potentiellement convergentes", admet-il.
Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon fait lui aussi mine de tendre la main à M. Hamon: "On réduit la fracture. Nous déjeunons, nous échangeons des analyses. Pour le moment, cela reste à un niveau individuel. Mais nous étions déjà ensemble le 23 septembre dans la rue, coude-à-coude, contre les ordonnances.Attendons que Benoît Hamon mette sur pied son mouvement. Mais cela avance", a-t-il dit au Parisien la semaine dernière.
Au PS, la démarche de M. Hamon est observée avec un certain scepticisme. L'ancien ministre de l'Education "donne le sentiment d'avoir donné le meilleur de lui-même à la présidentielle. Est-ce qu'il peut donner plus? Certains en doutent", note un député PS pas foncièrement hostile. Un hiérarque se montre plus sévère, persuadé qu'aux européennes "Benoît Hamon va se suicider" et "prendre 1%".