La censure de Michel Barnier est réclamée par 325 députés. La première motion, déposée par les quatre groupes composant le Nouveau Front populaire, a recueilli 185 signatures. Sept députés de gauche n’ont pas signé la motion de censure, parmi eux Sophie Pantel, députée de Lozère. Elle explique son choix.
La députée socialiste de Lozère, Sophie Pantel, a annoncé qu’elle ne soutiendrait pas la motion de censure déposée par la gauche contre le Gouvernement. Un choix qu’elle assume et qu’elle nous explique.
En responsabilité, je ne rajouterai pas de la difficulté à la difficulté et je ne voterai donc pas cette motion de censure qui a été déposée sur le premier texte qui revient à l’Assemblée, le projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale.
Sophie Pantel, députée de Lozère
Elle précise également : "Ma posture et celle de mon groupe sont conformes à notre attachement au parlementarisme. Nous avons donc cherché, chaque fois que cela est possible, des avancées pour les Français, et avec la gauche et parfois le centre, proposé des voies d’amélioration." La députée souhaite notamment que le gouvernement change de méthode afin de travailler des sujets transpartisans comme la démographie médicale.
Elle justifie son choix par quatre arguments : "l’absence d’alternative politique claire, un vote commun avec le RN la remise en question de moyens attendus (Nouvelle-Calédonie, agriculture, Ukraine, Ehpad…), le manque d’investissements dans les lois spéciales qui s'en suivront et, enfin, les conséquences pour les ménages avec la perte des quelques avancées obtenues dans le débat parlementaire."
"Nous devrons continuer à subir la politique d’Emmanuel Macron"
La censure sans solution politique ne changera rien, selon elle : "Nous devrons continuer à subir la politique d’Emmanuel Macron. L’Assemblée nationale reste la même, et aucun de nos textes n’oblige un gouvernement à présenter sa démission. C’est une pratique institutionnelle, et le président de la République est libre de renommer le même Premier ministre."
Elle ajoute : "Contrairement à ce qu’on peut lire ou entendre, le fonctionnement de l’État est assuré, puisque la Constitution autorise des lois spéciales permettant de prélever l’impôt, notamment, et, par décret, de procéder aux paiements pour le fonctionnement. Notre Constitution prévoit toutes ces hypothèses". C'est-à-dire qu'il n’y aura pas de budget d’investissement pour soutenir les filières en crises.
"Les conséquences financières pourraient être pires qu’un très mauvais budget"
Si Michel Barnier était censuré ce mercredi, il serait contraint de remettre sa démission au président de la République. Seules les affaires courantes seraient prises en charge. "Donc, les moyens pour la Nouvelle-Calédonie, pour nos départements ultramarins, les crédits pour le soutien de l’Ukraine, les primes pour les forces de sécurité des JO et les crédits d’urgence pour la crise agricole ne seraient pas intégrés", précise Sophie Pantel.
D’après l’élue, "les conséquences financières pour les ménages et les entreprises pourraient être pires qu’un très mauvais budget." Elle avance notamment l'augmentation immédiate des taux d’intérêt.
Membre de la commission des finances, Sophie Pantel précise que la dette s’élève à 3 200 milliards d’euros et que la situation nationale et internationale est aggravée : plans sociaux en 2025, crise agricole, conséquences pour l’Ukraine, instabilité au Moyen-Orient.
Depuis la Lozère, le département le plus rural de France, sa position n'est à ce jour pas commentée par ses homologues.