L'homme qui a agressé un chauffeur de taxi à la Ferté-Bernard, mi-juillet, a admis avoir voulu commettre une prise d'otages dans la synagogue du Mans, mais aussi de s'attaquer à un cinéma et à une entreprise. Dans son téléphone portable les enquêteurs ont retrouvé une vidéo dans laquelle, cet ancien détenu revendiquait agir au nom de l'État islamique.
Plusieurs projets d'attaques
Devant les enquêteurs, Derek.R aurait reconnu, le mardi 16 juillet, avoir eu l'intention de commettre une prise d'otages à la synagogue du Mans, mais d'y avoir renoncé après avoir remarqué une patrouille de gendarmerie à proximité. La synagogue du Mans se situe juste en face d'un commissariat, lui-même voisin du siège du groupement de gendarmerie de la Sarthe, précise encore France Bleu.
Selon son audition, le même jour, il envisage alors d'attaquer un cinéma situé dans l'agglomération mancelle. Il a renoncé à ce projet : la batterie de sa trottinette était déchargée. Le parquet national antiterroriste avait indiqué dans un communiqué que le suspect avait envisagé de s'en prendre à "des lieux publics au Mans".
Toujours selon son récit, le suspect change de nouveau de cible en fin de journée le 16 juillet pour viser une entreprise agroalimentaire située près de La Ferté-Bernard.
Le soir du mardi 16 juillet, il se serait équipé de plusieurs armes (deux armes à feu, un couteau et une feuille de boucher), avant de monter dans un taxi au Mans.
Sous la menace d’une arme de poing, il a exigé du chauffeur qu’il le conduise à La Ferté-Bernard. Une fois à destination, le conducteur, légèrement blessé, parvient à s'échapper. Son agresseur prend alors la fuite.
Quatre mises en examen
Arrêté le 19 juillet à Poissy, dans les Yvelines par la sous-direction antiterroriste après deux jours de fuite, l'homme de 30 ans avait enregistré dans son téléphone portable une vidéo dans laquelle il faisait allégeance à l'Etat islamique.
Après son arrestation, il a été mis en examen pour "arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire en relation avec une entreprise terroriste", "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste", "vol avec arme en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes". Il a été placé en détention provisoire.
Trois autres personnes, un autre homme et deux femmes, sont également mises en examen dans ce dossier. Deux d'entre eux ont été placés en détention provisoire.
Le suspect était sorti le 26 juin du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe, où il était détenu depuis près de trois ans en exécution de peines prononcées pour des faits de droit commun. "Au cours de sa détention, il développait une idéologie radicale conduisant à sa prise en charge dans un quartier de prévention de la radicalisation violente", précise le parquet.
Sandrine Gadet avec France Bleu Maine et France Info
Le récit d'Esther Abitbol sur les images de Benjamin Bonte. Montage : Christophe Person