C'était l'occasion pour ces habitants du quartier des Sablons de faire connaissance, eux qui, parfois, se croisent, mais sans jamais se parler dans ces grands immeubles. Ils étaient près d'une centaine à participer à ce repas très convivial où chacun avait amené un plat de sa spécialité.
Le rendez-vous était au Kaléidoscope, la salle du centre social des Sablons, un quartier du sud de la ville du Mans.
Le principe était, comme l'an dernier, aussi simple qu'enrichissant, pas de participation financière, mais un plat, sucré ou salé, qui vient de sa propre culture gastronomique.
Une chanson composée par tous
Et, pour mettre de l'ambiance, diverses animations, un magicien, des jeux prêtés par la ludothèque mancelle Planètejeux. Un DJ aussi avait prévu de faire participer le public à la création d'une chanson dans laquelle chacun était invité à proposer un mot ou une phrase. Joli défi dans ce contexte culturel très varié. On pouvait croiser aussi bien des Français que des Afghans, des Azéris, des Russes et des Ukrainiens
Beaucoup d'ailleurs n'étaient pas de confession catholique, mais qu'importe, ce Noël était avant tout l'occasion de se rencontrer et de se parler.
"Je suis heureuse de venir ici, déclare Natalia qui est russe et est arrivée il y a 20 ans en France. Les événements qui se passent dans le monde sont très cruels. Je remercie beaucoup ceux qui ont organisé cette journée pour tous ceux qui ne peuvent pas se permettre de l'organiser chez eux, pour les réfugiés, les démunis, les enfants. C'est un miracle d'humanité, de bonté. Toutes les nationalités sont accueillies. Si le monde était comme ça, il n'y aurait pas de guerre."
"Entre nous, il n'y a pas de différences"
Natalia y a retrouvé une amie ukrainienne. Pas de différence entre les deux nationalités pour cette femme. "C'est le même peuple" affirme Natalia qui se met à chanter une chanson ukrainienne qu'elle a apprise à l'école lorsque c'était encore l'Union Soviétique. Une chanson que reprend en chœur son amie ukrainienne.
"Je ne connais pas les paroles parce que ce sont des paroles ukrainiennes, avoue Natalia, Mais j'aime l'Ukraine, j'aime la Russie, ce sont nos gouvernements qui sont fautifs. Entre nous, il n'y a pas de différences. Aujourd'hui, c'est la preuve. Je suis pour la paix, l'amitié."
"On peut s'accepter dans une présence côte à côte"
Igor est arrivé de Russie lorsqu'il avait 9 ans. Il en a 30 ans aujourd'hui. Il est venu accompagner sa maman à la fête.
"De par mon histoire personnelle, dit-il, le rapport à la différence, à l'étranger, ça fait partie de ma vie. Ce qui me touche, c'est que les gens de cultures différentes, d'à priori différents puissent trouver normal de se retrouver, passer un bon moment ensemble. On peut s'accepter dans une présence côte à côte sans qu'il y ait d'arrière-pensées négatives.
► Voir le reportage de Charles Lemercier et Laurine Velay.
"C'est bien, il y a beaucoup de choses à manger, avoue Ryan, un petit garçon de 10 ans. Il y a des jeux. On peut se faire des amis."
Son petit frère de 8 ans se réjouit d'avoir des bonbons
Une dizaine de nationalités
Pour Anne Camut-Grimard, qui est médiatrice à l'association multiculturelle Cénomane et organisatrice de cette journée, cette fête est un cumul de sourires, de joies, d'étoiles dans les yeux.
"C'est dommage que ce ne soit qu'une journée, dit-elle. Ça devrait être tous les jours. On a une dizaine de nationalités, c'est un bel échange multiculturel. C'est ce qu'on recherche. C'est beaucoup de travail pour l'organisation et beaucoup de stress, mais, au final, on est contents de la réussite !"
L'idée, bien sûr, est de se retrouver à nouveau à Noël 2024.
Olivier Quentin avec Charles Lemercier