De nombreux Français, attirés par le bord de mer et les prix attractifs emménagent chaque année dans les petites communes de Challans et Sainte-Foy, en Vendée. Un accroissement de la population pas si simple à gérer pour les mairies.
22 000 habitants à Challans et 2 400 à Sainte-Foy... des communes vendéennes qui font face chaque année à un accroissement de population. Leurs nouveaux habitants sont attirés par un cadre de vie plus serein et un foncier moins galopant qu'ailleurs. Face à cet afflux, les municipalités doivent investir. Mais jusqu'où ? Et en ont-elles les moyens ?
Entre 400 et 600 nouveaux arrivants chaque année à Challans
A Challans, "on a une population qui croît entre 400 et 600 habitants par an, indique le maire, Rémi Pascreau. Il faut trouver à loger... et tout le monde n'a pas les moyens d'acheter. Il faut aussi des logements locatifs. C'est beaucoup d'investissements - qui entrent dans notre budget d'investissements, pas de fonctionnement. Cela représente entre 10 et 12 millions d'euros par an".
A Sainte-Foy, "il va falloir ralentir"
Du côté de Sainte-Foy, le maire, Noël Verdon, décrit "entre 30 et 40 nouveaux logements par an depuis quelques années. On est toujours sur cette dynamique. C'est un peu trop. Il va falloir ralentir si on peut, car c'est un petit village agréable à vivre qui pourrait devenir une situation compliquée et c'est pas l'objectif".
Challans, Sainte-Foy, deux communes, deux cas de figure, qui illustrent les avantages mais aussi les limites de cet accroissement de population.
Inflation immobilière à Challans avec 800 permis de construire délivrés par an
Challans est une ville moyenne du rétro-littoral. Proche de l'océan, à 45 minutes de Nantes, elle a presque tout pour plaire. 800 permis de construire y sont délivrés chaque année. L'inflation immobilière y est en constante augmentation constate Rémi Pascreau : "avec l'accroissement de la population, on a des gros projets immobiliers, tout va être démoli jusqu'à la rue de Lorraine. Des promoteurs immobiliers ont racheté tout ça".
Un couple de Nîmois s'est installé en plein centre ville il y a trois ans pour des raisons professionnelles. Vicky, juriste dans le domaine du droit rural, a trouvé un emploi facilement. Pierre l'a suivie. Ils sont devenus propriétaires. Dans leur sud natal, ils n'auraient pas eu les ressources financières suffisantes.
"Une petite ville à taille humaine, la campagne à deux pas, pour élever un enfant, c'est agréable"
Pierre est sous le charme : "Ce qui est vraiment agréable ici, c'est qu'il n'y a pas cette euphorie qu'il y a dans les plus grandes villes. En plus, nous on est en coeur de ville, on a tout à disposition à pied, tout en pouvant bénéficier d'un hôpital, de cinémas, d'hypermarchés, tout ce qu'il faut".
"La sérénité, le calme... et puis pour élever un enfant c'est agréable, admet Vicky, loin de regretter son choix. De suite, on peut être à la campagne et en même temps on a la petite ville à taille humaine".
Le maire s'adapte alors à ces nouveaux profils : "ils ont des habitudes, en termes de spectacles, de services. Ces gens-là s'investissent dans des associations. Nous mettons 800 000 euros par ans pour accompagner le budget des associations."
Le "désert" de Sainte-Foy concurrence les Sables-d'Olonne
A la Révolution, on l'appelait "le désert"... c'est dire si Sainte-Foy, ce territoire de 1580 hectares est rurale. Un paysage de bocages qui a beaucoup évolué ces dernières années.
Situé sur les axes routiers directions Nantes et La Rochelle, Sainte-Foy séduit, observe son maire : "compte-tenu du prix du foncier sur les Sables-d'Olonne, les gens viennent habiter plutôt ici maintenant. Même si le foncier ici a doublé en dix ans, il est plus attractif."
"On un médecin, un ostéopathe, un psychologue"
Forcément, le décor a bien changé : "dans ce bourg, il y avait deux fermes. Les écuries ont été transformées en halles où on fait les marchés. On a un ostéopathe, un psychologue et un médecin et je peux vous dire que ça ne vient pas tout seul... Il faut convaincre l'ARS avant d'avoir un médecin salarié chez nous. L'objectif c'est d'avoir des libéraux par la suite mais il faut bien commencer par quelque chose".
Constructions à tout va : "trop c'est trop"
"Ici, il va y avoir 4 maisons, nous montre Noël Verdon, devant un lotissement en construction. Trop c'est trop. Ce n'est pas vivre à la campagne que de faire ça. Avant les travaux, il y avait une haie. C'est habitants étaient dans une impasse. Il y avait une certaine quiétude. Là maintenant, il y a peu de différence entre habiter ici et dans un lotissement urbain en coeur de ville".
Peut-on contrôler la croissance démographique ?
A Sainte-Foy, deux classes ont été ouvertes en 3 ans. Pas question pour autant de devenir une cité dortoir : "certes, il faut qu'on cadence le développement, mais en même temps, il faut qu'on maîtrise la situation parce que les infrastructures ne sont pas extensibles et il n'y a pas pire que de fermer des écoles par la suite".
"Je ne sais pas si on peut arrêter la croissance, se demande, sceptique, le maire de Challans. Sauf si demain on décidait de ne plus accueillir de personnes et ça voudrait dire refuser les permis de construire. Mais imaginez notre économie locale..."
Pas toujours facile de s'adapter. Mais impossible de résister à l'effet "côte Ouest". D'autant que la tendance s'est renforcée avec les confinements et la crise sanitaire.
22 000 nouveaux habitants chaque année en Pays de la Loire
Selon Arnaud Degorre, le directeur régional de l'Insee, les Pays de la Loire sont l'une des région les plus attractives de France avec 22 000 nouveaux habitants chaque année. Le département "locomotive" est la Loire-Atlantique, surtout l'agglomération nantaise. Il y a aussi la Vendée et le Maine-et-Loire. La Sarthe et la Mayenne sont en revanche moins attractives.