Ils sont nombreux à profiter de leur retraite pour développer leur passion artistique. Peintre, sculpteur, écrivain, le temps libre que dégage la fin des obligations professionnelles est propice à la créativité. Deux jeunes retraités croisés en Vendée témoignent.
La retraite : un temps pour créer
Etienne Loiseau n’a pas la langue de bois lorsqu’il parle de sa passion. En fait il a toujours aimé tailler du bois mais c’est devenu une addiction à l’arrivée à la retraite. Cet ancien prof de sport a lâché tous ses engagements professionnels et associatifs pour se donner à fond dans la sculpture sur bois. Plus exactement le tournage sur bois. Il fait d’ailleurs partie de l’Association Française des Tourneurs d’Art sur Bois. Une passion que son statut de retraité lui a permis de développer.J’adore faire des copeaux !"
Un contact sensuel avec la matière
Ce qu’Etienne aime dans ce loisir, c’est le contact avec la matière. « D’un bois à l’autre, on a des sensations différentes, l’odeur est différente, le bois plus ou moins rugueux et la couleur diffère aussi. On m’a commandé une pièce en bois blanc récemment, j’aurais pu prendre du frêne et j’ai pris du peuplier. C’est pourtant pas terrible le peuplier mais le rendu est étonnant. Et maintenant je le recommande à d’autres tourneurs. Essaye je leurs dis, tu vas être surpris ! ».Dans son atelier près de sa maison de St Michel le Cloucq dans le sud-Vendée, Etienne fait des copeaux tous les jours ou presque. Et il en ressort des pièces très belles, des boules creuses, des ellipses, des évocations du ruban de Moebius. Des œuvres qui pour certaines ont nécessité une cinquantaine d’heures de travail. « J’avais envie de faire des gros objets qui ne servent à rien, raconte Etienne. J’ai passé du temps à retaper ma maison, maintenant je veux faire de l’inutile. Et je suis heureux. »
La liberté de création
A quelques kilomètres de notre tourneur d’art, à Vouvant, village de peintres, nous faisons la connaissance de Penny Peckmann. Née près de Cologne en Allemagne, Penny s’est rapidement installée en France. Son mari étant originaire de la Vendée ils ont choisi ensemble de s’installer à Vouvant pour sa richesse artistique. Penny n’avait pourtant pas le profil d’une artiste.Cadre administratif, elle travaillait pour une société d’importation d’autocars. Un boulot stressant et prenant. Le soir elle s’échappait dans sa bulle de peinture. Arrivée à la retraite elle a plongé avec bonheur dans cette passion, passant de l’aquarelle à l’acrylique avec surtout l’envie de ne pas choisir. Sa technique : le ressentisme ! Poser des couleurs, remplir des zones et puis prendre du recul, embrasser la toile du regard et y voir les formes qui se dessinent pour les révéler ensuite d’un trait plus précis. "J'ai pris des cours, suivi des stages. Le fait de ne pas avoir de contraintes de temps m'offre aussi une grande liberté de création" déclare Penny qui apprécie ce luxe. « Il faut trouver sa voie pour trouver sa joie » conseille cette peintre qui n’est plus vraiment amateur.
>>chronique du jeudi 8 octobre