Des chiens dans les tribunaux pour apaiser les victimes à la barre

Depuis cinq mois, les tribunaux des Sables-d'Olonne et de La Roche-sur-Yon font appel à Tiwi, un chien d'assistance judiciaire. Ce dispositif, permettant de rassurer les personnes lors d'un procès, est voué à se déployer partout en France.

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Dès que Tiwi enfile son harnais bleu pétrole, elle devient une superhéroïne. Cette jeune Golden est un chien d'assistance judiciaire. Et depuis près de cinq mois, elle oscille entre le tribunal de la Roche-sur-Yon et celui des Sables d'Olonne. Son rôle ? Accompagner les mineurs et les personnes fragiles tout au long d'une procédure judiciaire, des premières auditions avec les forces de police jusqu’au tribunal.

"Tiwi est incroyable. Elle a un affect énorme qui lui permet d'apaiser toutes les personnes qu'elle accompagne", témoigne Fabien Bispe, un des deux référents principaux de la chienne. Ce mercredi 16 octobre, il vient tout juste de la récupérer après une audience. "C'était magique. J'ai une nouvelle fois vu la personne qu'elle a accompagné sortir avec un grand sourire", raconte-t-il.

Les bienfaits de la médiation animale sont déjà connus. Par exemple, il a déjà été prouvé que les chiens sont capables d'apporter un sentiment de sécurité aux personnes porteuses de handicap ou en difficultés psychologiques. En 2021, une étude menée par des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique Okanagan démontrait aussi que les caresser était vecteur d'apaisement.

"Dans une audience, Tiwi joue parfaitement ce rôle", soutient Fabien Bispe. "Elle s'installe près de la personne qu'elle accompagne et, souvent, d'un regard, elle l'amène à lui faire des câlins. Ce geste soulage." La chienne, âgée de deux ans, travaille à raison d'une intervention par jour. "Pas plus pour le moment, parce qu'elle absorbe déjà beaucoup de stress en un procès", ajoute le référent.

Pour qu'une personne puisse bénéficier de l'accompagnement d'un chien d'assistance judiciaire comme Tiwi, la demande doit être formulée par son avocat, par le procureur de la République ou par les forces de l'ordre. 

Deux années de formations

Avant de devenir la boule de poils rassurante qu'elle est aujourd'hui, Tiwi a été formée par Handi'Chiens pendant près de deux ans. "C'était un chiot calme et sociable. Elle avait le bon tempérament pour devenir un chien d'assistance judiciaire", raconte Florian Auffret, responsable du pôle recherche et développement de l'association. Ce Sarthois est, par ailleurs, à l'origine du déploiement de ce dispositif lancé en 2019.

Une fois repérée, Tiwi a alors suivi une formation en deux étapes. La première s'est déroulée de ses deux mois à ses 18 mois. Une année durant laquelle la chienne a été accueillie par une famille bénévole, chargée de renforcer ses capacités d'interaction avec les humains. Ensuite s'est ouvert la seconde et dernière étape dans un des centres de formation labellisé "Handi'Chiens". "Là-bas, on l'a fait monter en compétence pendant six mois", détaille Florian Auffret. 

Une telle formation coûte 17 500 euros, un montant pris en charge par le ministère de la Justice. À l'issue de ces deux années, les chiens d'assistance judiciaire sont confiés à des référents dont le rôle est de s'occuper quotidiennement de l'animal et de parfaire ses compétences. 

Dans la majorité des cas, ces éponges à émotions sont amenées à apaiser les victimes. Mais, parfois, les chiens peuvent également accompagner des prévenus. Ce fut notamment le cas lors du premier procès de l'accident de Millas, en novembre 2022.

La conductrice de bus, responsable d'une dramatique collision qui avait coûté la vie à six collégiens, avait bénéficié du soutien d'un chien nommé Rancho lors de l'audience. "Il est rare que des chiens puissent intervenir pour les prévenus. Dans le cadre de Millas, cela a été une demande spécifique, car la conductrice était vraiment au plus bas", précise Florian Auffret. 

Vers une généralisation du dispositif

À l'heure actuelle, dix-neuf chiens sont formés pour officier dans différents tribunaux un peu partout en France. "La prochaine formation vise à en rendre cinq nouveaux opérationnels et on a de plus en plus de demandes", assure Florian Auffret. 

Il faut dire que le dispositif est en pleine expansion. En décembre 2022, Eric Dupond-Moretti, alors ministre de la Justice, avait annoncé son souhait de le généraliser à tous les départements d'ici à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Pour faciliter ce déploiement, une convention nationale a été signée, le 10 février 2023, entre le ministre de la Justice, l’association Handi’Chiens, la Société protectrice des animaux (SPA) et la Fédération France Victimes.

Plus de 200 personnes auraient été accompagnées par des chiens d'assistances judiciaires en France, selon Handi'Chiens depuis 2019. "Je suis convaincue que c'est un vrai progrès vers une prise en charge plus humaine des victimes", appuie Emilie Rayneau, présidente du tribunal judiciaire de la Roche-sur-Yon. 

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