La sécheresse oblige les agriculteurs à repenser certaines pratiques. Une réponse, encore méconnue des agriculteurs eux-mêmes : l'agriculture de conservation des sols.
Jérémy Bohy est un converti, non pas à l'agriculture biologique mais à l'agriculture de conservation des sols. Plantes, déchets verts, fumier, tout est bon pour recouvrir sa terre, et la nourrir naturellement.
"Il faut de la matière organique en surface, arrêter de travailler son sol, explique l'agriculteur, du coup les vers de terre font des va-et-vient de haut en bas et transforment la matière organique qui est en surface, la réintègrent dans le sol et font un mélange".
Résultat : un sol qui retient l'eau, plus frais en été et une fertilisation naturelle. En deux ans, Jérémy a vu la nature de sa terre changer.
"On voit bien les vers de terre qui font leur boulot, explique-t-il en observant une motte de terre, le sol n'est pas du tout tassé, on voit tous les vers de terre qui sont en train de dégrader la matière organique".
Ils ne sont qu'une poignée à travailler de cette manière en Pays de la Loire, pourtant, selon Mathieu Arnaudeau, conseiller à la chambre d'agriculture, le système est efficace, et n'a pas de limite.
"Nous ce qu'on cherche dans ces systèmes-là, c'est justement une continuité de sol, de l'horizon-surface à la profondeur pour que la plante s'enracine au maximum" , elle ira ainsi chercher l'eau disponible dans les horizons les plus profonds.
Un des freins importants est le frein psychologique où, dans un champ couvert de végétaux, se dire que, demain, on va aller semer dans une telle végétation, ça peut faire peur à l'agriculteur.
Mathieu ArnaudeauConseiller à la chambre d'agriculture,
"C'est aussi une prise de risque, parce qu'on change de façon de faire", poursuit Mathieu Arnaudeau.
Un intérêt économique et psychologique
Moins de travail, d'eau, de carburant, et d'engrais, plus d'observation et d'adaptation. Pour Jérémy, l'intérêt est économique et écologique
"Pour moi, il est très important de rendre un sol ou une planète plus propre aux enfants de demain. Si on ne franchit pas le pas, dans 30-40 ans, pour moi ça va être compliqué de faire pousser des plantes, ça passe par l'amélioration de son sol, l'amélioration de la fertilité et l'intégration de carbone dans ce sol et de la vie biologique".
Encore marginale, l'agriculture de conservation progresse en France depuis 15 ans... c'est une autre voie pour l'avenir de l'agriculture.
Le reportage de Cathy Colin, Antoine Ropert et Matteo Gaudin