Un projet de réforme de l'accès aux soins met le feu dans la profession des psychologues, qu'ils exercent en centre hospitalier ou dans le secteur libéral. Une action est annoncée pour le jeudi 10 juin. Un mouvement national auquel participeront les psychologues de Vendée.
Anne Lemaitre est psychologue au centre hospitalier de La Roche-sur-Yon. D'entrée de jeu, elle tient à préciser qu'il s'agit d'un mouvement collectif qui concerne tout autant les psychologues qui exercent comme elle en milieu hospitalier, que ceux qui pratiquent dans le secteur libéral.
Ce qui a soulevé le mécontentement dans cette profession, c'est une série d'annonces du gouvernement visant à réorganiser l'accès aux soins dans cette spécialité.
"Le gouvernement, dans un souci apparent de vouloir faciliter l'accès aux soins, présente une offre qui n'est pas à la hauteur" estime Anne Lemaitre.
Un parcours complexe
Là ou les psychologues demandent un remboursement des soins (combat mené notamment dans le manifeste des psychologues cliniciens et des psychologues psychothérapeutes), l'Etat répond par un parcours complexe qui impose d'abord une consultation chez un généraliste, lequel devra faire une première évaluation.
"Il n'a ni le temps, ni les compétences", estime Anne Lemaitre qui ajoute que, dans certaines situations, cette obligation peut se révéler délicate. Notamment dans le cas où le généraliste est aussi le médecin traitant du conjoint qui exerce des violences pour lesquelles le (la) patient(e) souhaite une aide psychologique.
Dans un deuxième temps, le médecin prescrira s'il le juge nécessaire dix séances chez un(e) psychologue. Des séances de 30 minutes tarifées 22 euros la séance, sans dépassement possible. Un temps de soins jugé insuffisant lorsque certains psys pratiquent l'hypnose ou l'EMDR.
Un tarif inadapté
De plus, le tarif est inadapté selon la profession, surtout lorsqu'on doit retirer 60 % de charges. "Les psys ne pourront pas se permettre de financer leur formation, estime Anne Lemaître. Ça supposerait d'enchaîner un nombre considérable de consultations dans la journée, pour une qualité moindre."
Enfin, au terme de ces dix séances, le patient devra consulter un psychiatre qui poursuivra par dix séances de 45 minutes à 33 euros.
"Sur le territoire vendéen, fait remarquer Anne Lemaitre, c'est compliqué d'avoir accès à un psychiatre !"
"On va décourager la personne de solliciter une aide"
Cela fait donc trois praticiens à qui il faudra exposer son intimité mentale et morale. Pas simple pour des personnes en état de souffrance, de fragilité.
"Tout se fera sur prescription, dit celle qui parle au nom du collectif qui appelle à manifester ce jeudi 10 juin. Le patient doit avoir accès librement aux psychologues. Cela demande du temps pour établir une relation de confiance (patient/psychologue). On rajoute des obstacles et de la complexité dans la démarche. On va décourager la personne de solliciter une aide".
Le gouvernement réduit aussi, selon le collectif, la liberté des psychologues dans le choix de la méthode à employer. "Ce n'est pas au politique de nous dire quelle pratique on doit utiliser" estime le collectif.
Exclus du Ségur
La profession dénonce également un manque de considération des pouvoirs publiques. "Nous faisons partie des exclus du Ségur (plan de revalorisation des salaires du secteur de la santé), déclare le collectif. Quand il s'agit de reconnaître nos compétences, il n'est plus question des psychologues."
Les psychologues s'étonnent enfin de ne pas être associés aux Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui ont été annoncées par le Président de la République pour se tenir avant l'été.
Ce jeudi 10 juin, de nombreuses organisations professionnelles appellent à manifester devant le Ministère de la Santé et en région devant les préfectures. Ce sera le cas à La Roche-sur-Yon à 13h30 où une délégation, composée de membres du Collectif des Psychologues Vendéens et des organisations syndicales, devrait être reçue par des représentants de la Préfecture et de l’Agence Régionale de Santé.