Ce sera vraisemblablement la variable incontournable des élections de mars. De plus en plus de citoyens engagés au sein de collectifs ont décidé de prendre une part active aux consultations locales en constituant des listes. Leur volonté : se réapproprier les leviers du pouvoir local.
Signe des temps. Face à la défiance que suscitent les partis politiques, et à l'urgence écologique, les habitants sont de plus en plus nombreux à s'engager sur des listes dites "participatives" pour les prochaines élections municipales.
Bien souvent ces listes sont issues de mouvements associatifs ou de collectifs militants ancrés dans les territoires.
Préoccupés par leur environnement, l'avenir de leurs enfants, leur cadre de vie, des citoyens ne se résolvent plus à laisser gérer les affaires communales par des maires considérés par certains comme des "professionnels de la politique", des "roitelets" ou des "cumulards".
C'est le cas à Saint-Mars de Coutais. Pour cette commune de Loire-Atlantique, tout est parti de l'initiative de parents d'élèves qui souhaitaient que leurs enfants puissent manger bio et local à la cantine scolaire du bourg.
Ils ont lancé leur mouvement "La cantoche" et utilisé les réseaux sociaux pour donner de l'écho à leur message :
À l'approche des élections, des membres de l'association ont décidé d'aller plus loin en fondant "l'Alterliste". Depuis plusieurs semaines ils planchent sur un programme et imaginent une gouvernance horizontale au sein de laquelle toutes les tendances et les idées pourraient s'exprimer. Et ils espèrent bien changer la donne lors des élections face au maire sortant, Jean Charrier, qui vient d'effectuer trois mandats et qui se représente une nouvelle fois.
À Dompierre-sur Yon, en Vendée, c'est le collectif citoyen "Le coquelicot entre les dents" qui a donné naissance à L'Autre Liste. Ce collectif, initié par un sapeur-pompier et un agriculteur bio en retraite, milite pour sensibiliser les habitants à une écologie concrète. Il multiplie, depuis plusieurs mois, les initiatives (conférences, docu-débats, plantation d'un verger collectif).
Redonner du sens à la commune
Comme à Saint-Mars-de-Coutais, les habitants de cette commune rurale vendéenne sont d'abord et avant tout préoccupés par la pollution, liée à l'agriculture intensive et la surconsommation.Les uns comme les autres veulent accélérer le processus de transition écologique en favorisant les circuits-courts, les énergies renouvelables, tout en redéfinissant les contours des décisions de proximité (horizontalité, réunions participatives).
Leurs modèles existent déjà.
Ils s'appellent Saillans, Mouans-Sartoux, Ungersheim ou Langouët, des communes qui dès 2014 ont opté pour la transition qu'elle soit écologique ou démocratique.
Un peu partout en France, des « listes citoyennes » se lancent dans la campagne des #municipales2020 en s’inspirant d’une tradition politique qui vise à transformer la société « par le bas », à partir de l’échelon local. Enquête. https://t.co/SHm8LP3WuP
— Le Monde (@lemondefr) February 9, 2020
A la veille de ces élections municipales, on estime partout en France à plus de 500 le nombre de listes participatives et/ou citoyennes.
Elles ne se revendiquent d'aucune étiquette sauf peut-être celle du "bon sens".
Les élections municipales sont considérées habituellement comme favorables aux édiles en place...la fameuse "prime au sortant".
Pas sûr, cette fois-ci, que le jeu ne soit pas rebattu...Il va en tout cas falloir compter avec l'irruption de ces nouveau pions sur les échiquiers politiques municipaux.
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